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jeudi 23 janvier 2014

« Arbeit macht frei »


 Ne vous interrogez pas trop longtemps sur le titre de ce blog, car il traduit simplement l'impression pénible que me donne, à chaque fois que je l’entends, le mot « hashtag » qui fait désormais partie du lexique quotidien de toute personne qui aspire à être dans le vent ou du moins à le donner à penser.

C'est évidemment le cas en particulier de toutes celles et de tous ceux qui causent dans nos postes ou se montrent sur nos écrans. Ce que l’on sait moins, car eux-mêmes ne le comprennent pas nécessairement,  c’est qu’au-delà du plaisir quasi orgasmique que leur procure l’usage répété de ce terme, c'est évidemment la façon la plus commode et la moins coûteuse de faire de la publicité pour leur employeur, en recommandant, par cette voie la lecture ou la consultation,  de tout ce qui peut être pour le « hashtag » en cause sur le site de cet employeur ; dont ils ne cessent par ailleurs de répéter inlassablement le nom.

Je sais bien que l'immense majorité des Français n'éprouve pas le même sentiment que moi, mais je fais hélas partie de celles et de ceux qui, si peu que ce soit, ont connu la dernière guerre mondiale et l'occupation de la France et pour qui le mot « hashtag » sonne hélas, à tort ou à raison, comme « stalag » ou « oflag », termes qui me furent familiers dans ma petite enfance pour avoir servi de résidences à des membres de ma famille. On me  pardonnera donc la référence peut-être un peu excessive que j'ai faite à ces sonorités en donnant ce titre à ce billet.

Elle est d'ailleurs passablement inexacte, puisque, assez curieusement (la chose est rare et mérite d’être signalée), en dépit de quelques recherches rapides, je n'ai pas réussi à trouver la véritable étymologie de ce terme, qui pourtant à chaque jour se multiplie dans nos médias.

Il faut constater hélas que, comme la plupart du temps, nos informaticiens et nos multiples commissions de terminologie n’ont même pas été capables de trouver un équivalent français convenable. S’en sont-ils même souciés, tout à leur joie d’user d’un américanisme de plus ? Vous n’avez sans doute même pas noté que le Journal officiel de la République française, dans sa page 1515 du 23 janvier, a admis dans notre langue l’étrange «mot-dièse» (avec, en outre, un trait d’union proscrit par la loi Rocard !) et s’est risqué à en donner une définition : « Suite signifiante de caractères sans espace commençant par le signe # (dièse), qui signale un sujet d'intérêt et est insérée dans un message par son rédacteur afin d'en faciliter le repérage», en précisant même qu’au pluriel, on doit écrire «des mots-dièse ».

Peut-être faudrait-il mettre en concours l'innovation néologique en cette matière, comme on l'a fait, autrefois, lorsqu'il s'est agi de trouver un équivalent français au mot « computer » qui était en train d'envahir le lexique informatique français. Si je me souviens bien, ce fut l’éminent latiniste Jacques Perret, spécialiste de Virgile, qui, à la demande d’un de ses anciens étudiants, devenu un haut cadre chez IBM, qui proposa le mot « ordinateur » qui s'est imposé dans la suite.

Au cas où vous ne seriez pas exactement informé, (comme moi avant de rédiger ce billet), le sens exact et de l’origine du mot « hashtag » qui est d'ailleurs intraduisible en français, pour le moment du moins. C’est sans doute ce qui conduit à en faire un abus d'autant plus insupportable que la plupart de ceux qui utilisent ce terme en ignorent la véritable définition qui est passablement complexe et souvent inexacte en outre comme nous le verrons demain car je ne viendrai pas à bout de cette affaire aujourd’hui.

Je me permets ici de vous donner quelques informations plus précises que j’ai purement et simplement empruntées, sans « hashtag », via Google, à Wikipedia qui s’avance sur ce terrain avec beaucoup de prudence, en faisant appel à ses lecteurs pour compléter ou corriger son propre texte :
« Le hashtag (ou encore mot-dièsemot-clic) est un marqueur de métadonnées couramment utilisé sur internet où il permet de marquer un contenu avec un mot-clé plus ou moins partagé. Composé du signe typographique croisillon « # » (appelé hash en anglais), suivi d’un ou plusieurs mots accolés (le tag, ou étiquette), il est particulièrement utilisé sur les IRC et réseaux sociaux ».

Autre définition : « Le principe du hashtag mérite donc une petite explication : tout d’abord, d’un point de vue étymologique, il se compose de hash (une sorte de dièse, que les Anglo-Saxons ont souvent l’habitude d’utiliser en substitution au terme « number ») et de tag. Ce dernier signifiant « mot-clé » [dès lors pourquoi ne pas en user ]. Voilà, un hashtag c’est un mot-clé précédé d’un dièse. [ un dièse qui n’en est d’ailleurs pas un !  ] ».

Tout cela n’est pas très clair et on se prend à rêver quand on apprend que le « faux dièse », signe conventionnel qu’on place devant un mot pour le rechercher,  aurait pu être notre charmante « esperluette », représentée typographiquement par &, qui figure elle sur tous les claviers et qui même fut longtemps la 27ème lettre de notre alphabet français !

Il y a sans doute parmi ceux et celles qui par hasard liront ce blog des gens qui auraient la capacité de se livrer à une réflexion à ce sujet et de nous proposer un terme qui fleure un peu moins la « quenelle » que ce détestable et indéfendable « hashtag ».

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