Je me suis aperçu avec horreur que, tout en
annonçant pour le lendemain, la suite de mon blog du jour (« Arbeit macht frei »), j'avais complètement
oublié de traduire ce titre qui est hélas bien connu, mais qui l’est sans doute,
fort heureusement, bien moins dans les jeunes générations. Il s'agit en effet
de l'inscription qui figurait à l'entrée d'Auschwitz et je crois de quelques
autres camps de concentration ; elle reprenait, sans ironie, une
devise qui figurait à l'entrée des
usines de l'IG Farben , et soulignait, en allemand, que « le travail rend libre
» ! Toutes mes excuses pour cette omission et j'en viens maintenant au propos
du jour.
Comme je le disais, mais peut-être cette mention
est-elle passée inaperçue, la France, avec deux ans années de retard, s'est
décidée à proposer une traduction française officielle du terme « hashtag »,
mais cette traduction par « mot-dièse » cumule les bizarreries, ce qui n'est
pas pour étonner quand il s'agit de décisions officielles concernant notre
langue.
Pour faire vite et régler ces points, je
mentionnerai simplement trois bizarreries ou erreurs :
1.
Le « croisillon »
ou « carré » (au Québec et en Belgique) est un signe typographique «
# » qui ne doit pas être confondu avec le dièse « ♯ ».
2. Deuxième point bizarre dans le terme proposé
« mot-dièse » ; le prétendu dièse est placé après le mot-clé (« tag »)
alors que, dans l'usage ordinaire, il est placé placé avant.
3. Troisième remarque et non la moindre ;
le trait d’union pose un problème à l'ordinateur ; je rappellerai
simplement que le trait d’union a été, en principe supprimé, sauf dans quelques
cas précis, par la loi Rocard.
Dernière curiosité et non la moindre ;
l'usage du terme « mot-dièse » est recommandé à tous les scripteurs
français mais (et je cite ici le Journal
officiel du 31 janvier 2013), « il s'impose dans l'administration » !
Pour reprendre ici une des traditions de mon blog, si vous trouvez une
attestation de « mot-dièse » dans un document administratif, vous
avez gagné, comment au bon temps de Coluche, une tringle à rideaux !
Nous
faudra-t-il, pour éviter ces fâcheuses entorses à la loi, marcher sur les
brisées de nos amis québécois, grands spécialistes de la terminologie, et qui,
deux ans avant nous, se sont penchés sur ce problème et ont proposé de pourvoir
le français, par l'entremise de l'Office québécois de la langue française, d’un
équivalent de l’affreux « hashtag » par « mot-clic » ? L’OQLF, dans
le même texte, donne la définition
suivante du terme : « Série de caractères
précédée du signe #, cliquable, servant à référencer le contenu des
micromessages, par l'indexation de sujets ou de noms, afin de faciliter le
regroupement par catégories et la recherche thématique par clic.
[…]
Un mot-clic prend la forme suivante : #motclé. Il s'agit
d'un mot-clé sur lequel on clique; c'est par le clic, associé à un hyperlien,
qu'il devient utile et intéressant. Ajouter un # avant un mot le transforme
automatiquement en lien cliquable menant à une page de recherche contenant tous
les messages... ».
Cette proposition de « mot-clic » par l’OQLF (meilleure au plan sémantique) n'a pas fait l'unanimité dans la
Belle Province et le débat continue là-bas comme le montre différents textes récents
dont celui produit par Bruno Maltais et qu'on peut trouver dans le site de Radio-Canada.
« Mot-clic » ne plaît pas plus à tous
que « mot-dièse », mais une fois de plus, s’illustre ici, la tendance
fâcheuse des Français à considérer que la langue française est leur propriété personnelle
et qu'ils en sont les uniques propriétaires.
Cette idée a conduit à ne pas retenir, une fois
de plus, la proposition québécoise émise pourtant deux ans plus tôt et qui, somme
toute, n’est pas plus mauvaise.
La chose n'est pas pour étonner, quand on a vu
le temps que les commissions de terminologie et les autorités françaises ont
mis à écarter l'absurde néologisme « mél » au profit de « courriel »
que les Québécois avaient proposé bien avant et qui est infiniment meilleur. On
a fini par se rendre, en trainant les pieds, à cette proposition de bon sens,
mais les contorsions et les délais pour l’admettre de la part des autorités françaises
sont des plus comiques !
N'étant
personnellement ni familier ni amateur de Twitter et résistant donc aisément à
la vogue de « hashtag », je n'ai guère de raison d'utiliser ce terme dont
je ne vois pas d'ailleurs la nécessité, puisque la simple recherche par mot-clé,
dans Google ou ailleurs, donne des résultats qui sont tout à fait satisfaisants,
sans qu'on ait à se poser le problème de la traduction de cette épouvantable « hashtag ».
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