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mardi 25 janvier 2011

Pour une Société Protectrice des Présidents.

Après la SPA, ne devrait-on pas songer à instaurer la SPP, Société Protectrice des Présidents ? À vrai dire, j’avais songé pour être plus clair d’emblée à l'appeler plutôt la Société Protectrice des Dictateurs , la SPD, mais il m’a semblé que ce sigle donnerait trop lieu à des jeux de mots faciles que ne justifient pas toujours les moeurs des intéressés.

Vous aurez donc déjà compris que ceux dont je veux parler ici sont les présidents qui ont une certaine tendance à être, aussi et souvent d’abord, des dictateurs. Ce ne sont donc pas des pauvres présidents comme le nôtre, obligé qu'il est, comme lundi 24 janvier 2011 au matin, de se taper une heure et demie de conférence de presse , de faire la danse du ventre à propos des problèmes internationaux et de devoir causer G20 et G8, alors qu'il sait mieux que quiconque, qu’il ne pèse guère au sein de ces augustes assemblées qui ne sont guère que des théâtres d’ombres. En réalité, l’un comme l’autre n'ont pas voie au chapitre de l’économie spéculative du monde, pas plus d'ailleurs que les collègues présidents de notre Nicolas, fussent-ils (comme il aime désormais à le dire, s’étant pris de passion pour le subjonctif, récemment découvert) américain ou chinois. Les vrais centres de décision sont bien entendu ailleurs et ce ne sont pas les pitoyables rodomontades de Barrack Obama ou les clignements d’yeux du Chinois de service qui pourront changer les choses.

Non, je veux parler ici des vrais présidents, à vie ou non, qui restent dix, vingt ou trente ans en fonction, peuvent transmettre à leurs enfants leurs présidences, après les avoir parfois laissé exercer par leurs femmes. Ces présidents exotiques peuvent même, pour certains d’entre eux, particulièrement loufoques, se faire empereur ou se bâtir, dans le village de leur enfance, érigé parfois en capitale nationale, une cathédrale plus grande que celle de Saint-Pierre de Rome.
Bien entendu, c'est plutôt dans le Sud qu'on trouve ce genre de présidents, mais l’espèce est loin d’être éteinte et les situations actuelles nous en montrent quelques specimens qui illustrent bien toutefois la vieille formule des Romains, selon laquelle « la Roche Tarpéienne est près du Capitole ».

Comment résister ici à l'envie de faire figurer dans ce texte la phrase que mon éditeur Dragon, dont j’use pour dicter à mon ordinateur, a écrite, en lieu et place de la formule précédente, et qui est « la roche pénienne est près du capital » ! C’est tellement vrai, dans le cas de quelques-uns de nos infortunés dictateurs, comme vous allez pouvoir le constater.

Regardez ce pauvre M. Ben Ali et voyez à quel point il illustre cette jolie et si involontaire formule de mon Dragon. Après avoir épousé sa coiffeuse (qui, vous l'aurez remarqué à la tignasse de son mari, devait être spécialisée dans les teintures), Zin instaure en Tunisie une dictature de fer, toutefois si discrète que notre cher président, que la cinquantaine a rendu presbyte, n’a pas vue, ce « pays frère » étant « trop près » comme il nous l’a annoncé hier.

La Tunisie a été mise en coupe réglée au profit de la coiffeuse et de sa famille qui sont les bénéficiaires exclusifs des magouilles, des trafics et des bakchichs qui sont les principales industries locales avec l’harissa et la boukha. La révolution du jasmin arrivant un beau matin, voilà que Leïla embarque le magot de la réserve de l’Etat (une tonne et demie d'or en lingots), sans qu'on sache si elle a véritablement l'idée de partager le butin, dans la suite, avec son dictateur de mari.

S'il y a une chose dont les dictateurs doivent se méfier (« la roche pénienne est près du capital ») ce sont bien leurs épouses, lorsqu'ils sont obligés de changer de fonction.

Regardez ce pauvre M. Duvalier, dit « Baby Doc », à peine, en 1986, avait-il filé d’Haïti avec une petite centaine de millions de dollars que sa chère épouse le plaquait, sans oublier bien sûr, de s'emparer, semble-t-il, de la plus grande partie du magot. C'est à peine s'il lui reste aujourd’hui 6 ou 7 millions de dollars. En outre, comme il a eu l'imprudence de les mettre dans des banques suisses, voilà que les perfides Helvètes, au prétexte d'aider le peuple haïtien (ils ont pris le temps de la réflexion !) lui refusent l'accès aux maigres restes de sa fortune. Par là, on l'oblige à revenir en Haïti, sans même avoir une raison de le faire autre que celle, lamentable, de prétendre venir faire don à la population du pays de cet argent qui désormais n’est plus le sien, tout en ne l’ayant, en fait, jamais été.

Le malheur de ces pauvres dictateurs me fait penser à une loi économique que, dans mon innocence, j’avais découverte à propos du maréchal Mobutu, à l'époque où il régnait encore sur le Zaïre. La fortune d'un dictateur, naturellement toujours dissimulée hors du lieu où il exerce son industrie, est, en général, égale à la dette extérieure du pays en cause. J'avais alors fait cette observation pour le Zaïre qui devait à l'époque 11 milliards de dollars, ce qui était la fortune qu'on supposait à Mobutu. J’ai pu, à diverses reprises, dans la suite, vérifier ce point pour d’autres dictateurs. Bien longtemps après, j’ai vu cette loi scientifiquement énoncée et prouvée par un économiste américain dont j’ai oublié le nom.

Certes, je reconnais que tous ces dictateurs, une fois déchus et exilés, n’inspirent guère la pitié et moins encore la sympathie. Rares sont pourtant les gens qui tombent si bas de si haut et si vite ! Regardez ce pauvre Ben Ali ! Même Fredo-la-culture, qui, trouvant la Thaïlande trop lointaine et devenue dangereuse,avait pris ses quartiers en Tunisie et à qui son ami Zin avait même accordé la nationalité tunisienne, lui fait la gueule et lui tourne le dos, du jour au lendemain, après l’avoir soutenu ! Pauvre Ben Ali ! On accueillait à bras ouverts ses « investissements », de la France au Canada, et voilà qu’on veut le spolier des quelques placements qu’il avait prévus, ici et là, pour des vieux jours qu'il pressentait incertains.

Au fait j’y pense, Idi Amine Dada, Bokassa, Duvalier, Aristide, Ben Ali, et les autres, ils n’étaient, en gros, pas trop blancs. Ne seraient-ils pas victimes de discrimination et de racisme ? La LICRA et le CRAN devraient y songer.

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