Comment voulez-vous qu'un pauvre président du conseil régional d'Île-de-France soit au courant de ce qui se passe rue de Solférino ou, pire encore, à Matignon ? Chacun sait qu'avec les métros bondés et surchargés, les liaisons dans l'Ile de France sont difficiles et qu'elles rendent, de ce fait même, une telle ignorance parfaitement prévisible. Elle l'est d'autant plus que le président, qui donne, le plus souvent, l'impression d'une légère somnolence postprandiale, ne peut pas passer son temps à l'écoute des médias audiovisuels. Croyant bien faire, il a donc, comme tout le monde, entrepris de sous-traiter un centre d'information de son conseil régional au Maroc, ce qui permettrait de faire de substantielles économies qu'on aurait pu affecter à des tâches plus intéressantes.
Le buzz immédiat autour de cette affaire, fort inopportune en ce moment, a fini par l'éveiller et il a murmuré in petto qu'il allait voir ce qu'il pouvait faire en matière. La belle loi française, en effet, ne permet pas, paraît-il, d'introduire dans les appels d'offres officiels une clause de privilège de nationalité, comme s'il était nécessaire d'avoir une loi pour faire jouer cette pratique, surtout quand on sait comment se pratiquent souvent les dits appels d'offres, à Marseille comme naguère pour les lycées de l'Ile de France.
Allez donc voir ce qui se passe, près de chez nous en Suisse ou un peu plus loin au Québec, pour constater que, dans le cas par exemple d'un recrutement sur un emploi, si sont en concurrence un national et un étranger, le choix du candidat national ne fait pas le moindre doute, sans qu'il soit besoin d'une loi pour le faire.
Il faut dire que le jeu du gouvernement (comme du président) est assez habile depuis la présidentielle, mais qu'il est à craindre que la technique de l'édredon démocratique des consultations ne dure pas éternellement. Je ne suis pas un farouche partisan des analyses de Christophe Barbier, le patron de l'Express, dont la couleur de gauche se limite à son éternelle écharpe rouge tontonniène et qu'à mon goût, on voit un peu trop souvent dans l'émission de Calvi qui est l'une des rares que je suive quelque peu à la télévision. En revanche, force est de reconnaître que son analyse du comportement de François Hollande est assez bonne mais que cette stratégie paraît difficile, du moins pour la politique intérieure, à maintenir sur le long terme. Il faudra bien un moment ou un autre cesser de réunir des commissions, des think tanks, des états généraux ou autres groupes dilatoires de semblable farine, pour en venir à affronter les problèmes de face et sans tergiverser. Et il faut reconnaître que rien n'est facile mais, après tout, personne n'a forcé notre président à abandonner sa chère Corrèze pour se porter candidat au poste qu'il occupe et dont il devait bien prévoir les difficultés, qui, il faut le reconnaître, n'ont pas encore réellement commencé même si les cent jours fatidiques approchent.
Au fond, si l'on regarde les choses de loin, les choix stratégiques de François Hollande sont un peu ceux de Jean-Paul Huchon ; on laisse venir en cherchant à gagner du temps et à amortir les chocs du mieux qu'on peut.
Jean-Paul Huchon ou Jean-François Polochon ?
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