Le post précédent m'a remis en mémoire celui que j'avais publié, dans nouvelobs.com, sous ce même titre, le 18 février 2009. Le voici car il éclaire mon précédent texte.
Quoique peu versé dans la géographie métropolitaine parisienne, il me semble que pour aller des Galeries Lafayette à l’ Elysée, il n’y a pas de liaison directe et commode, en dépit de la relative proximité des deux lieux et de la densité du réseau dans cette zone. La chose ne m’étonne plus depuis que j’ai appris, dans « Marianne 2 », qu’entre notre Président et Madame de La Fayette, c’est la guerre.
Résumé des chapitres précédents car cet affrontement date de trois ans déjà. Le titre que Virginie Roels a donné à son article me paraît un peu étrange de la part d’une admiratrice de Madame de La Fayette ; « Sarkozy, il va en bouffer de la Princesse de Clèves ! ».
En effet, lundi 16 février 2009, place du Panthéon, s’est tenue une « lecture marathon » du roman donnée par des enseignants de Paris III dans le cadre des cours « Hors des murs ». L’initiative est amusante, même si le terme de « marathon » paraît un peu excessif, car « La princesse de Clèves » avec ses petites deux cent pages n’est tout de même pas « Ulysse ». Bref !
Selon V. Roels, en février 2006, à Lyon, le futur candidat à la présidentielle a déclaré devant des fonctionnaires : « L'autre jour, je m'amusais, on s'amuse comme on peut, à regarder le programme du concours d'attaché d'administration. Un sadique ou un imbécile, choisissez, avait mis dans le programme d'interroger les concurrents sur « La Princesse de Clèves». Je ne sais pas si cela vous est souvent arrivé de demander à la guichetière ce qu'elle pensait de 'La Princesse de Clèves'… Imaginez un peu le spectacle ! »
Je poursuis la citation de V. Roels :
« Condescendant envers les classes populaires, méprisant pour les profs, Sarkozy ministre préfigurait Sarkozy président. Et comme personne n’a, à l'évidence, osé lui expliquer que le roman de Mme de La Frayette [sic] est le premier roman moderne de la littérature française, en juillet 2008, Nicolas-le-cancre récidivait avec gourmandise, rajoutant sans rire : « La Princesse de Clèves. Enfin… j'ai rien contre, mais enfin, mais enfin… parce que j'avais beaucoup souffert sur elle ».
Pas si cancre que ça puisqu’il connaît et a même gardé des souvenirs de ce texte, ce qui n’est pas si courant sans doute !
Finissons-en avec le texte de V. Roels :
« N’en déplaise à Nicolas Sarkozy, « La Princesse de Clèves » compte encore quelques soupirants, et pas uniquement dans le rang des professeurs lettrés [sic]. En cherchant bien, on aurait même certainement trouvé une guichetière parmi la centaine de badauds qui s’étaient déplacés lundi 16 février après midi, place du Panthéon ».
J’en suis moins sûr que V. Roels, mais qu’on me laisse, pour une fois, me faire, un instant, le défenseur de notre Président qui, en ce 18 février 2009, en a bien besoin. En cas de problèmes, il pourra peut-être faire diversion sur la Princesse de Clèves, car je ne suis pas sûr que Messieurs Chérèque, Mailly et Thibault puissent lui tenir tête sur ce sujet avec autant de compètence que sur les problèmes salariaux.
Trois remarques
La première est que Madame Roels et Monsieur Sarkozy semblent plus compétents en littérature française qu’en matière d’administration. Il est, en effet, question du concours d’attaché d’administration et je ne pense pas que la « guichetière » qu’ils évoquent relève de cette catégorie. Un(e) attaché(e) d’administration est, en effet, un(e) fonctionnaire du cadre A, dont la fourchette de traitement est, à peu près, celle d’un professeur certifié. L’un et l’autre ont donc dit une grosse bêtise, le premier en ne sachant pas le niveau de ce concours, la seconde en répétant la sottise du premier.
Deuxième remarque. Les mérites du roman dont fait état V. Roels (« le premier roman moderne de la littérature française » et son caractère « éternel ») sont des plus convenus ( La première formule sent son Wikipedia) et des plus discutables (Pourquoi ne serait-ce pas le Roman comique qui a un quart de siècle d’avance ?).
Troisième remarque. Est-il indispensable pour faire un bon attaché d’administration de bien connaître la Princesse de Clèves ? J’en doute ! En ce sens notre Président a raison et s’il fait réellement appel sur ce point à ses vrais souvenirs scolaires, je lui tire mon chapeau. Flaubert disait que les Français avaient perdu la guerre de 70, parce qu’ils n’avaient pas lu l’Education sentimentale ; notre Nicolas, lui, est devenu Président parce qu’il s’est endurci sur la Princesse de Clèves. Après ça et à ce régime , vous croquez une Ségolène tous les matins !
Voulez-vous mon avis sur la fond des choses, quitte à passer pour sarkozien ? La Princesse de Clèves, que V. Roels me pardonne, me paraît une harlequinade versaillaise, à laquelle on me laissera libre de préférer, sur un thème voisin et pour la même période, Bérénice.
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