J’entendais ce matin Benoit Hamon, porte-parole du PS, causer dans le poste, sur RTL je crois, interrogé par Jean-Michel Aphatie. Les quolibets dont il a fait l’objet l’ont obligé à améliorer un peu la forme, mais le fond reste fâcheusement indigent. Aphatie a commencé en le titillant avec la formule de Fillon selon laquelle seuls des lâches peuvnt cacher aux Français que l’âge de la retraite doit inévitablement passer, comme partout, à 62 ou 63 ans. Fastoche pour Hamon qui a pu rester sur le si commode terrain du symbole, en répliquant à la formule que seuls des lâches cachent la vérité à leur peuple et qu’il fallait faire payer les riches plutôt que les pauvres ! C’est dire le niveau du débat !
Fillon, Hamon et les autres ne savent pas trop compter, à moins qu’ils ne nous prennent pour des imbéciles, une hypothèse n’excluant d’ailleurs pas l’autre.
L’âge de la retraite n’a, au fond, guère d’importance, car ce qui compte, naturellement, est le nombre d’années de cotisations (dont l’augmentation est en cours depuis longtemps, sans que nul n’en parle plus) ; c’est ce nombre qui détermine, en fait, le montant de la retraite ou de la pension. Rappelons au passage, ce que Fillon et Hamon semblent ignorer l’un et l’autre à les entendre, que les fonctionnaires n’ont pas une retraite mais une pension qui est payée sur le budget de l’Etat par inscription au Grand livre de la dette publique).
Le résultat, largement passé inaperçu, de la manoeuvre d’augmentation du nombre des années de cotisations (au-delà des 40 annuités de départ) et le passage, pour les fonctionnaires, de 37,5 à 40 années et plus comme les autres salariés (ce qui, souvenons-nous en au passage, n’avait pas entraîné de mouvements de solidarité de la part des syndicats du privé !), n’était nullement de maintenir plus longtemps les gens au travail, mais de réduire mécaniquement le montant des retraites et des pensions qui est déterminé, en grande partie, par le nombre d’années de cotisations. J’avais à l’époque écrit à ce sujet, largement occulté ou ignoré, mais je n’avais guère lu de remarques ni eu de commentaires à ce propos.
Le débat sur l’âge de la retraite est d’audant plus purement académique que, chez nous, seuls 40% des travailleurs sont encore en activité au delà de 55 ans et que, comme on ne cesse de nous le seriner,, nous sommes, en Europe, le pays où le taux d’emploi des seniors est le plus faible. Dans une telle situation, vaut-il la peine de continuer à discutailler sur le fait de savoir si l’âge de la retaite sera à 62 ou 63 ans puisque seule une très faible minorité de citoyens est encore en activité à ces âges ?
En outre, l’absence de toute réelle réflexion sur ces questions se marque dans le débat sur l’incidence de la réduction du chômage sur l’emploi et donc les retraites. Outre le caractère très incertain de l’hypothèse, comme dans le cas de l'effet positif que cette reprise de l’emploi pourrait avoir sur les recettes fiscales et la réduction des déficits (une autre des chimères et des berceuses de Fillon), on ne semble pas voir que si l’accroissement du nombre des travailleurs, et donc des actifs contisant, peut avoir une incidence bénéfique à court terme, elle a toutes chances se se révéler négative à long terme, puisque ces nouveaux travailleurs, après avoir alimenté la répartition quelques décennies durant, deviendront, à leur tour, des retraités dont il faudra payer les retraites !
Pour imaginer alors un nouveau tour de passe-passe, comptez sur nos dirigeants du futur dont ne changeront pas les principes politiques et économiques majeurs : « Demain on rasera gratis ! » et « Après nous le déluge ! ».
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7 commentaires:
Cher Usbek,
je suis d'accord avec votre raisonnement. L'âge légal de la retraite n'a aucune importance. Ce qui peut avoir de l'importance, c'est l'âge maximum légal jusqu'auquel on peut travailler et bien entendu les années de cotisation.
En s'arc-boutant sur les 60 ans mais finalement en avalisant tacitement l'allongement de la durée de cotisation, la gauche fait preuve de démagogie et de tromperie dans la mesure où par le maintien de l'âge légal à 60 ans, elle avalise la baisse de la retraite des fonctionnaires, au moins.
De fait, ce débat qui dure depuis bientôt 20 ans, et ce sujet sur lequel comme par hasard n'intervient que la droite, me paraissent hautement surréalistes.
Tout est simplement question d'arithmétique. Le seul débat politique qu'il pourrait y avoir, c'est la pérennisation ou la suppression du système de retraite par répartition. Comme le consensus semble s'être fait là-dessus, le reste n'est que bavardages, à savoir méthode brutale dans une perspective sur une trentaine ou quarantaine d'années (et encore !) soit une méthode douce qui reverra les mêmes faux débats réapparaitre avant 10 ans.
De fait, à mon avis, la retraite par répartition, mise en place par le régime de Vichy en 1941*, était un pari aussi risqué à long terme que le système de retraite par capitalisation qui préexistait. Un pari sur la démographie et un pari sur le niveau de l'emploi. Quand on considère l'un et l'autre aujourd'hui où des projections plus efficaces sont plus faciles à produire qu'en 1941, je ne sais pas s'il y a lieu de préférer un système à l'autre. Mais puisque dans ce débat entre curieusement la morale, peut-être est-ce vers le système par capitalisation qu'il faudrait s'orienter, chacun recevant en fonction de ses efforts et des risques financiers pris le produit de ses choix.
* on comprendra aisément l'attachement de la CGT au système actuel puisqu'il a été mis en place par un de ses anciens dirigeants, René Belin, devenu ministre du travail du Maréchal Pétain.
Chut, cher Expat, vous allez nous faire virer en disant des choses comme ça, même à l'ombre étoilée du Premier Amendement! Je ne puis de nouveau enregistrer des commentaires! Que de complications!
Cette fois-ci ça marche. Va comprendre!
Formidable!, ça marche pour une fois : je vais m'en enregistrer cinquante!
Salut, les ganjins
Toujours aussi politikement inkorrekt, chers Uzbek et Expat !! C'est rafraichissant par les temps qui courent. Je partage vos opinions au bémol près du cas de ceux ayant commencé à bosser à 16 ans et qui a priori n'ont pas occupé les postes les plus confortables, clin d'oeil au débat sur la pénibilité qui va s'avérer être un foutoir sans nom.
Merci d'avoir rappelé que la retraite par répartition fut mise en place par Vichy, ce que j'avais oublié. Je crois que le débat entre répartition et capitalisation est vicié depuis le coup des subprimes qui a démontré l'instabilité du système et dont l'exemple des millions d'anglais retraités ruinés est à examiner de très près. Disposant d'une retraite "confortable" de cadre sup, j'ai calculé les montants de cotisations que j'ai versé au fil des ans et j'avoue avoir été surpris par leur volume, ce qui m'a définitivement "déculpabilisé" ..... Parler de capitalisation pour des gens ayant déjà de la peine à survivre dès le 20 du mois me semble devoir relativiser la possibilité de généraliser le système, système d'ailleurs déjà mis en place par ceux qui en ont les moyens sous forme d'assurances vie, bien immobiliers et autres placements sans trop de risques.
Je crois surtout que c'est la mise à plat de l'ensemble du système fiscal ainsi que l'harmonisation des systèmes de retraite qui sont les seules pistes sérieuses, le plein emploi relevant pour l'instant de l'incantation.
Après analyse des conditions de rémunération de la fonction publique, il me semble illusoire de valider le mythe des fonctionnaires peu payés par rapport au privé et recevant une retraite confortable et garantie en compensation. Du coup s'attaquer aux avantages acquis depuis des décennies et surtout à la mentalité fonctionnariale renvoie Sisyphe à son bac à sable. Non pas que je veuille laminer tout vers le bas mais simplement harmoniser l'ensemble des systèmes de rémunération privé-public ainsi que les systèmes de retraite en appliquant les m^mes règles du jeu, dans un souci d'équité et de transparence.
Mais là, y'a du boulot et du souci à se faire ......
Cher Marc,
je vois que le saké n'a pas émoussé votre esprit.
Il me semble vain de rechercher l'équité dans notre système de retraite. Même si effectivement on résout une partie de ce problème d'équité en alignant les fonctionnaires sur le privé. ce qui pourrait se faire d'ailleurs en amont en balayant ce statut de fonctionnaire et en contractualisant les agents de l'Etat, comme cela se fait par exemple en Suède et largement en Allemagne.
Si on commence à fouiller dans les revendications, on se rend compte qu'elles sont, mais c'est une habitude en France ce retour à une tradition féodale, qu'elles sont catégorielles, quand elles ne tendent pas à l'individualisation des retraites.
Dans ce cadre comment réformer ? On se trouve dans une contradiction fondamentale entre le recours à l'Etat qui ne peut pas faire dans le particulier, et des revendications micro-corporatistes.
La seule solution honnête serait de dire à chacun "construisez votre retraite", ce que ceux qui en ont les moyens font déjà, comme vous le soulignez, quand ils le peuvent. Avec comme échéance une catastrophe pour certains, parce que les cotisations qu'ils ne verseraient plus seraient absorbées par d'autres choses utiles ou futiles, par impécuniosité ou imprévoyance.
Mais la catastrophe risque aussi d'être collective avec le système par répartition, car ni l'emploi, ni la démographie ne seront au rendez-vous. Mais ça se fera plus en douceur.
Trop tard pour vous répondre; j'ai sommeil. Bonne nuit!
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