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mercredi 30 juin 2010

Pour bien réussir dans le journalisme !

Vous ne connaissez sans doute pas la rengaine des années 20 que chantait autrefois Maurice Chevalier (paroles de Willemetz et musique de Christiné) et qui s’intitulait je crois, à partir du début de refrain, « Pour bien réussir dans la chaussure... ».

Laissez-moi vous rappeler les premiers vers du refrain
« Pour bien réussir dans la chaussure,
Portez tout simplement,
Un corsage dont l’échancrure
Laisse voir des trésors charmants »..

J’aurais pu tout aussi bien prendre, comme point de départ de ce post, le début du premier couplet, « Loin de ce qu’un vain peuple pense... »
qui s’achève ainsi :
« Et c’est pourquoi j’ose prétendre,
Croyez-moi que, souvent,
A Paris, la façon de vendre
Vaut bien mieux que ce qu’on vend. »

Vérité éternelle ! De la chaussure au journalisme, il n’y a, si j’ose dire, qu’un pas, de plus en plus franchi de nos jours !

Je dois avouer qu’y est pour beaucoup l’agacement que me causent les célébrations médiatiques de je ne sais quel anniversaire (six mois je crois) de l’enlèvement des deux journalistes de France 3, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier. En ce moment de perspectives de réduction des dépenses de d’Etat, ne parlons même pas,des récents voyages, sans grande finalité et moins encore d’effet, de Messieurs Morin et Carolis qui me paraissent soigner surtout, en la circonstance, leur image et leur publicité personnelles, pour des raisons qui leur appartiennent mais qui n’échappent à personne,

Il y a, d’une façon générale, ches les journalistes français, un corporatisme frénétique qui est inversement proportionnel à leur compétence et à leur professionnalisme. Comme je lis de moins en moins la presse écrite, la chose me frappe surtout dans les médias audio-visuels ; le décès du moindre preneur de son de RFI ou du gérant de la caféteria de France Bleu Limousin est signalé dans les médias en cause comme uun événement d’une importance quasi planétaire.

L’affaire des « journalistes » de FR3 pris en otages illustre tout à fait cet aspect. Sans remonter au déluge, il est aisé de constater qu’en France se faire enlever est devenu le plus puissant accélérateur d’une carrière journalistique.

Christian Chesnot et Georges Malbrunot, libérés en 2004 après quatre mois de détention, étaient, avant cette aventure, deux très modestes inconnus. Ils se sont mués, dans la suite, en deux spécialistes éminents du Moyen Orient pour avoir passé quatre mois dans un trou à rats moyens orientaux et sont depuis sollicités par les médias pour y venir émettre gravement des avis dont la pertinence ne m’a jamais frappé.

Cette fulgurante promotion n’aurait-elle pas inspiré d’autres vocations ?

A peine les deux précédents loustics étaient-ils libérés, à grands sons de trompe médiatico-politiques et en relation ou non avec deux comiques dont le rôle n’a jamais été défini avec précision, qu’à Bagdad encore on enlevait Florence Aubenas, une journaliste de Libération quasi inconnue elle aussi et qui allait être libérée en juin 2005. Elle devait d’ailleurs très vite, dès 2006, passer de son placard de Libé à un statut éminent au Nouvel Obs.

Je n’ai pas d’information spéciale sur cette captivité, sinon pour rappeler qu’on s’est un peu interrogé à propos de la vidéo que ses ravisseurs avaient déposée à l’Agence Reuter de Bagdad. On l’y voyait dans un état physique apparemment inquiétant, quasi cadavérique ; elle y sollicitait (on ne savait pas pourquoi mais la suite l’a expliqué) l’intervention de l’étrange Didier Julia. Des spécialistes, ayant examiné la vidéo, ont alors émis l’hypothèse que l’usage sophistiqué de projecteurs à lumière verte pouvait avoir permis de donner une impression de délabrement physique à l’intéressée.

Le plus étrange est son retour. Ramenée en France par avion spécial, elle arrive sur l'aéroport militaire de Villacoublay. Elle est accueillie par Jacques Chirac et, devant les caméras, parle quelques minutes avec les nombreux journalistes. Pour un de mes amis ophtalmologue, il est tout à fait impossible qu’une femme qui, comme elle le déclare, aurait passé cinq mois dans une cave obscure, puisse supporter ainsi, sans protections, la lumière du jour.

Laissons ces détails ; sur le plan professionnel, ces cinq mois passés en Irak, où que ce soit et de quelque façon que ce soit, ne l’ont pas été en vain et ont même été pour Florence Aubenas extrêmement positifs sur le plan de sa carrière. Il est amusant de constater qu’elle écrira même , dans la suite, un livre dont le titre est, je crois, "La fabrication de l’information". Tout un programme et là, comme ailleurs, on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même !

Ne parlons même pas des dix ou quinze millions d'euros que ces affaires nous ont coûté, comme l'a dit, à l'époque, la presse britannique (la presse française n'en parlant pas car un journaliste français n'a pas de prix!) et comme l'a rappelé récemment un brave général sur le dos duquel sont aussitôt tombés tous nos journaux!

Mieux encore, Son « enlèvement » comme son expérience, même très brève, de la captivité sont sans doute l’une des raisons qui ont fait mettre Florence Aubenas, de façon totalement inattendue, à la tête de l’Observatoire international des prisons ! Viserait-elle plus haut encore ? On peut le penser quand on lit le débat qui l’a opposé, dans le Nouvel Obs. en septembre 2009 à Michele Alliot-Marie. Elle y faisait sans doute à la fois les questions et les réponses, mais ses propos m’ont paru bien pauvres et, en outre, dans une langue un peu incertaine !

Bref. J’observe que Florence Aubenas s’est teinte en blonde. Viserait-elle désormais le ministère de MAM et la Place Vendôme ?

3 commentaires:

Expat a dit…

Cher Usbek,
ça ne se fait pas d'égratigner ainsi une de nos icônes du journalisme français. Bon, c'est vrai que le fait qu'elle en soit une icône montre bien l'état de décrépitude dudit journalisme.

De fait le cas Aubenas est intéressant. La prise d'otage dont elle a été "victime" l'a en effet propulsée là où elle ne devrait sans doute pas être. Prise d'otage curieuse. J'ai cru qu'à son retour elle allait rejoindre les rangs de nos trop nombreux humoristes qui peinent à nous arracher un sourire. En tout cas, elle avait l'air bien en forme physique et psychologique, bien loin des images auxquelles vous faites référence. Je me demande d'ailleurs si elle n'a pas inspiré le film avec Jugnot et Lanvin ("envoyés très spéciaux) qui raconte l'histoire bidon de deux journalistes pris en otage.
Enfin quoiqu'il en soit, elle a réussi à faire parler d'elle et peut faire passer maintenant n'importe laquelle de ses productions pour un chef-d'œuvre digne de remplacer les "mémoires de guerre" de de Gaulle au programme du bac, et ce sans polémique aucune. Son dernier bouquin qui l'a obligé à se déguiser en soubrette pendant plusieurs mois sur une ligne de ferries à Ouistreham, preuve qu'elle peut être aussi une bonne actrice capable de berner les pouilleux qu'elle défend, a été "unanimement accueilli comme une référence littéraire et sociologique. Tout ça pour un bouquin qui pourrait se résumer en une seule phrase : "les pauvres vivent bien plus mal que les riches."
En attendant, elle-même ne crache pas sur l'argent. Et sait se montrer à l'occasion d'un grande ingratitude. Elle a en effet attaqué avec succès Libé qui l'employait quand elle était otage et s'est démené pour sa libération, ce qui est somme toute logique avec un nom pareil, parce qu'elle avait démissionné lors de l'entrée de Rotschild dans le capital. Elle a pour l'instant empoché plus de 66000 € à titre de provision. Et c'est là qu'on découvre encore un des privilèges de nos chers journalistes, autorisés à démissionner avec indemnités quand leur journal change de mains (clause de cession), même si la ligne éditoriale, en l'occurrence l'antisarkozisme primaire, enfin pour ne pas faire d'anachronisme l'anti-droite systématique, ne change pas. En cas de changement, elle aurait pu invoquer la clause de conscience, car ces gens là en ont de la conscience, môssieur.

usbek a dit…

Cher Expat
Come on dit dans nos jeux de la télé: "Pas mieux!".

Anonyme a dit…

Bonjour,
Ces célébrations qui consistent à prendre une mine déconfite et rappeler que deux otages sont otages renforcent peut être un esprit de corps,déculpabilise ceux qui sont assis en sécurité, pas sûr que cela rassure les familles
Au mieux , le ramdam accélèrera la remise de rançon, rappelons qu'en principe dans les monts talibans la télé doit être rare
Madame Aubenas fut, à son retour frappée par une précarité d'emploi qui date pourtant des temps anciens qui virent les femmes accéder au monde du travail
D'emblée, le boulot à temps partiel fut une mâne pour l'employeur, un revenu subsidiaire familial en des périodes plus fastes puis un choix délibéré de ne rien faire quand le chômage grimpa et que le mono parental fut de mise
Bref, autre otage, autre aura,Je vous conseille "La lutte avec l'ange" écrit par JP Kauffmann apres sa libération