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jeudi 10 juin 2010

L’information est toujours aussi bonne !

La mission qui a été offerte à Christine Boutin en raison de ses éminentes compétences et de sa vaste expérience de l’international (toute cette affaire étant sans le moindre rapport avec le désir de la calmer après son éviction un peu brutale du gouvernement et de la ménager dans la perspective de l’élection de 2012, mais qui peut avoir de telles pensées ?) a permis à nos journalistes, sur la foi, il est vrai, de propos de certains politiques, tout aussi mal informés qu’eux, de prétendre que le montant de ce contrat (9.500 euros mensuels) correspondait tout simplement au salaire des plus hauts fonctionnaires français, donc à son niveau présumé de qualification. J’ai même entendu avancer le nombre de ceux qui en bénéficieraient (1500) et citer comme exemple les Conseillers d’Etat.

Comme Expat a évoqué ce point dans un pertinent commentaire à mon post d’hier (mais en apporte-t-il jamais d’une autre qualité?), je donne sur ce point quelques remarques. Expat évoquait à ce propos, à côté du Conseil d’Etat, le Conseil économique et social qui sert soit à récupérer, faute de mieux, des évincés du système, soit à donner un strapontin d’attente et une rémunération , assez modeste d’ailleurs, à des protégés, dont on veut faciliter la carrière politique ultérieure. Ce fut, me semble-t-il, le cas du jeune Bruno Landau-Juilliard par exmple ( le terme « jeune » lui convient comme futur homme politique, car, comme étudiant, il était plutôt fort en retard dans ses études et il avait dû abandonner la présidence de l’UNEF, atteint qu’il était par la limite d’âge).

Le Conseil d’Etat est tout de même autre chose, même si, comme dans nombre de nos institutions, on peut, « au tour extérieur », y nommer à peu près n’importe qui. J’allais dire « n’importe quoi », ce qui aurait été désobligeant, mais j’avais à l’esprit François Mitterrand qui avait nommé son dentiste ambassadeur et sa secrétaire inspectrice générale ! C’est aussi lui qui avait nommé Régis Debray au Conseil d’Etat, institution où ce dernier se fit surtout remarquer pas son absence totale d’activité. Sans doute en voulait-il à Tonton de ne pas lui avoir trouvé une sinécure plus réjouissante ; il le lui fit bien payer dans ses écrits ultérieurs !

Mais revenons à nos moutons ou plutôt à nos salaires. Si on laisse de côté le menu fretin du Conseil d’Etat (du genre « auditeur de deuxième classe ») pour ne considérer que les Conseillers eux-mêmes, le salaire brut, en fin de carrière et au plus haut niveau (indice majoré 1319), s’élève au 1er janvier 2010 à 6076 euros, ce qui est tout de même très loin des 9500 euros de Madame Boutin ! Certes, comme toujours dans la haute fonction publique, il y a les primes (hélas non prises en compte dans la retraite !), mais je doute fort qu’au Conseil d’Etat, elles approchent, même de loin, celles d’un Trésorier Payeur Général, fonction qui passe pour assurer à un employé de l’Etat les plus hauts revenus qu’on puisse percevoir en servant l’Etat français.

Il est tout de même extravagant que nos hommes politiques et, pire encore, nos journalistes soient si ignorants de réalités qu’il est si facile de connaître et dont ils parlent, par ailleurs, avec la plus grande assurance !

Mon devoir du jour fini, je jette un coup d’oeil à France2 pour y trouver, je vous le donne en cent ! ...Christine Boutin. Elle expose à la France médusée, avec une égale conviction, une position, exactement inverse de celle de la veille, quand elle se refusait à imaginer renoncer à quoi que ce soit de ses 18.000 euros mensuels. Au fait au moment où on parle tant retraite, pourquoi ne pas prendre le modèle parlementaire? Christine a cotisé 25 ans (ce qui n’est pas beaucoup, somme toute, par rapport aux quarante et une années de cotisation du bon peuple), et elle touche une retraite de plus de 6000 euros, donc quasiment équivalente à l’indemnité d’un parlementaire en cours de mandat).

Elle renonce, de son propre chef, à ses 9500 euros de mission! Le monde a besoin d’elle et elle de sacrifiera donc, pour la France, sur l’autel de sa mission, sans que nul le lui ai demandé, comme chacun sait. Les Prix Nobel d’économie brûlent de la rencontrer (Authentique ! La veille, elle parlait de DSK, mais on a dû lui déconseiller cette fréquentation pour des raisons à la fois politiques et morales !). Tous les puissants de la terre sollicitent ses avis éclairés. Nous sommes sauvés et d’ailleurs, signes infaillibles de l'espoir mondioal mis en Madame Boutin, dès aujourd’hui, Wall street bondit vers le haut, le CAC 40 remonte et le chômage baisse !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

quel que soit le monarque les missions juteuses et le prébendes continueront ! j observe qu aux usa les presidents sortants vivent à coup de conférences lucratives aussi ....
OLIVIER

Expat a dit…

Cher Usbek,
il ne faut pas évidemment demander à un journaliste de nous éclairer sur ces petites choses que sont les émoluments des conseillers d'Etat et de montrer ainsi les mensonges de Mme Boutin. Ils sont généralement bien incapables de vous informer sur ce qui ne figure pas sur les dépêches AFP du jour.
Bien évidemment, ils n'ont pas signalé le fait qu'il existe des articles du code des pensions civiles et militaires qui traitent de cette question de cumul entre revenus d'activités auprès d'un employeur public et une pension de l'Etat, et qui pourraient servir de référence si on devait légiférer sur le sujet. Et selon ce code, comme elle explose les barèmes, C. Boutin ne devait pas toucher sa retraite.
Ce qui montre que de fait, les politiques qui exercent ou ont exercé des mandats électifs et donc sont rétribués en activité ou ensuite sur nos impôts, n'appartiennent à aucun secteur, ni privé, ni public.Et c'est peut-être sur cette anomalie qu'il faudrait se pencher dont l'affaire en question n'est qu'un révélateur d'un vaste système qui garantit un éternel niveau de vie particulièrement intéressant à nos plus "éminents" politiques.

Ceci dit, en bonne chrétienne, C. Boutin n'a pas hésité à vouloir partager, non ses émoluments, mais ses déconvenues avec les autres, ceux dont on n'a pas encore parlé.
Et à gauche comme à droite, ça doit faire profil bas en ce moment. Rocard, par exemple, continuera t-il à percevoir ses retraites et ses émoluments liés à sa fonction d'ambassadeur auprès des pingouins et manchots ? Encore un oublié du "Canard"