"Folie obsidionale. Désordre mental qui frappe la population d'une ville assiégée. La «fièvre obsidionale» favorisait l'agitation révolutionnaire (BAINVILLE, Hist. Fr., t.2, 1924, p.219). Ce sentiment de l'«espace vital», on l'a vu, avec la fièvre obsidionale, passer de la psychologie des individus dans celle des nations et des peuples (MOUNIER, Traité caract., 1946, p.301)."
Hier, jeudi 6 janvier 2011, j'écoutais chez Jean-Pierre Elkabbach, sur Europe 1, un entretien avec Alassane Ouattara enregistré la veille au téléphone depuis l'hôtel du golf, curieusement devenu Golf Hotel. Alassane Ouattara « homme de paix » s'y exprimait avec beaucoup de modération, n’envisageant qu'à regret l'éventualité d'une intervention des forces militaires étrangères de la CEAO. Il se déclarait prêt à faciliter le départ de Laurent Gbagbo en lui assurant en particulier une retraite honorable, la sécurité et l'absence de poursuites.
Quelques heures plus tard, coup de tonnerre ! On apprenait que le même Alassane Ouattara se prononçait soudain, de la façon la plus décidée, en faveur non seulement d'une intervention militaire, mais, plus précisément encore, de missions commandos sur Abidjan en vue de l'enlèvement par la force de son adversaire.
Le confinement à l'hôtel du golf amènerait-il Alassane Ouattara à perdre le bon sens dont il a fait preuve jusqu'alors, étant entendu que cette sage réserve était pour lui le meilleur des choix possibles, alors qu’il n’en a guère d’autre, en réalité, en dépit des soutiens extérieurs quasi unanimes (une des exceptions étant l’Angola qui soutient sans réserves Gbagbo).
S’était répandue, il y a quelques jours, la nouvelle que le cordon d’encerclement de l'hôtel du golf, assuré, sur les accès terrestres, par les troupes ivoiriennes et onusiennes allait être levé. Certains y ont vu, bien à tort, une mesure de détente alors qu’elle aurait été, au contraire, des plus dangereuses. En effet, seule cette situation de blocage des accès routiers à l'hôtel du golf a, jusqu'à présent, empêché des affrontements violents et sanglants entre les partisans des deux camps. Fort heureusement cette idée a été abandonnée dès lors qu'on a commencé à en mesurer les funestes conséquences immédiates.
À court terme du moins, la situation de Laurent Gbagbo est plus simple à gérer que celle de son adversaire. Certes, on lui refuse le visa d'accès à des pays où il n’a nulle intention d'aller et on interdit l'espace aérien à un Etat qui n'a plus guère de forces aériennes. Le nerf du conflit est l’argent, comme toujours, mais il semble que la Côte d'Ivoire ait assez récemment emprunté à Londres quelques milliards de dollars qui doivent bien s’être retrouvés quelque part. Les propositions de négociations faites par Laurent Gbagbo sont aussi commodes que fallacieuses puisque naturellement si Alassane Ouattara les acceptait, ce qu'il se garde de faire, il reconnaitrait de facto la position que l’autre président occupe dans les conditions que nous savons.
Lancer des commandos étrangers pour s'emparer par la force de Laurent Bagbo serait une pure folie. Elle est même triple.
Au plan politique d’abord, car elle conforterait Gbagbo dans sa posture de victime héroïque de sa défense de l’ivoirité face au parti de l’étranger.
Au plan militaire ensuite car il dispose, pour se défendre, de l'élite de l'armée ivoirienne avec sa garde présidentielle et même de renforts angolais.
Au plan géostratégique enfin puisque les seules troupes qu'on pourrait utiliser à une telle fin (en dehors bien sûr, espérons-le des forces françaises!) sont celles du Nigéria qui ne sont guère préparées à une telle opération et qui, d'autre part et surtout, sont assez mobilisés par la situation nationale nigérianne qui est de la plus grande gravité.
À quelques mois des élections et, dans le cas d'un échec quasi inévitable, le président Goodluck pourrait aisément devenir le président Badluck et il n’aurait plus guère qu’à manger son éternel chapeau.
Alassane Ouattara non seulement demande désormais d'enlever par la force son adversaire mais il affirme, haut et clair, qu'il sera installé à sa place avant la fin du mois de janvier 2011. Il prend donc là des risques considérables, à moins que comme on peut le craindre, il ne soit soudain frappé par le syndrome classique de la folie obsidionale.
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1 commentaire:
Merci de m'avoir expliqué qui était sous le chapeau. Et les deux autres, c'st qui ?
http://www.dakaronline.net/Cote-d-Ivoire-La-Cedeao-negre-de-service_a9193.html
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