Je ne parle plus guère de politique française car la chose est devenue bien trop dangereuse ; on risque le procès à la moindre plaisanterie, même si on s’exprime en un lieu qui s’intitule « Nouvelles persaneries », ce que risquent de ne pas comprendre des gens qui pensent que Montesquieu n’est que le nom de l’un de nos gros billets, à l’époque heureuse où nous avions encore le franc. Au XVIIIe siècle, la forme la plus aboutie du discours politique était celle qui permettait à son auteur de dire ce qu’il pensait sans être mis à la Bastille. Nous sommes sur le chemin du retour à cet état ou pire encore. A quand l’interdiction du Canard enchaîné (que le Général de Gaulle avait défendu d’attaquer) dont je ne comprends pas comment il continue à paraître, surtout depuis qu’il ne peut plus compter sur les services de Maître Roland Dumas, comme au bon vieux temps ? Bien entendu, toute caricature sera bientôt totalement interdite en France, sauf celles de Mahomet, ce qui sera un juste retour des choses. Une caricature, en effet, porte inévitablement atteinte à la personne, donc constitue une diffamation, même si le sens de ce mot m’échappe de plus en plus. Je vais donc essayer de dire ce que je vois et ce que j’en conclus, sans prendre le moindre risque, même si c’est déjà ce que je fais depuis plus de cinq ans dans mes blogs.
Nos révolutionnaires, sans le savoir ni le vouloir, nous ont assuré, pour les siècles à venir, le droit de donner au monde des leçons de démocratie puisque nous aimons à nous présenter comme « le pays des droits de l’homme ». Des esprits, tatillons et un peu informés, pourraient sans doute faire observer qu’une telle revendication fait sans doute un peu trop bon marché de périodes et de sociétés antérieures, de la Grèce de Périclès à l’Angleterre du XVIIIème siècle, où nos philosophes puisèrent une bonne partie de leurs idées, en ayant même dû parfois y trouver eux-mêmes refuge.
Mais revenons, avec prudence et sur la pointe des pieds, au propos envisagé.
J’ai publié, il y a une dizaine de jours, un post intitulé « Chéri fais-moi peur ! », après les premiers sondages qui plaçaient Marine Le Pen, sinon en tête du moins sur les podiums des candidats. Je ne rappellerai pas ici la fiabilité habituelle de ces sondages qui prévoyaient alors une abstention de 35%, ce qui ne fait après tout que 20% d’erreur ! En fait, comme je l’ai écrit (vous pouvez relire ce texte sans problème), le score prêté au Front National, arrangeait plutôt la droite comme la gauche, puisque les Français (et les cantonales l’ont démontré avec fracas) sont las de ce théâtre d’ombres politiques avec la floraison des conflits d’intérêt, la valse des privilèges, les tricheries avérées des élections au PS, le procès Chirac, les « je t’aime moi non plus » avec Kadhafi et tout le reste. L’UMP comme le PS savent très bien, en dépit de leurs mines ostensiblement effrayées, qu’au second tour de la présidentielle, Marine ne passera jamais en tête (elle le sait d’ailleurs bien elle-même et doit, au fond, s’en satisfaire).
Une démocratie devrait toutefois avoir, au moins, un devoir d’honnêteté. Les tripatouillages de chiffres, pour le chômager comme lors des récentes cantonales, sont-ils à l’honneur de la démocratie que nous prétendons être ? Nos politiques (je ne cite personne !) partent d’un triple principe.
Premier principe : les Français qui, on le sait, ne connaissent pas la géographie, ignorent également l’histoire (et en particulier la leur),
Deuxième principe : les Français ne savent pas compter (la faute en est désormais aux calculettes),
Troisième principe : les Français sont des imbéciles qu’on peut manipuler à sa guise.
Quelques éclaircissements sur ces points.
1). A travers le « ni-ni » présidentiel (au second tour des cantonales, ne pas choisir entre le FN et le PS dans 204 cantons où ils se font face, alors que dans 89 seulement on aura un choix FN-UMP), on voit que le calcul est bon et la visée claire. La gauche se donne pour plus radicalement hostile au FN que la droite (je reviendrai sur ce point). Là encore, je tombe de ma chaise de rire ! Suis-je le seul Français à me souvenir que François Mitterrand est l’inventeur du Front national. Je me souviens encore d’une interview de Louis Mermaz expliquant, dans son détail, cette manoeuvre électorale stratégique ! Invoquer ici le « front républicain » est donc une véritable injure à la mémoire de Pierre Mendès-France (ce qui doit bien faire rire dans sa tombe ce cher Tonton).
2) Le Front National est crédité de 15,18 % des voix. Autrefois, dans un problème d’arithmétique de feu l’examen d’entrée en 6ème, un tel calcul vous aurait fait recaler sans le moindre doute. En effet, on a voté dans 2023 cantons (qui forment donc l’ensemble du corps électoral) alors que le FN ne présentait des candidats que dans 1450 cantons (les seuls où les électeurs du FN ont donc pu s’exprimer). Or, naturellement ce pourcentage de 15,18% a été calculé sur le total des votants de 2023 cantons, alors qu’il monte à près de 20% (19,3 % pour être précis) si l’on prend en compte le total, le seul athmétiquement correct, des 1450 cantons où l’on pouvait voter pour le FN. Je me réfère sur ce point à une remarque de ce genre que j’ai entendue, sur France-Infos je crois, de la bouche autorisée de Pascal Perrineau qui ne me semble pas être un agent du FN.
3) J’entends que le « ni-ni » du Président est combattu par Fillon qui cause « front républicain » (une bouffée de seguinisme), par Borloo (j’ai failli faire une petite chansonnette « Nini Peau de Borloo » (peau que notre président rêve d’avoir, nous dit-on), sur l’air éternel de « Nini Peau de chien », mais je vais finir à la Bastille !) et même par Xavier Bertrand qui conseille, contre toute attente, de voter « blanc » (notre ministre a dû oublier que ce n’est pas là un suffrage exprimé », mais peut-être, rusé, veut-il par là prétendre récupérer pour l’UMP quelques centaines de milliers de votes « blanc » qu’on pourrait dire issus de ses conseils). En fait, la stratégie présidentielle est assez fine, quoique, au moins en apparence, elle soit mal comprise par les autres membres de son parti, ce dont je doute fort (« comediante ! ». Elle vise surtout, en fait, à ménager l’avenir présidentiel de Nicolas Sarkozy. Tout en sachant que ceux des électeurs UMP qui iront voter au deuxième tour des cantonales, le feront sans doute pour le FN (sans qu’on ait à le leur dire et surtout avec une telle consigne), on prépare le second tour DE LA PRESIDENTIELLE, surtout si le FN arrive, dimanche prochain, à décrocher un ou deux postes de conseiller général. Retour d’ascenseur souhaité !
mercredi 23 mars 2011
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