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jeudi 20 janvier 2011

La crise ivoirienne : Sommes-nous « chocolat » ?

La crise ivoirienne qui va bientôt fêter ses deux mois, n’occupe plus guère le devant de la scène médiatique française, éclipsée qu’elle est désormais par les événements de Tunisie, plus proches, plus importants et surtout plus riches de péripéties dramatiques et par les menus faits qui, plutôt dans le genre rocambolesque, se produisent sur la scène haïtienne, où les anciens présidents (« Baby Doc » et « Titid »), songent, avec des fortunes diverses, à reprendre du service devant l’impasse électorale qui se prolonge entre les trois candidats issus du premier tour.

La lutte Gbagbo-Ouattara n’est pas pour autant terminée et Laurent Gbagbo, qui dispose de tous les moyens d’information nationaux, paraît avoir mis sur pied une campagne de presse assez habile dans le contexte ivoirien actuel, puisqu’elle vise à associer, pour des motifs inavouables, au sein du « parti de l’étranger », (qui soutient son adversaire), la France et les Etats-Unis, tout en plaçant entre eux, non pas la traditionnelle pomme de discorde, mais la cabosse de cacao qui est la principale richesse nationale, largement contrôlée toutefois par des firmes agro-alimentaires américaines.

On a ainsi pu lire le 19 janvier 2011, dans « Abidjan.net », un très long article dont je ne reprends ici que quelques passages significatifs et dont la « source » serait un agent des services secrets français :

« Bon nombre d’Ivoiriens, qui admettent que la crise ivoirienne est fomentée par la France, continuent de s’interroger sur l’intérêt « subit » éprouvé par les Etats-Unis d’Amérique de s’associer à la France pour accomplir le coup d’Etat en Côte d’Ivoire. [...].

Plus que les Français, les Américains, à travers la CIA, ont décidé de s’emparer de la Côte d’Ivoire à partir d’un plan machiavélique conçu avant les années 1988. C’est, de nos jours, ce plan a été réactivé. La construction de la grande ambassade des Etats- Unis en Côte d’Ivoire fait partie de ce plan tout comme l’installation d’un ivoiro-burkinabè, en la personne d’Alassane Ouattara, à la tête du pays. L’objectif est la naturalisation des quatre millions de Burkinabè vivant en Côte d’Ivoire afin de garantir la production du cacao et du café dans ce pays. » [...]

Depuis octobre 2000, la CIA utilise une arme fatale : la fragilisation du régime Gbagbo pour arriver à le faire vomir par tout le peuple ivoirien afin de l’écarter facilement du pouvoir. [...]

Les Américains ont toujours agi en se cachant derrière les Français, eux-mêmes manipulés à souhait et croyant régler leur propre problème avec ce Laurent Gbagbo qui ne veut pas se faire domestiquer.[...].

Nicolas Sarkozy, agent français de la Cia, participe volontairement de cette manipulation des Américains. Ce sont ces derniers qui l’ont fait président de la France. Souvenez-vous de l’affaire Clearstream montée par les Américains pour lui permettre de devancer son adversaire du même camp : Dominique de Villepin. [...].

La raison : les Ivoiriens se détournent du cacao pour l’hévéa. Il leur faut une population acquise pour produire essentiellement le cacao. [Je passe sur de longues explications qui ne sont pas sans intérêt mais qui remontent à Houphouët-Boigny, puis à Konan Bedié, pour aller à la conclusion, forte comme on va le voir].

Pour des raisons diverses, certains hommes d’affaires français et des agents de la DGSE à leur solde veulent la tête de Gbagbo. Mais il faut savoir, avant tout, que la Côte d’Ivoire doit ses malheurs à la CIA américaine et au lobby des chocolatiers américains. Nicolas Sarkozy n’est qu’un valet de service dans cette affaire. Il est temps de le savoir ».

Le plus intéressant est sans doute le cheminement de ce texte qui, dans « Abidjan.net », annonce comme source Nouvelle Afrique, où se trouve effectivement le même récit, dans la livraison du 13 janvier 2011. Cet article de Nouvelle Afrique est lui-même repris de Notre voie, journal d’Abidjan dont la simple vue des « unes » ne laisse aucun doute sur son caractère très « pro-Gbagbo ».

Si la stratégie politique de Gbagbo et de ses partisans (indépendamment des faits et de leur analyse), est parfaitement claire, on peut se demander s’il y a un lien avec le procès entamé, depuis plus de deux ans, dans le cadre d’une opération « mains propres » au sein de la filière café-cacao, dans lequel 22 prévenus viennent d’être mis en liberté provisoire, dans l’attente du début de leur procès, le 27 janvier 2011?

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