Écouté ce matin, sur Europe à 8 heures 15, Maître Herzog que ses appréciations téléphoniques naguères secrètes sur les « bâtards de Bordeaux », ont porté, bien malgré lui, au firmament médiatique. Il y était interviewé par Elkabbach qui, en la circonstance, avait grillé la politesse aux autres radios bignoles.
Ce bref moment de radio m'a inspiré deux remarques, de nature fort différente.
La première, que je me fais souvent à moi-même, est la suivante : quand allons-nous enfin nous débarrasser des momies de l'audiovisuel qui peuplent nos radios et nos télés ?
Europe1, détient, je pense le sinistre record de la matière avec, au premier chef, le dimanche, vers l’heure du déjeuner, un débat sénile baptisé, je crois, les « grandes voix ». Ce ne sont en fait que des intervenants d’un autre âge et qui ne sont même plus de vieilles voix ; elles sont si vieilles que j'ai même oublié les noms des possesseurs (il doit y avoir Namias, Gildas et Villeneuve, formant, avec je ne sais qui, un quatuor de pseudo-journalistes quasi octogénaires qui débitent avec une claire auto-satisfaction, les plus consternantes trivialités.
Mais « C'est pas tout ! » comme chantait Bourvil !
Madame Catherine Nay (je me demande si elle fait pas la quatrième dans la partie évoquée ci-dessus), une gamine qui avoue 70 berges mais qui a peut-être fait des pâtés sur sa carte d'identité, occupe, un peu partout, le terrain politique sans jamais y dire quoi que ce soit bien qu'elle y parle sans cesse ! La vieillesse est certes un naufrage, mais rien n’oblige notre PAF à être un cimetière à bateaux, alors qu’on compte chez nous une foule d’école de journalistes !
Le record était, du moins le croyais-je, jusqu'à dimanche dernier, détenu par Jean-Pierre Elkabbach qui, non content d'occuper un fauteuil présidentiel à la Chaîne parlementaire, cause dans le poste, tous les jours ouvrables, sur Europe1 à 8h15, le matin. Il ne s'agit sans doute pas de direct, car je le soupçonne, vu son grand âge, d'enregistrer les interviews. J'aurais assez volontiers accablé ici Elkabbach, si je n'avais entendu, dimanche dernier, Ivan Levaï que je croyais disparu depuis longtemps, faire sur France Inter, son éternelle revue de presse, exercice dépourvu de tout intérêt à l’ère du net et qui va chercher maintenant pour se nourrir les plus modestes quotidiens des terres les plus reculées. Ce « petit chef », autrefois viré de France Inter avec perte et fracas, a donc réussi à s'y réintroduire par la fenêtre pour y passer encore vingt ans !
Venons-en à notre deuxième sujet du jour annoncé dans mon titre « Les avocats sont des hommes comme les autres ! ».
Je ne le croyais pas auparavant, et les pensais de marbre et de bronze, pour les entendre, tout le temps, toujours et partout, tonitruer face aux situations les plus délicates et dans tous les médias. Écouter ce matin Maître Herzog m'a convaincu du contraire et il est bien clair qu'ils sont, comme nous tous, exposés au tumulte des sentiments et aux troubles qu’ils engendrent.
Ce matin en effet Maître Herzog avait perdu toute sa superbe comme son bel organe ; on l'a senti, dès le départ de son intervention, lorsque, avec la plus grande révérence et un soupçon d’obséquiosité, il a parlé de « Monsieur le Procureur » et de « Madame la Procureur », alors que, dans ses échanges téléphoniques avec Nicolas Sarkozy, il les nommait si volontiers « les bâtards de Bordeaux » !
Cette captatio benevolentiae ainsi faite d’emblée (je doute fort de son effet réel sur les juges), notre Ciceron parisien, tout en manifestant une colère et en retrouvant une agressivité qu’il jugeait légitimes, n'a cessé, durant tout son entretien, de manifester son trouble, en accumulant les hésitations, les bafouillis voire les fautes de français, ce qui n'est évidemment pas dans ses habitudes et prouvai l'étendue de son émotion. Si les juges lui pardonnent de les avoir traité de « bâtards », si peu convaincantes qu’aient été ses explications, ils ne pourront que l’absoudre aussi des imperfections insolites de son discours.
N'empêche j'en suis maintenant convaincu, les avocats sont des hommes comme les autres !
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