Messages les plus consultés

lundi 17 mars 2014

Poor little thing ! La pension de Monsieur de Villepin !


Pauvre monsieur de Villepin ! Voilà un homme à qui rien n’aura été épargné ! On le compromet odieusement dans les combines de l'affaire Clearstream, la justice mettant fort heureusement un terme heureux à ces calomnies. Marie-Laure, son épouse depuis des décennies, le plaque pour aller sculpter les « cocos fesses » seychellois devenus (depuis et de ce fait ?) hors de prix ! Le parti qu'il avait créé pour conquérir la Présidence de la République qui lui était clairement due, échoue piteusement et ce ne sont pas les chèques du Qatar, en récompense de ses précieuses consultations, qui vont le consoler de ce revers. Comble de malheur, voilà que la perfide Albion, par le biais du Telegraph, l’accuse d'avoir touché 100 000 euros du Quai d'Orsay pour une journée de travail  qui d’ailleurs, s’agissant d’un tel homme n’a, en réalité, pas de prix !

Ce ne sont que des menteries et fariboles et le Quai d'Orsay n’a manqué de le faire savoir, de la bouche même son porte-parole, qui a précisé que la somme était moindre et qu'en outre la procédure était parfaitement régulière. Il faut donc apporter ici quelques précisions et corriger l'effet pour éviter que ne soit injustement ternies les images de notre diplomatie et de son plus pétulant représentant qui l’a si souvent incarnée, et avec tant de talent, dans les instances internationales. Commençons par le plus simple et nous verrons le reste ensuite.

Dominique Galouzeau de Villepin (que mon étourderie naturelle et une pointe de sénilité m’ont souvent fait nommer, par erreur, Galopin de Villouzeau) né en 1953, devait encore, pour atteindre le terme d’une carrière exemplaire, une demi-douzaine d'années de travail au Quai d'Orsay, dont il est où est censé être un fonctionnaire. Deux formules s'offraient donc à lui pour parvenir à une retraite bien méritée, comme vous le verrez.

Première hypothèse : il pouvait, d'une part, accomplir quelques années de service ; encore fallait-il, en pareil cas, trouver un bureau et un travail à un homme qui fut le ministre des affaires étrangères ! Par ailleurs encore fallait-il aussi aussi qu'il désirât lui-même travailler dans de modestes fonctions qu'il a délaissées depuis fort longtemps.

Autre hypothèse ! Bon sang mais c'est bien sûr ! Puis s'il désirait lui-même travailler dans le privé, dans la société de consultation qu'il a lui-même créée sous le nom flatteur et riche de promesses de Villepin International qui a réalisé 1,7 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2013 et 162 200 € de bénéfices pour la même année (voilà qui inclinait évidemment à faire peu de cas de la modeste rémunération qu'il aurait pu percevoir au Quai , même avec le titre de « ministre plénipotentiaire hors classe), le mieux était donc de lui ouvrir le bénéfice d'une mesure dont on a hélas peu parlé dans les médias français, mais qui se révèle en pareil cas fort opportune. En effet, comme le gouvernement œuvre sans cesse, modestement et dans l'ombre, au bien-être et à l'avenir de ses plus hauts fonctionnaires un décret du 8 juin 2011 (signé par le Premier Ministre François Fillon, Alain Juppé (Quai d'Orsay) et François Baroin (Bercy ; mon facétieux Dragon avait suggéré ici « Merci » au lieu de « Bercy !) a prévu un dispositif d'anticipation de la fin d'activité qui permet aux cadres supérieurs de cette administration (Ne mélangeons pas les torchons et les serviettes) de quitter définitivement les cadres de l'administration entre 58 et 62 ans.

Comme le dit (assez improprement d'ailleurs, mais le Quai d'Orsay n'est pas le ministère de la francophonie), ils peuvent le faire « en contrepartie » d'une somme correspondant à un mois de rémunération par année d'anticipation de leur départ à la retraite. Comment on mégote pas à ce niveau, Monsieur de Villepin pouvait donc prétendre, au titre de l’anticipation de son départ, au maximum de six à huit mois, à un an de salaire soit environ 70 000 € et non pas 100 000, comme le prétendait la perfide presse anglaise, mais, comme on dit chez nous « quand on aime on ne compte pas » !

Un esprit simple ne peut manquer, à ce stade, de faire quelques  remarques et d’abord de se poser le problème des annuités ouvrant le droit, non pas à « retraite » mais à « pension », car dans la fonction publique française, il n'existe pas de retraite, mais seulement des pensions, pour lesquelles est établie une inscription sur le Grand livre de la dette publique de la France.

Par ailleurs, la carrière d’un haut fonctionnaire de ce calibre est évidemment un mystère ; on ne peut s'empêcher de calculer que Monsieur de Villepin, entré au Quai d'Orsay en 1980, a été mise en disponibilité dès 1993 (après avoir occupé des postes de conseillers aux États-Unis et en Inde), la poursuite de sa brillante carrière dans la fonction publique restant quelque peu mystérieuse. Certes, grâce à l'action et à la prévoyance conjointes de Messieurs Fillon, Juppé et Baroin, il peut négocier un départ prématuré à la retraite, ce qui est, en outre, une anomalie pour ce qui concerne la fonction publique où n’existe nulle indemnité de ce type mais ne rétablit pas pour autant les annuités manquantes.

Quant à la carrière même de Dominique de Villepin dans la fonction publique entre 1993 et 2013, elle est assez mal connue même si l'on découvre maintenant qu'il aurait exercé (depuis une date mal établie et pour une durée assez mal connue également) la « présidence du conseil d'administration de l'Office national des forêts », fonction qui paraît assez éloignée de ses intérêts comme de ses compétences, si diverses qu’elles soient.

Passons sur ces détails mesquins ! Non seulement Monsieur de Villepin a bénéficié de façon assez floue du décret du 8 juin 2011, mais il a en outre eu la chance de ne pas oublier de demander, en septembre 2013, à bénéficier de ce régime et a reçu l'agrément de son administration, le ministre actuel Laurent Fabius n'ayant pas eu à connaître de cette démarche demeurée purement administrative selon le Quai. Comme ce dispositif a cessé d'être applicable au 31 décembre 2013, Dominique a dû sentir le vent du boulet de la forclusion !

Reste la question de la journée de travail pour 70 000 € qui a suscité des commentaires de la presse anglo-saxonne d'abord, française ensuite. Bien entendu comme toujours cette présentation des faits est inexacte, sinon malveillante. Il est probable que le Quai (comme disent Monsieur de Norpois et les vrais initiés !) a fait bénéficier Monsieur de Villepin d'une mesure qui est souvent appliquée (dans l'éducation nationale en particulier), mais tout autrement et dans un esprit très différent,  à des fonctionnaires qui, étant arrivés au terme de leur droit à congé pour une maladie de longue durée, passerait dans un système impliquant une forte réduction de salaire. Dans ces cas-là, ces fonctionnaires, en reprenant leur service normal, fût-ce pour une seule journée et  de façon tout à fait théorique, se voient ouvrir de nouveaux droits à congés pour un autre congé de longue durée.


Il en a sans doute été de même pour Monsieur de Villepin qui est en parfaite santé et ne manque pas de ressources ! Cette prétendue journée de travail (bien entendu factice) n'a sans doute été qu'une forme de trucage du compteur de ses annuités de retraite, pour lui permette de valider ses longues absences antérieures (en fait depuis 1993) et de bénéficier par anticipation de la pension à laquelle il aspire. Il est donc tout à fait évident qu'il n'a pas eu à passer une journée au Quai d'Orsay ou, pire, au 244 du boulevard Saint-Germain, à faire des cocottes en papier, l'œil sur la pendule, en attendant de pouvoir bénéficier de cette mesure !

Aucun commentaire: