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vendredi 14 janvier 2011

De la publicité et de son contrôle (redif du 2/03/10)

En cherchant un vieux post sur la pub, j’en ai trouvé un autre, que j’avais totalement oublié mais qui n’a pas pris une ride et montre, en outre, que comme naguère Julio « Je n’ai pas changé ! »

La fameuse affiche de la prétendue campagne anti-tabac, qui visait à assimiler le fait de fumer à la fellation, avec une cigarette à la bouche de deux adolescents, la clope étant censée évoquer le sexe d’un monsieur qu'on ne voyait que de trois-quarts arrière, était surtout assez nulle. Personnellement, sans le battage préalable fait autour de cette image, je n’aurais pas un instant songé à assimiler cette cigarette maigrelette à un sexe, surtout au moment où la même presse nous apprenait que, nous autres Français, avons les plus longs pénis (donc les plus beaux sexes) de toute l’Europe !

En fait, tout semble indiquer désormais que ce n'était là qu'un coup de pub à double détente (et frein dans le moyeu, comme aurait dit le bon Pierre Dac). L’association « Droits des non-fumeurs » (DNF), qui avait soi-disant fait réaliser ce projet d’affiche, qui en réalité ne consistait qu’à réaliser 15000 cartes postales avec cette image, voulait, en fait, créer le buzz autour de sa lutte anti-tabac. Elle voulait lancer par là son vrai projet qui consiste en un film d’Yvan Attal sur le thème « fumer revient à servir de décharge pour les produits toxiques les pires que sont l'acétone, l'arsenic, le DDT, l'amoniaque, le goudron, le polonium, etc". Ce film paraît en effet plus intelligent que l’affiche en cause.

Le drôle de la chose est que l’association Droits des non-fumeurs (DNF) aurait décidé de suspendre sa prétendue campagne d’affiches contre le tabagisme des jeunes à la demande de l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité, l'ARPP.

Vous ne savez sans doute pas ce qu’est l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité ou ARPP. Nul ne vous en tiendra rigueur, car cette ARPP est toute jeune ; c’est même un bébé, puisqu’elle est née le 25 juin 2008 et a donc moins de deux ans. C’est pour cela qu’elle ne semble pas exercer la moindre autorité et que nos médias et, en particulier, les radios et les télés sont inondées des publicités les plus scandaleuses et les plus mensongères. Je pense ici surtout à la foule des pubs sur les incessantes propositions de prêter à des populations pauvres, déjà surendettées à mort, comme à toutes les publicités sur les jeux de hasard, depuis les paris sportifs jusqu’au loto national, en passant par tous les attrape-couillons de la Française des jeux et les casinos sur internet.

Que voulez vous que fasse la pauvre petite ARPP ? Mais je dois vous en dire un peu plus, car le récit en vaut la peine.

L’idée de « contrôler » la publicité est quasi aussi vieille que la « réclame », inventée par le cher papa de Madame Badinter (philosophe de son état et actionnaire majoritaire de Publicis), Marcel Bleustein-Blanchet, qui fonde Publicis en 1926. L’« Office de Contrôle des Annonces » (OCA) est créé, probablement par lui ou à son instigation, en 1935. Ce n’est nullement, comme le nom pourrait le donner à penser, un organisme indépendant, étatique par exemple, qui "surveillerait" la publicité. L’OCA regroupe, en effet, dès cette époque, les « acteurs du secteur publicitaire » ! Comme son nom est censé l’indiquer et selon ses propres termes, cet office assurait la « sincérité » (le mot est joli !) des « réclames », renseignait sur les « annonces trompeuses » (comme s’il y en avait d’autres !) et donnait des avis sur « la moralité et la légalité des publicités » (Fichtre !). Si vous avez jamais vu quoi que ce soit de tel, vous avez, une fois encore, gagné une tringle à rideaux !

Les contrôlés étaient déjà les contrôleurs et ils le demeurent !.

En 1953, l’OCA change de nom mais non de mode de fonctionnement et devient Bureau de Vérification de la Publicité (BVP). Il reste, comme il l’a toujours été une façade, elle-même contrôlée par ceux-là même qu’elle prétend contrôler ! En 2005, comble de l’hypocrisie le BVP se dote d’une « consultation déontologique » ! Laurent, serrez ma déontologie avec mon autodiscipline !

En 2008, suite au Grenelle de l’environnement, le BVP décide de se doter d’une nouvelle organisation. Révolutionnaire ! Il se composera désormais d’un conseil paritaire de la publicité et d’un jury de « déontologie publicitaire » (quelle alliance de mots hardie ! C’est ce que la rhétorique classique appelle, en termes savants, un « par’uponoian »). Le 25 juin 2008, le BVP devient l'Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité, persistant dans sa constante politique d’autorégulation. La définition que se donne lui-même ce bel organisme ferait pleurer un seau à charbon (comme disait ma grand mère). Oyez bonne gens !

Cette association de type loi 1901 (comme l’amicale des boulistes de Petachat), a, en effet, pour mission de « mener une action en faveur d'une publicité loyale, véridique et saine dans l'intérêt des professionnels de la publicité, des consommateurs et du public ». On croit rêver !

Présidée par Jean-Pierre Teyssier, 70 ans aux cerises, cheval de retour du giscardisme, l’ARPP (dont le sigle ne s’interprète bien, en fait, qu’à la lueur du gâtisme et du langage bébé « Areu Pépé !) veille, avec une vigilance que nous pouvons sans cesse constater aux messages comme aux destinées de la publicité sous toutes ses formes !

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