Au moment où j'écris ce texte, et c'est d'ailleurs cette nouvelle qui m'a poussé à l’écrire car je n’avais pas prévu de le faire en ces termes, ce lundi 28 mars à 12:07, j’apprends qu’enfin nous ne sommes plus seuls.
« Que veux-je dire par là ? » vous impatientez-vous déjà, fougueuse lectrice et impétueux lecteur !
Vous ne savez donc pas ? Je me sens donc enfin utile à mon pays. Le Qatar est, en effet, selon Al-Jazira, le deuxième Etat du monde, après la France (observez que je n'ose pas dire le second car cela tendrait à insinuer qu'il n'y aura pas de troisième) à reconnaître le « Conseil national de transition » qui est l'organe de direction de la rébellion libyenne contre le colonel Kadhafi.
Si nous ne sommes plus seuls depuis une vingtaine de minutes puisque le Qatar nous a rejoints pour reconnaître, avec nous, le Conseil national de transition, en revanche cette information majeure faisait immédiatement suite à une autre qui témoignait d’un point de vue très différent.
A 11 heures 30, on a en effet appris, de la bouche même du ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans une conférence de presse, que la Russie contestait la légitimité de l'intervention en Libye et que cet Etat jugeait cette action non conforme au mandat du Conseil de sécurité de l'ONU.
Si vous voulez, sur la situation en Libye et dans le monde, des informations autres que celles des ministères français, ne comptez pas sur nos médias pour vous en donner. Une rapide recherche dans Google, ce matin, m'a montré que les seules informations sur les activités diplomatiques essentielles qui se tiennent à Addis-Abeba depuis le vendredi 25 mars 2007 se trouvent, en tout et pour tout, dans deux dépêches de l'AFP du 25 mars et dans de brèves notes du journal électronique du Nouvel Observateur.
Le Figaro en a parlé que de façon très indirecte, le 24 mars et essentiellement de façon assez curieuse à l'occasion d'une conférence faite à l'École normale supérieure, sans doute à l'occasion de la Journée de la francophonie organisée en ce lieu par le cercle francophone de l'ENS. Cette conférence a été donnée par Jean Ping, un diplomate gabonais qui est depuis 2008 à la tête de la Commision de l'Union Africaine. Il était sans doute de passage à Paris, précisément en partance pour Addis-Abeba où le vendredi 25 mars s'ouvrait la conférence en cause.
En termes mesurés mais clairs, il a dénoncé « l'intervention militaire extérieure en Libye » et évoqué les travaux qui devaient s'ouvrir à Addis-Abeba, tout en marquant son scepticisme à l'égard de la suite des opérations militaires consécutives à la mise en place de la zone d'exclusion aérienne. « On se dispute, on se querelle entre membres de la coalition » a-t-il affirmé, non sans bon sens. Il a, par ailleurs, déploré que les Africains n'aient pas été suffisamment consultés par la coalition et aient été absents lors du sommet international de Paris convoqué par Nicolas Sarkozy, juste avant le déclenchement des frappes.
Il est très curieux que la presse française soit manifestement si peu intéressée par la réunion de l’Union africaine et qu’elle fasse le silence à son propos, alors que au-delà même des membres de l'Union africaine s'y trouvent réunis, outre cinq membres du gouvernement libyen (le Conseil national de transition invité n'est pas venu), des représentants de la Ligue arabe, de l’Organisation de la conférence islamique (OCI), de l’ONU et même peut-être aujourd'hui de l'Union européenne.
Je vous conseille donc, si vous voulez des informations sur tout cela, de vous adresser aux médias électroniques non français et en particulier africains ou algériens, dans la mesure où l'Algérie a été une participante très active à la réunion d'Addis-Abeba.
Un autre problème tout différent consiste dans la validité de l’information sur ce qui se passe effectivement en Libye.
On ne peut être qu’étonné en constatant que, semble-t-il, la télévision libyenne continue à fonctionner, alors que ses installations auraient dû constituer l'une des premières cibles des frappes de la coalition, puisqu'elle est l'outil d'information majeur dans ce pays et qu'elle est totalement aux mains du colonel Kadhafi.
La situation militaire n’est pas des plus claires. Ainsi, hier, les autorités libyennes de Tripoli ont pu organiser et faire filmer à Syrte, qu'on disait, la veille, aux mains de la rébellion, une visite guidée officielle où ont été invités des journalistes non libyens, dont en particulier un correspondant de l'agence Reuters. Il n’a constaté à Syrte aucun signe de combat et la visite s'est déroulée en présence de policiers et de militaires qui étaient toujours présents sur place.
L’information est désormais une arme plus puissante et plus efficace que les autres. On le sait depuis Timisoara où quelques images, d’ailleurs fabriquées à cette fin, ont suffi à renverser Ceaucescu !
Dernière minute : reçu un courriel anonyme d'un certain Mouamar K. : "Cher Usbek, Puis-je reprendre ton titre du jour car moi aussi "enfin je ne suis plus seul!". Dieudonné vient d'arriver à Tripoli. Dieu (donné) seul sait comment il est venu avec cette foutue zone d'exclusion aérienne! Il a dû passer dans le noir ! Il va me distraire un peu avec ses histoires juives! Mouamar K."
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