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dimanche 23 janvier 2011

Ardisson, provocateur conformiste ou conformiste provocateur ?

Il y a bien des années, je regardais sans déplaisir les émissions d’Ardisson. Je m'en suis peu à peu lassé ; j'ai dit, dans ce blog, ou dans un précédent, tout le mal que je pensais désormais cet olibrius.

Ma détestation a atteint son comble hier, 22 janvier 2011,
où j’ai eu la faiblesse, en attendant un coup de fil, de regarder quelques passages de son émission sur Canal+ « Salut les terriens ». Cette émission est de plus en plus inepte et sans intérêt ; ma seule raison de lui porter encore attention est la présence de Stéphane Guillon, dont on se demande ce qu'il vient faire dans cette galère, sinon continuer à faire la promotion de ses spectacles à travers une ouverture dans le paysage audiovisuel français.

Il faut toutefois dire quelques mots en commençant à propos d'Ardisson lui-même car il est clair que ces aspects, souvent cachés, de l’individu apportent quelques lumières sur la nature de ses productions.

Si j'avais à définir Ardisson, je dirais volontiers que c'est le plus conformiste de ceux qui font profession de se vouloir provocateurs. La vraie provocation exige en fait un certain talent et surtout de l'imagination, caractéristiques qui font largement défaut à Thierry Ardisson qui demeure après tout que ce qu'il est, c'est-à-dire « un fils de pub » (je dis cela avec tout le mépris dont je suis capable !). Il a commencé par là et il finit par là. A 60 passés, en dépit des ravalements de façade et de l’art odontologique, on pourrait espérer de sa part une retraite rapide, même si ce n'est pas, évidemment, la caractéristique la plus répandue chez les figures les plus antiques et les plus permanentes de notre télévision.

J'ai toujours pensé le personnage totalement inculte et dépourvu de la moindre capacité d'improvisation. La preuve en est, sans cesse donnée par les fiches, dont il se sépare jamais et sur lesquelles il y a, à la fois, ce qu'il doit feindre de savoir de ses interlocuteurs mais surtout les « vannes » laborieuses qui, de toute évidence, ont été élaborées par d'obscurs tâcherons qui n'ont guère plus de talent que lui d'ailleurs. Je soupçonne que l’un de ces nègres est Laurent Baffie, aussi médiocre que son employeur, et dont on ne peut penser qu’il puisse « vivre de son art », sans le strapontin médiatique que lui conserve Ardisson.

Dans l'émission d’hier, il a réussi à donner à la fois de nouvelles preuves de sa maîtrise incertaine du français (il a ainsi qualifié, contre tout usage, de « maline » une tumeur cancéreuse – hélas « maligne »- de la fille de la mère de famille qu'il interviewait) et, par ailleurs, à propos de cette même jeune fille qui était une brillante élève, il a cru bon de préciser, s’éloignant pour son malheur de sa fiche : « Elle accumulait les prix d'excellence à chaque trimestre. » On ne peut reprocher à Ardisson pareille sottise car, dans sa scolarité secondaire, conduite chez les curés annéciens, il n’a sans doute jamais eu de tels prix et on ne peut donc lui faire grief de ne pas savoir ce que c’est. Pour la suite de ses études (s’il y en a une), il est extrêmement discret, ce qui fait même douter de leur existence car il expose, avec un extrême détail et une complaisance rare le moindre des incidents de son existence.

Le bougre a même mis en ligne un site personnel et surtout OFFICIEL, au demeurant fort bien fait au plan technique, mais qu’il a dû faire payer, en manifeste abus de biens sociaux, par l'une ou l'autre de ses sociétés. Il expose le moindre détail de sa vie privée et personnnelle, y compris les plus passionnants comme la photographie de la cravate qu'il portait le jour il a rencontré Béatrice qu'il devait épouser dans la suite et avec laquelle il a vécu 22 ans en lui faisant trois enfants. Il y a là de sa part une imprudence, car si ce provocateur affectait, jusqu'à présent, une morale familiale sourcilleuse, sa femme Béatrice a déclaré, durant l’été, qu'ils avaient engagé une procédure de divorce Thierry ayant, comme on dit, fait la monnaie. Ce n'est là qu'un détail sans grand intérêt, mais volià que ce pauvre Thierry Ardisson va devoir reprendre totalement la structure et surtout les illustrations si emouvantes de son site officiel.

On sait donc tout de la vie de Thierry Ardisson, y compris son catholicisme vigoureux (cultivé dans les écoles religieuses savoyardes) et ses convictions royalistes (Le duc d’Anjou, prétendant au trône de France, est par ailleurs parrain de l’une de ses filles ce qui rend malade Stéphane Bern), mais on apprend rien de ses études (pour la simple raison qu'il n'en a guère faites, ce qu'il empêcherait assurément pas d'en parler, si le besoin s'en faisait sentir) ni de ses multiples plagiats.

Il y a pourtant là une de ses spécialités sur laquelle de nombreuses affaires nous ont depuis longtemps éclairé et que Jean Robin a retracé dans leur tout leur sordide détail, de Pondichéry (1994) aux Confessions d'un baby-boomer ou à Louis XX. Forcé par l’évidence des rapprochements de reconnaître ses « emprunts », il est resté pourtant longtemps fidèle à cette méthode d'écriture, sans oser toutefois (mais il le pensait assurément) les justifier par son génie propre car on sait, par les témoignages de nombre de ses anciens collaborateurs (ou plutôt « employés ») dans quelle haute estime il se tient lui-même.

Son dernier livre, dont il est venu faire la pub chez Denisot, un joint au bec (sans avoir le courage d’une vraie provocation puisque ce n’était pas du « vrai » mais seul le « buzz » comptait), est écrit en collaboration (Thierry Ardisson, Cyril Drouhet, Joseph Vebret) ce qui donne à penser que les « nègres » ont fini par sortir de l’ombre !


Ardisson fait partie de ces innombrables vedettes « pipole » de notre paysage médiatique et politique qui ont le prurit de l'écriture, mais qui veulent pas se donner eux-mêmes la peine d'écrire et moins encore de faire les recherches pour des ouvrages d'information qui paraisse être l’une de leurs spécialités (suivez mon regard).Que ne font-ils dans la poésie comme Galopin ("Nascuntur poetae..."!

En ce samedi 22 janvier 2011 « Salut les terriens » était plus ridicule qu'à l'accoutumée. Habituellement, Ardisson cultive le genre polémique et cherche le « clash », espérant que ses invités vont animer par leurs querelles, leurs affrontements voire leurs injures une émission devenue singulièrement languissante.

Ce samedi Ardisson avait fait dans le soft avec Bernadette Chirac, François Baroin et un chanteur qui se bornait à rire de toutes ses dents, sans qu'on sache trop pourquoi. Il y avait là clairement chez Ardisson un renvoi de catholicisme et le rôle central était tenu par Bernadette. Fait essentiel celle-ci qui était venue sans son sac à main (pour éviter les quolibets lubriques des Guignols), nous a confié s'être séparée, pour une fois, du chapelet offert par le pape et qui ne la quitte jamais (le chapelet pas le pape !). François Baroin, fils d’un grand maître maçonnique et par là même « petit-fils de la veuve », ne me paraît pas d'un catholicisme très orthodoxe, mais, avec sa tête de premier communiant, il complétait fort bien le triptyque religieux dont l'élément central était naturellement la dame patronnesse, naguère première dame de France. On mesure par là même combien ce titre a évolué en changeant de propriétaire.

Comme toujours, l'émission n'avait pas d'autre finalité que publicitaire, mais il ne s'agissait pas là, fort heureusement, de la pub du dernier best-seller de Bernie, mais du lancement de son opération "pièces jaunes" que, notons-le au passage, l’euro a rendue bien plus rentable puisque la valeur des pièces jaunes d’antan (devenues rouges !) a été multipliée par 6,5 !

Madame Chirac n'a pas renoncé à la chose, en dépit des jugements sévères qui ont pu être portés, l'année dernière, sur la gestion de cette affaire. Thierry Ardisson, anticonformiste mais fayot au possible, n'a évidemment pas rappelé ce détail, soulignant au contraire que, cette année, la Cour des Comptes avait félicité Mme Chirac, qui, sans doute, suite aux critiques de l'an dernier, avait mis un peu d'ordre dans la comptabilité et restreint les dépenses somptuaires qui caractérisaient cette opération. Elle a aussi viré Douillet au profit de Karambeu, ce qui permet de traiter de racistes tous les critiques éventuels. La pauvre femme, peu sportive, ne sait sans doute pas que Karambeu, farouche indépendantiste canaque, non seulement ne chantait jamais la Marseillaise dans les matchs internationaux, mais affichait alors clairement sa désapprobation en faisant la gueule, ce qu’à mon avis, il sait mieux faire que jouer au football !

On aurait pu s'attendre à ce que le provocateur en chef évoquât (comme dirait notre président), outre le chapelet papal, les cornes, cadeaux multiples et successifs de de son époux, que Bernadette a longtemps et publiquement portées. Ardisson a été des plus discrets sur le sujet comme vous le devinez aisément.

Tout a donc été conduit dans le conformisme le plus total et le plus plat, ce qui est désormais la tonalité globale de cette émission, quand il n'y a pas au programme des incartades de participants, dont nous savons depuis longtemps (mais la chose a été confirmée par Laurent Gerra qui a qualifié gentiment Ardisson de « pelle à merde ») que le provocateur conformiste manie avec efficacité les ciseaux de la censure dans le montage de ses émissions. Je n’ai regardé en fait la « chose » que pour voir la tête de Bernie pendant la « semaine de Guillon » mais bien sûr Anastasie Ardisson a coupé tout cela au montage et les cadreurs avaient sans doute d'emblée, sur ce point, des consignes du boss.

Celui ou celle qui ne risque pas les foudres d’Anastasie Ardisson est assurément « l'invité de 20 heures » qui est toujours désormais une « victime » qui n’est là que pour faire sortir les mouchoirs et finir sur une note pathétique tout en permettant, à peu de frais, des accents émus au patron. Là c'était une mère de famille dont la fille adolescente avait eu un cancer. Elle succédait, dans cet emploi hebdomadaire, à une bonne demi-douzaine d'invités aussi pitoyables, en général des femmes qui avaient pour caractéristique d'avoir subi un malheur particulièrement déplorable (inceste, emprisonnement, viol, maladie gravissime... l’un n’excluant naturellement pas l’autre, bien au contraire).

C'est vous dire la nature de ce point d'orgue, désormais inévitable dans « Salut les terriens ». Vous aurez déjà deviné que cette circonstance suffit désormais à m’éloigner du lieu, sauf le jour (encore un conseil gratuit d’Usbek) où les invités d’Ardisson seront, outre Carla Bruni, Raphaël Enthoven et Bernard-Henri Lévy, avec en « invitée de 20 heures » et en figure sanctifiée ultime, cette pauvre Arielle Dombasle qui, dit-on, est larguée par BHL et qui pourrait même venir nous chanter le grand air de Tosca « Vissi d’arte » à s’en faire péter les coutures.

Là, juré, Thierry, je reviens !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,

Vivant un peu loin de tout ce petit monde (Tokyo) je regarde via le site de canal les émissions qu'il y propose de temps à autre.
J'aime assez "salut les terriens" car divertissant, j'arme cliquer sur play le lundi midi au déjeuner.
Cette semaine, en parlant de la dette publique, à la question "A qui emprunte-t-on cet argent" Barouin c'est défossé sans prendre de gant en éludant comme s'il n'avait même pas compris le sens de la question. Ardisson aurait du là insister. Peut-être l'a-t-il fait, paut-être qu'il a coupé la séquence au montage, peut-être qu'il s'en fou.
Bref comme je suis réellement intéressé par cette réponse j'ai tenté de trouver des réactions sur la toile et c'est ainsi que je suis tombé sur votre pamphlet.

Très bien écrit d'abord. Ce qui signifie agréable à lire pour moi.

Mais en revanche permettez moi 2 petites remarques:

1 j'y ai trouvé parfois quelques attaques un tantinet exagérées qui pourraient avoir le mauvais effet de grignoter la force persuasive du tout.
2 Concernant le fait qu'il n'ait pas fait d'études je pense que l'attaquer sur ce point est un peu sectaire et déloyale. De plus il ne s'en cache pas et la manière dont il pose une question quand il ne sait pas est souvent spontanée.

Voilà, mon but n'est pas de vous réconcilier avec la bête, juste de vous faire part du fait que j'ai apprécier votre texte mais que certains aspects "unfair" pourraient en gacher la force.

Voilà, voilà je continue mes recherches sur nos débiteurs...

Anonyme a dit…

Cher Anonyme
Je ne pensais pas être lu au Japon! Je ne suis pas loin d'être d'accord avec vous sur l'essentiel mais Ardisson commence à m'agacer par son côté "niaiseux" comme disent nos amis québécois! Sans doute les premiers signes de la sénilité...