Voulez-vous que je vous révèle le secret du loup-Servier de Neuilly, espèce rare et qu’on ne rencontre guère ailleurs que dans les allées du pouvoir ?
88 ans, une petite poignée de milliards (ce qui le met bien loin, à un modeste dizième rang, derrière Mamy Zinzin), toutes ses dents ou presque et, depuis peu, la grand croix de la légion d’honneur !
On fait grand cas de cette distinction que notre président lui a récemment accordée (pour services rendus), en oubliant qu’il avait été fait commandeur dans ce même ordre par DSK en 2002, ce qui montre le bel éclectisme dont il sait faire preuve et qui est d’usage en pareils cas.
Tout le monde nous parle de sa grande découverte, son filon en quelque sorte, le « mediator », mais, pour tout cela, je vous renvoie aux écrits et aux propos de Philippe Even, un savant bambin de 78 ans, qui n’a pas sa plume ni sa langue dans sa poche et qui vous dira bien mieux que moi ce qu’il faut en penser.
En revanche, je vous révélerai, moi Usbek, Persan de mon état, ce que Philippe Even lui-même ne sait pas : l’origine du nom si singulier de « mediator » et donc, par là, de la fortune qui s’y est attacheé.
Adonc notre loup-Servier, qui avait fondé son laboratoire en 1948, tel Pasteur dans son grenier, cherchait désespérément depuis un médicament qui pût (comme dirait notre président et à ne pas confondre, comme les ignorants, avec « qui pue », même si l’affaire du mediator ne sent pas très bon !) assurer la fortune de son entreprise.
Nous étions alors dans les années 50 ; la période pudiquement dite des « restrictions », qui avait suivi la guerre, était achevée et on entrait alors dans ces « trente glorieuses » où, la prospérité revenue, la minceur, qui n’était plus obligée, redevenait à la mode.
Travaillant donc sans relâche sur son projet de médicament amaigrissant, J. Servier avait enfin mis au point la formule, mais ne parvenait pas à trouver un nom pour son nouveau produit, ce qui est un élément majeur du destin d'un remède.
Un soir, toujours à court d’inspiration, il tourna machinalement le bouton du poste de radio qui se trouvait dans son laboratoire et en constituait le principal, pour ne pas dire le seul ornement.
L’orchestre de Jacques Hélian, alors à la mode, entama, à ce moment, une rengaine « le régiment des mandolines » (paroles de Maurice Vandair et musique d’Henri Betti).
Le refrain commençait ainsi :
« En avant le régiment des mandolines
En attaquant du médiator
C'est nous qui serons les plus forts ».
J. Servier, sans penser un instant à Archimède (dont il ignorait jusqu’à l’existence) et moins encore à son fameux « è-u-rèka », si abusivement chagé en « euréka », et sans savoir, non plus, au juste ce que pouvait bien être un « médiator », eut l’intuition soudaine que ce nom ferait la fortune du laboratoire Servier, et que comme, dans la chanson, il assurerait le triomphe du régiment des mandolines.
Il avait raison et la suite l’a bien montré.
A quoi tient notre destin ?
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