Olivier Poivre (qui a fini par se dire lui aussi, Dieu seul sait pourquoi, « d'Arvor » comme son frère aîné alors qu’ils sont, je crois, de la Marne !) se définit, modestement, comme « écrivain, philosophe et diplomate ». « Que vient faire ici cet individu ? » allez- vous me demander, lectrice étonnée ou lecteur ébahi.
C'est tout simple.
Lorsque j’ai une insomnie, ce qui est, hélas, assez fréquent, pour échapper à des préoccupations, qui risqueraient de me conduire à rester éveillé jusqu'au matin (j’écris mentalement des blogs dont j’ai le plus souvent, perdu le souvenir au matin), j'écoute la radio en zappant sur différentes stations, le plus souvent sans d'ailleurs savoir lesquelles car tout cela se passe dans le noir. L'avantage est que toutes les chaînes émettent toute la nuit, sans trop de mal et de coûts d'ailleurs puisqu'elles repassent indéfiniment les programmes de la journée voire ceux des journées précédentes.
C'est ainsi que ce matin, lundi 17 janvier 2011, vers 3 heures, j'ai écouté par hasard, sur Europe1 me semble-t-il, Olivier Poivre dit d'Arvor.
Mauvaise et bonne pioche à la fois !
Mauvaise, car le personnage, comme vous avez vu l'avez déjà compris à la simple lecture de la définition qu'il donne de lui-même, est assez insupportable. Je ne dirai rien de l'écrivain faute d’avoir jamais lu une ligne de son oeuvre mais je tiens pour acquis de continuer sur cette position après l'avoir entendu. Je sais, en revanche, qu’il est « philosophe », pour avoir obtenu autrefois un DEA de philosophie. Quant à la diplomatie, il y est entré assez récemment (en 2007), au « tour extérieur » dans des conditions que nul n'a jamais bien comprises, à commencer par les diplomates eux-mêmes.
La figure de l'homme est assez curieuse car, probablement, atteint de calvitie précoce comme son frère aîné, il n'a pas jugé utile de lutter contre elle par des plantations capillaires multiples et coûteuses, mais, au contraire, il a décidé de se raser complètement le crâne pour cultiver le look cuir ou Chéri Bibi qui peut plaire et qu’il atteint avec un certain bonheur, car sa physionomie générale inspire l'inquiétude, voire la crainte. Il est d'ailleurs amusant de voir photographiés l'un à côté de l'autre les deux frères, le premier cultivant le sourire et l'aménité, le second (qui lui ressemble beaucoup) offrant la version effrayante de l'autre.
L'homme doit être, en tout cas, fort habile à surfer sur des vagues différentes, car, en dépit de la modestie de son curriculum vitae, il a fait une carrière, somme toute agréable et même brillante, en passant une bonne dizaine d'années à la tête de l’AFAA (Association française d'action artistique) puis de CulturesFrance, y cultivant des relations qui ont été sans doute, dans la suite, le fondement de toute sa carrière. On se souvient que sa modestie naturelle lui avait donné à penser que la direction de la villa Médicis lui revenait, de droit, après le départ de Frédéric Mitterrand. Ne l'ayant pas obtenue, il a fait un de ces gros et risibles caprices dont il a le secret, ce qui a finalement payé puisque il a fini, en 2009, à la tête de France-Culture.
Bonne pioche en revanche, car, ce qui est rare dans son cas, les propos de Poivre m’ont vraiment fait rigoler dans le noir.
En fait, son intervention sur Europe 1 était essentiellement destinée à faire la promotion de son dernier livre Bug made in France ou La douce guerre des cultures, dont le titre lui-même est assez ridicule et vise clairement à lui attirer le soutien des paladins de la francophonie les plus chauvins.
Sa position sur la question de la culture dans le monde est des plus simples. La France, les Français et en particulier Olivier Poivre sont les seuls légitimes propriétaires de la culture mondiale dont ils sont à d'ailleurs les uniques créateurs et détenteurs. Si Olivier Poivre se proclame lui-même « philosophe », il ne peut guère prétendre être historien car, à l’écouter, on comprend que la culture est née en France au XVIIe siècle et que ce pays en est ad vitam aeternam le dépositaire exclusif et unique. On ne saurait défendre, au nom de la culture, une position plus stupide. Elle ne vaut même pas la peine qu'on s'y attarde et je ne m'aborderai ici qu'un seul point de son propos.
Il concerne « Wikipédia » sur lequel Olivier Poivre concentre ses traits et qui ne serait, en fait, qu’un usurpateur universaliste d'inspiration américaine, « l'Encyclopédie » ayant été créée par les Français au XVIIIe siècle, ce qui leur assure la possession totale, définitive et exclusive de ce genre d’entreprise. Olivier Poivre ne connaît évidemment pas la formule célèbre de je ne sais plus quel grand seigneur de l’époque (Au secours, chère Anne !) disant à son fils : « Mon fils, tu achèteras l'Encyclopédie et tu t’assieras dessus pour lire Candide ».
Connaissant les modalités de l'action de Poivre, une décennie durant, à la tête de l’AFAA puis de CulturesFrance (pratiques exclusivement élitistes et favoritisme exclusif et systématique des copinages de toutes natures), je suis fort inquiet sur son action présente comme directeur de France-Culture, dont je ne sous-estime pas les mérites et que j'écoute d'ailleurs avec plaisir de temps à autre. Je pense toutefois qu'il conviendrait de revisiter et de dépoussiérer cette institution et surtout de lui faire perdre ces insupportables ton et parfum de parisianisme boboïste qui caractérisent encore beaucoup de ses émissions.
L'OP(d)A de Poivre sur France-Culture ne marque assurément pas le début d'une évolution d'une telle nature, quand on voit les "idées" (si on peut appeler ça des idées) présentées dans son dernier livre.
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1 commentaire:
Le 17 janvier, jour de publication de cet hommage à OPDA, c'était mon anniversaire, 70 ans déjà, plus âgé mais tellement moins haut que lui ! Pourtant, c'était bien parti : il y a une vingtaine d'année, j'était, comme directeur du Centre culturel français du Caire, son égal, voire plus. mais depuis il a pris son envol, sans l'emmener dans son aéronef, séduisant tant d'ambassadeurs, de ministres, voire de présidents ! A peine localisé à CultureFrance (j'avais besoin de son e-mail pour que l'ami perdu me pistonne dans l'édition, pour publier l'oeuvre d'une vie, la mienne, en 1. 260. 000 signes, espaces non compris sur les Emblèmes de la République en France et dans le monde, où j'ai moi aussi navigué, dans de plus basses eaux !), le voici échappé à France Culture ; quand j'aurai découvert son nouvel e-mail, je crains qu'il ne se soit échappé vers Culture Culture ou France France ; d'ailleurs j'ai cru le voir classé, par lui, son frère, un ami, un ennemi, dans la catégories des personnalités de la gauche moderne. Tout ce que vous en dites est peut être juste, mais il manque une description de son don de sympathie, de séduction qu'on peut lui envier, et qu'il partage généreusement, tout comme sa particule siiparticulière, avec son illustre frère, mais bientôt quand on demandera à patrick "C'est vous Poivre d'Arvor ," ce Patrick ne pourra que répondre : "Non, c'est mon frère...".
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