Lundi 24 mars 2013, durant l'après-midi, cherchant désespérément un moyen d'échapper aux inévitables et sempiternelles considérations, répugnantes à souhait, indéfiniment répétées sur tous nos médias, à propos du premier tour des élections municipales, je me suis réfugié par hasard sur la Chaîne parlementaire où j'ai eu la chance de tomber sur un documentaire consacré à Silvio Berlusconi que j'ai regardé avec beaucoup d'intérêt jusqu'à son terme, avec même de ma part, à certains moments, une sorte de fascination.
Renseignements pris (après !), ce film documentaire de 52 minutes d’Anne Véron et Gadh Charbit date de 2013 ; il n’est donc pas possible qu'il ait été inspiré à ses auteurs par un parallèle, pourtant tentant, entre Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi, puisque la chute du premier était encore trop récente et les scandales non révélés et que celle du second n'avait même pas encore eu lieu. C. Bartolone, il y quelques jours, dans une prétérition récente, dont on comprend mal la prudence (solidarité transalpine ?), n’a même pas osé s’y risquer et mettre notre ex-Président aux côtés de S. Berlusconi qui, à ses yeux, étrangement myopes pour le coup, serait le seul et unique chef de gouvernement (ou d’Etat) à avoir osé tenter d’influencer la justice ! MDR !
Il est difficile désormais, au vu des dernières affaires, de ne pas faire un tel rapprochement, mais sans doute pas pour les raisons qu’on pourrait imaginer, comme on va le voir.
Un mot du projet tel que l’évoquait le Monde dans sa présentation du documentaire en cause, dont je n’ai vu que la rediffusion, le 24 mars 2014 à 17 heures 15 sur LCP, : « Pour tenter de comprendrecomment l'Italie était tombée si bas, les deux auteurs sont allés à la rencontre des proches collaborateurs de Silvio Berlusconi, de journalistes, politologues et intellectuels italiens. Le constat est accablant. Seuls les proches du Cavaliere, comme Marcello Dell'Utri, son homme de confiance depuis l'université, et poursuivi par lajustice à de nombreuses reprises pour ses liens supposés avec la Mafia, louent encore sa démarche politique. En contrechamp, on retiendra le témoignage de Carlo Freccero, qui aida, à ses débuts, Silvio Berlusconi à monter son empire médiatique avant de lecombattre, et celui de Vittorio Sgarbi, critique d'art, écrivain et polémiste, qui, dans un langage direct [ c’est le moins qu’on puisse dire vu ses obsessions sodomites ], analyse les dérives inquiétantes de la société italienne ».
Je ne suis évidemment pas le premier à faire le rapprochement entre ces deux hommes politiques ; à leur propos, je devrais plutôt dire « politiciens », puisque je suis l’un des rares Français à faire la différence entre « hommes politiques », terme que je juge purement dénotatif, et « politiciens » mot qui, dans notre langue, est clairement péjoratif ; cette évolution sémantique tient sans doute à la raréfaction de la seconde espèce et à la prolifération de la première, celle des « hommes d’Etat » ayant totalement disparu.
La vue de ce film m'a proprement fasciné en raison des rapprochements évidents qu'on peut y faire. Ce rapprochement, je le dis d’emblée, ne porte en rien sur le fond des choses. Berlusconi et Sarkozy sont des politiciens ; ils ne sont donc ni l'un ni l'autre d'une rigueur et d'une honnêteté moyennes et ils ont tous les deux aux fesses (celles de Silvio étant « molles » aux dires expérimentaux de ses partenaires de « bounga-bounga ») quelques casseroles ; la batterie de cuisine de Silvio Berlusconi, qui a été condamné en tout à des années de prison sans en faire jamais un seul jour et dont on soupçonne que la fortune vient initialement, pour Milano 2, de la mafia est bien plus impressionnante que celle de notre Nicolas où ne tintinnabulent que quelques marmites sans grande importance comme l'achat de son appartement et l’apparition fugace de quelques valises libyennes)
Toutefois ce sont des détails, tout à fait autres de ce film, en apparence insignifiants qui m'ont intéressé et ont suscité ce billet.
Le premier est l'utilisation massive de l'image dans une carrière politique. La paternité de cette démarche est évidemment à porter au compte de Berlusconi, dont la stratégie de communication a été en réalité conçue, pour « Forza Italia », par Carlo Freccero, très présent dans le film. Berlusconi se contentait pas, lui, de se faire photographier au Fouquet's (ce qui n'a pas constitué la plus habile des manoeuvres de notre Nicolas), d’aller au Parc des Princes, de fréquenter les actrices, de flatter la croupe de Madame Merkel (ce qui n'est pas un privilège des plus enviables) ou de tenir la taille de B. Obama (à défaut de pouvoir, même sur la pointe des pieds, le saisir les épaules).
Je savais déjà depuis longtemps comment Berlusconi avait peuplé ses chaînes de télévision italiennes de jeunes et accortes blondasses dénudées aux poitrines inévitablement généreuses. Cela lui a certes permis une carrière politique rapide mais, sur le plan culturel, a involontairement constitué, sans bourse délier pour l’Etat italien, un formidable moyen de diffusion de sa langue ! De l'Albanie à la Tunisie, toutes les télévisions nationales étrangères, dans les zones périphériques de l’Italie, ont été, en raison de leur pudibonderie et de l’absence de blondes opulentes tous seins au vent, abandonnées au profit des chaînes italiennes, ce qui a entraîné, de facto et in vivo(comme dirait l’autre !) une promotion fulgurante de la langue italienne dans ces pays. On ne saurait faire grief au lobby gay, tout puissant au Quai d’Orsay, de ne pas avoir vu venir le coup ; en tout cas, cette évolution radicale s’est faite, en particulier, au détriment notre pauvre langue française, dont les Instituts Victor Hugo et les « docu-cumentaires » culturels ne faisaient assurément pas le poids face aux appâts lollobrigidesques des télés berlusconiennes.
Ce film m’a permis de découvrir, car la France en a été privée, l'histoire richement illustrée de la publicité politique berlusconienne ; elle jouait exclusivement, sans cesse et sans vergogne, sur tous les registres de la sensibilité transalpine, depuis les jeunes mères de famille, tous seins dehors, traînant leur marmaille derrière elle jusqu’aux chœurs de jeunes beautés, exposant elles aussi leur appas prometteurs et poussant leurs chansonnettes, toujours à la gloire exclusive de Silvio et dans le même appareil. Il est amusant de constater que, dans ces films, on ne voit pas, à ma connaissance (modeste il est vrai)) une seule binette masculine ! Non seulement Berlu les veut toutes, mais en plus, en dépit de ses fesses molles, il veut l’exclusivité.
Deuxième remarque, tout aussi secondaire.
Il tient aux rôles des images, plus ou moins volées comme on va le voir, et des enregistrements faits, non pas par une fourbe Buissonne mais par la justice et la police !
Ce rapprochement permet de ne pas soupçonner les auteurs et la Chaîne parlementaire d'entrer dans le prétendu complot anti-Sarkozy, en faisant passer ce film à la télé française à des moments où précisément notre ex-Président est sur la sellette pour des affaires du même acabit.
Ce film nous a permis de découvrir non seulement les photos volées au cours de parties fines où Silvio, sûr de l’impunité, comme on a pu le voir, qui ne prenait même pas la peine de retirer à ces « escorts girls » invitées leurs téléphones portables qu'elles ne pouvaient pas cacher dans leur culotte, les pauvres, puisque, pour la plupart, elles n’en portaient pas, mais aussi les enregistrements des conversations téléphoniques de Silvio Berlusconi qui, alors même qu'il est encore Président du Conseil, est écouté par les méchants juges et les féroces policiers. L’Italie n’est pas la France à cet égard, comme l’avait déjà montré bien avant l’exemplaire affaire « Mani pulite », totalement impensable chez nous !
Conversation avec son avocat ou sa cousine, les écoutes dont a fait l'objet de notre ex-Président n’ont eu lieu, et ce point est capital, qu’après sa sortie de charge et ne concernent donc concernent donc qu’un citoyen lambda ! En revanche, Silvio Berlusconi, à l'époque des écoutes citées, est encore en fonction comme Président du Conseil donc comme Premier Ministre ! Forza Italia !
Nous avons eu de ce fait la chance d'écouter des conversations avec les participantes de ces « bounga bounga » dans lesquelles, il faut bien le dire, les considérations politiques et/ou judiciaires ne tenaient qu'une très faible place, ce qui les rend au fond plus innocentes que celles de notre ex-Président et surtout de son ami Buisson ou, pire encore, que celles de son avocat sur les « bâtards de Bordeaux » et les « fuites ». En effet, il était beaucoup plus question de bisous et de jambes en l’air que d'informations relevant du secret de l'instruction ou de la politique. En revanche, la prostitution n’étant pas interdite en Italie sauf s’il s’agit de mineures, l’âge des participantes et la vénalité de leurs prestations étaient des informations de la plus haute importance sur le plan judiciaire.
Tous ces détails sont donc au cœur du Rubygate. Un des moments les plus délicieux du film tient à l'intervention de Berlusconi, en personne alors qu’il est encore Président du Conseil, téléphonant au commissariat où se trouve Ruby qui, sans papiers, a été arrêtée pour vol ! Il exige sa libération immédiate affirmant sans rire, qu’elle est la nièce du président égyptien ! Sur le plan du culot, Silvio laisse assurément très loin derrière lui notre pauvre Nicolas !
Un dernier aspect qui ne concerne, cette fois et pour le moment au moins que Silvio Berlusconi, est l'évolution de la chevelure de Berlusconi comme ses artifices chirurgicaux durant la trentaine d'années où l’on peut suivre les évolutions de sa physionomie. Il est dommage que Monsieur et Madame Cahuzac n'aient pas été sollicités en la matière par le Cavaliere. Il ne fait pas de doute qu'ils auraient réglé avec plus d'efficacité et de constance ses problèmes esthétiques, en particulier capillaires car, au cours ce film, où il apparaît une trentaine d’années durant, si on ne voit pas ses fesses se ramollir, on le voit, en revanche, se déplumer, se remplumer, avant de se déplumer à nouveau pour se reremplumer ensuite. Que n’a-t-il d’emblée opté pour la moumoute ?
L'Italie est certes toujours le pays de la mafia et du 95 D, mais elle n'est assurément pas encore celui de la restauration capillaire ! Quant à Bart(h)olone qui nous disait : "Le seul responsable européen qui a essayé de faire pression sur la justice de son pays, c'est Berlusconi" peut-être devra-t-il revoir sa copie !
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