jeudi 3 mars 2011
« Mais mon ptit coeur vous ne l’aurez jamais ! »
J'entendais ce matin, sur je ne sais quelle radio, Martine Aubry, hélas avec les seules paroles et sans la musique de « la strasbourgeoise », entamer son nouveau refrain, à l'adresse de Nicolas Sarkozy, « Vous n'aurez pas les Français... ». De telle paroles évoquent irrésistiblement, au moins pour nous-autres Français, une célèbre rengaine patriotique du début du XXème siècle
J'hésite, à vrai dire, au seuil d’un blog que je perçois comme franco-français à l'excès, dans la mesure où je constate que mes écrits électroniques quotidiens sont lus, de la façon la plus inattendue, par des visiteurs qui, pour 40 % au moins, sont à l'étranger, voire à l’autre bout du monde. Qu'il s'agisse d'Australiens ou de Brésiliens francophones ou qu'il s'agisse de Français émigrés dans ces lointaines contrées, les uns et les autres ne doivent guère s'intéresser à la vie politique de la France et j’ai donc scrupule à m'aventurer sur ce terrain qui fut autrefois le mien.
Il faut donc sans doute ( et que ceux et celles qui connaissent cette vieille chanson française me pardonnent) rappeler le dernier couplet de « la strasbourgeoise » puisque tel est son titre :
« Vous avez eu l'Alsace et la Lorraine,
Vous avez eu des millions d'étrangers.
Vous avez eu Germanie et Bohème,
Mais mon p'tit coeur vous ne l'aurez jamais »
Il a fallu ce propos de Martine Aubry qui affirmait que la majorité au pouvoir « n'aurait pas les Français », en les leurrant avec le théâtre d'ombres de l'islam en France ou de la laïcité, pour me ramener sur le terrain plus général encore, d’une comédie permanente de notre vie politique et médiatique que j’appellerai volontiers « le bal des faux culs ».
Il est clair que Mme Aubry, ni dans sa scolarité aux Oiseaux, ni rue de Solférino ou dans sa mairie de Lille, n’a pas dû, beaucoup et souvent, se trouver confrontée de façon directe et prolongée aux problèmes, réels et concrets, de l'immigration en France. Il en est de même pour la plupart de ces journalistes larmoyants qui, comme l'autre soir, au Grand Journal de Denisot, sur Canal +, où l'on recevait François Hollande, ne sont guère confrontés au problème de la misère de ceux qui doivent vivre avec moins de 1000 € par mois.
Le pittoresque de la chose et que François Hollande s'est vu au cours de cette émission rappeler (son et images à l'appui) sa fameuse formule « Je n'aime pas les riches ». Heureusement qu'il avait pas lancé cette formule saignante du balcon de son appartement de Cannes !
Tout ceux qui étaient autour de la table, sans même parler de Denisot lui-même et quel que soit le caractère généralement misérable ou démagogue des prestations des intervenants, sont des gens dont les revenus mensuels doivent tourner autour de dix mille euros par mois, compte tenu du fait que la plupart de ces « journalistes-sic » sont si occupés par chacun de leurs divers emplois qu’ils en ont généralement trois ou quatre en même temps. Tout cela ne les empêche pas de sortir leur mouchoir à la première occasion, histoire de verser quelques larmes crocodiliennes sur la misère d'une grande partie du bon peuple de France. Et personne ne rit et moins encore ne s'indigne publiquement quand il est invité à prendre part à ce genre de fiesta médiatique.
Il y a d'ailleurs un vrai problème, économique et social celui-ci, quand on rapproche, même de loin, ce que l'on constate dans les lieux de réjouissances ou de plaisir (des restaurants aux stations de ski) de la situation globale de la France, telle qu'elle nous est décrite par nos analystes. Il faut croire que la vraie misère des Français, réellement pauvres et malheureux, est bien plus discrète que les hypocrites épanchements de ceux qui font de cette situation lamentable leur fonds de commerce médiatique et/ou politique.
Je propose donc à Madame Aubry (à titre amical et gracieux comme toujours) le refrain original suivant dans son adresse à Nicolas Sarkozy
« Vous avez eu Lang et Michel Rocard,
Vous avez eu des millions de Français.
Vous avez eu Besson et nos tocards,
Mais mon p'tit coeur vous ne l'aurez jamais »
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1 commentaire:
Cher Usbek,
il y a aussi des expatriés qui s'intéressent à la politique de la France. Et même des étrangers francophones et philes. Vous n'avez donc pas à avoir de scrupules. D'autant plus que vos appréciations sur ceux qui aspirent à nous gouverner ou sur les commentateurs de "la misère" des Français est comme d'habitude très pertinente.
Concernant les politiques, c'est même une spécificité française dont on trouve les traces dès 1789. Lors de la réunion des Etats Généraux de cette fameuse année, le tiers-état ne comportait parmi ses membres qu'un paysan alors que la paysannerie constituait en gros 90% de la population. Il est d'ailleurs facilement reconnaissable sur un tableau représentant l'assemblée car c'est le seul qui ne porte pas perruque.
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