Le Moloch de l’information est insatiable ! En fait, je ne sais pas trop si notre paysage audiovisuel est un Moloch (auquel les Cananéens sacrifiaient leurs premiers nés) ou un Chronos (qui lui se bornait à dévorer ses propres enfants)
Il faut chaque jour aux medias de nouvelles idoles, aussitôt changées en victimes. Hier, mercredi 5 janvier 2011, Libération et France-Infos pensaient avoir le jack-pot du scoop (tout relatif d’ailleurs) . Pour ranimer l’affaire ivoirienne, quelque peu languissante après cinq semaines de sur-place, à peine agitée par deux ou trois missions, sans objet ni effet, de l’UA et de la CEAO, ils avaient déniché un certain Dominique Pin, ex-premier conseiller de l’ambassade de France à Abidjan de 2000 à 2002. Celui, clairement aux ordres dans l’offensive officielle française anti-Gbagbo (avec un effet de billard à trois bandes contre Dominique de Villepin, comme on va le voir), se posait en sauveur de Ouattara, en 2001-2002, ce dernier étant alors menacé de mort par les sbires de Gbagbo ! Il était, comme l’ambassadeur Renaud Vignal (arrivé à Abidjan en 2001), partisan de la fermeté envers Gbagbo. Ils voulaient, selon le joli lapsus de Dominique Pin, ramener Gbagbo « à la maison » (qu’il corrige vite en « à la raison »!) tandis que Villepin, à l’Elysée, imposait, en sa faveur, une « politique de postures ».
On comprend aisément que lorsqu’en 2002, Chirac fait de Dominique de Villepin son ministre des affaires étrangères, les jours du premier conseiller de l’ambassade en Côte d’Ivoire, en outre son quasi parfait homonyme, Dominique le « vil » Pin, sont comptés. L’équipe Renaud Vignal-Dominique (vil) Pin fait aussitôt sa valise ! Début 2003, Laurent Gbagbo tirera tous les profits de tout cela, comme on l’a vu dans un précédent post. En 2003, Gbagbo humilie alors, du même coup, un Galopin terrorisé par les manifestants qui le bloquent, ravi de lui sauver la mise tout en lui faisant perdre la face.
Notre presse nationale, toujours si merveilleusement informée, commence, à partir de là, à pédaler dans la semoule. Le (vil) Pin, mis sur la touche, occupe divers postes diplomatiques ou consulaires (Séville, Madrid), avant un retour en Afrique un peu insolite pour un « diplomate », puisqu’il entre alors dans l’industrie, comme directeur régional d’Areva-Niger ! Le noble Villepin lui n’est plus dans la course, loin de là ! En juillet 2007, Pin est viré par le gouvernement nigérien qui le soupçonner de fricoter avec la rébellion touareg, sans doute à raison, car AREVA doit payer pour tenter de protéger ses employés contre les attaques ou les enlèvements par les rebelles!
Y-a-t-il un double Pin, à moins que la DGSE n’ait, en Afrique, un agent double bien engagé dans la Françafrique?
Le (vil) Pin d’Abidjan est pour l’état-civil ( à en croire un annuaire diplomatique d’époque et de style) PIN Dominique, Louis, Joseph, né le 7 mai 1948, alors que PIN Dominique, Guy, Jean Yves est né, lui, le 16 juin 1947, selon sa propre notice du Who’s Who. Ingénieur de formation, ce Pin-là est le spécialiste français du traitement des déchets. Il a longtemps dirigé la SITA, (spécialisée dans ce domaine), avant d’être, depuis 2003, directeur général délégué de Suez-Environnement, ce qu confirme le site de cette société. Or ce dernier titre de DG de Suez-Environnement est le plus souvent attribué au premier Pin comme vous pouvez aisément le vérifier un peu partout!
Volontairement ou non, on confond donc allègrement les deux PIN, mais il faut bien dire que les choses ne sont pas claires, loin de là, et cela d’autant plus que l’un et l’autre sont ignorés de Wikipedia, quand ils ne sont pas purement et simplement confondus, ce que favorisent encore les proximités industrielles et commerciales (fortuites aussi ?) entre AREVA et SUEZ.
Elémentaire mon cher Watson !
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