Ce titre, avec , dans sa seconde moitié, son allure très roman picaresque du XVIIIe siècle, annonce que je vais sortir un peu des sentiers que je bats le plus souvent. J'aurais pu tout aussi bien intituler ce billet (plus clairement peut-être) « La digue du gaz » ou « De Nantes à la Crimée » en référence, un peu lointaine je l’avoue , à l’une de nos vieilles chansons françaises , bien connue. Quant à la "maudite poutine" je laisse à Succus aceris le soin de nous l'expliquer (si possible !)
Comment entendre, en fait un tel rapprochement ?
C'est tout simple pourtant. Quand on prend une décision politique, il faut toujours prévoir le deuxième coup (qui sera peut-être le troisième voir le quatrième) ce qu’on dit souvent, de façon plus générale, « Gouverner c’est prévoir ».
Commençons par le plus simple, en l'occurrence le choix par François Hollande de Jean-Marc Ayrault comme Premier Ministre. Quelles que soient les raisons qui ont pu être avancées en faveur d'un tel choix pour un siège inévitablement éjectable ? Il me semble qu'il a été l'objet de diverses interprétations, un peu branlantes souvent, comme celle qui expliquait cette décision par le fait que JMA avait été longtemps président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale. Cette explication ne tenait guère la route puisque ce groupe avait été entièrement renouvelé ou presque par les élections législatives de 2012, mais passons sur ces détails.
Je crois personnellement que le choix initial de François Hollande s'explique par l'affaire de l'aéroport de Nantes (Notre-Dame des Landes) dans laquelle Jean-Marc Ayrault était très engagé et dont on savait très bien qu’elle serait à la fois une pomme de discorde avec les écologistes et, de ce fait même, un excellent et imparable prétexte pour se séparer de ce Premier Ministre, au cas où les choses conduiraient à l’envisager, quels qu’en soient les vrais motifs. Rien de plus simple, si besoin est, que de souffler un peu sur le feu aéroportuaire pour justifier l'éviction de Jean-Marc Ayrault, bien entendu dans un pur esprit de conciliation.
Les choses sont un petit peu plus compliquées, quand il s'agit de la Crimée que Nikita Krouchtchev a, généreusement et contre toute attente, rendue indépendante en 1954. Il s’agissait en fait pour lui surtout de faire oublier ou de compenser un peu, symboliquement, les atrocités commises par Staline (mort en 1953, ne l’oublions pas et dont les vraies raisons ne tenaient guère la route !). Il est piquant, en effet, de reprocher aux Tatars leur collaboration avec Hitler quand on a soi-même signé avec lui, le premier, le pacte germano-soviétique ! A la fin de l’URSS, en 1990, Eltsine, bourré peut-être ce jour-là comme souvent, a oublié ces détails et a maintenu les choses en l’état, sans corriger le tir ! Pas si sûr toutefois comme on va le voir !
Quelle que soit sa position géographique, la Crimée n'est pas tout à fait l'Ukraine et l'importance stratégique de Sébastopol (le port de la flotte russe sur la Mer Noire et vers le Sud, de toute façon jusqu’en 2042 au moins au terme des plus récents accords ) rendait le cas de cette minuscule péninsule très particulier par rapport à l'immensité ukrainienne. En dépit des apparences, Khrouchtchev (suivi en cela plus tard par Eltsine) avait compris que la Crimée et surtout Sébastopol constitueraient toujours, quelle que soit la suite des événements, un excellent et très efficace prétexte pour intervenir dans les conflits en Ukraine, quels qu’ils soient, si le besoin s'en faisait sentir.
La Crimée est donc dans la politique de la Russie envers l'Ukraine, ce que l'aéroport de Nantes est pour le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault dans les rapports du PS avec les écologistes comme dans l'avenir primo ministériel de ce brave Monsieur dont les récents événements de Nantes n’ont pas renforcé la position comme on le voit chaque jour. Je pense que, dans un cas comme dans l'autre, n Crimée comme à Matignon, les préservatifs politiques rempliront leur office, si besoin en est car ils là pour ça !
Pour ce qui concerne la politique française, les choses sont tellement évidentes qu'il me paraît inutile de s’y attarder ; le temps est désormais du choix de son successeur pour lequel je serais assez tenté d'organiser à cette fin une course en sac qui aurait au moins l'avantage d'amuser le petit peuple de France, plus que ne le feront les tractations secrètes qui ont déjà commencé entre des candidats et des candidates qui ont bien du mal à dissimuler leurs ambitions. Même les radios bignoles en font leurs choux gras et lancent des concours de pronostics !
Le cas de l'Ukraine est plus complexe quoique tout aussi évident.
Sans remonter au déluge, l'Ukraine qui était autrefois le grenier à blé de l'Europe a toujours constitué un enjeu économique ou politique de tout premier plan ; dès la fin de la Première Guerre Mondiale, les « Rouges », les « Blancs » (russes) et « Verts » (ukrainiens) s’y sont battus comme des chiens, les principales victimes étant ukrainiennes, car c'étaient essentiellement les ressources alimentaires que se disputaient les premiers au détriment naturellement de la population locale.
Laissons l’histoire de côté car elle n'intéresse guère et est ignorée. J’ai même entendu, il y a quelques jours, un de nos journalistes éminents rappeler avec émotion que la Première Guerre Mondiale avait commencé car l'assassinat de l'Empereur d’Autriche ! Je vous jure que c'est vrai mais ce n'est qu'un détail parmi beaucoup d'autres.
Quoiqu'on soit bien loin de Marseille dans tout cela, c'est une pagnolade à deux comme toujours entre le Kremlin et Washington sous le signe de : « À moi i me fend le cœur et à toi i te fait rien ! » et « Alors on ne retient plus ici ! ». Le tout avec un accent marseillais que l'informatique ne permet pas encore de reproduire !
Il est bien évident que Poutine, qui joue toujours les Rodomonts, en fait un peu trop même, s’il se borne à faire des moulinets qui n'impressionnent guère, et même s'il revêt, pour la circonstance, sa tenue de judoka poids mouche. Il a, en effet, de bonnes raisons de se calmer en son for intérieur, en dépit de ses coups de gueule et de ses mouvements de menton ! Soyons brefs !
La première raison est que les Russes, déjà en crise, détiennent l'essentiel de la dette ukrainienne ; ces rodomontades ont eu, pour l’instant, un seul effet immédiat, quoique très bref, (jusqu'à ce que les financiers aient pris le temps de la réflexion et donc de la rigolade) qui a été l'effondrement de la Bourse à Moscou. Heureusement que les milliards de Poutine sont planqués ailleurs !
La seconde raison est que le seul et unique client pour l'achat du gaz russe est hélas l'Europe et, que faute de cette clientèle, l'économie moscovite peut mettre la clé sous la porte. En effet, il suffit de regarder la carte des tubes (si fragiles et si aisément sabotables par ailleurs – encore un conseil gratuit de Usbek Consulting & Co aux séditieux Ukrainiens !) qui acheminent le gaz russe vers l’Ouest, pour voir que chacun tient l’autre par la barbichette et que celle de Poutine est la plus courte car il n’a aucun autre client pour son gaz ! Vous pourrez alléguer avec bon sens que les Européens seraient aussi ennuyés de ne plus avoir le gaz russe ! C'est vrai, pour un temps du moins, sauf que lesdits Européens peuvent acheter du gaz liquéfié, en particulier au Qatar qui a investi des sommes colossales dans une puissante industrie de liquéfaction, faute de pouvoir songer lui à utiliser des tuyaux et possède des réserves infinies à court terme. Il faudrait tout de même vérifier que les révolutionnaires ukrainiens ne sont pas financés par le Qatar
Tout cela et en particulier les grands gestes et les propos vigoureux de Monsieur Poutine sont en fait à interpréter à lumière de la seule politique intérieure russe à laquelle ils sont destinés en réalité ! Ils visent à peine à faire peur aux Européens que Poutine ne juge tout de même pas assez stupides pour prendre au sérieux toutes ces gesticulations.
Le seul à tirer quelque profit sur les deux plans que j'ai évoqués est Monsieur Laurent Fabius qui se donne des allures de sauveur du monde, sans y croire un seul instant (je parle bien sûr des risques que présente la situation globale) set non d ses chances de se voir désigné comme Premier Ministre.
Tabernac ! Maudite poutine
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1 commentaire:
Guère le temps de faire l'étymologie de la poutine, sur ce point particulier Wikipédia est bien suffisant. Je tenais surtout à signaler qu'on dit «tabArnac» et non «tabernac» (qui sera perçue au Québec comme une hypercorrection).
Succus aceris (ce sera d'ailleurs bientôt le «temps des sucres», les érables -- acera -- vont bientôt commencer à «couler»).
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