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lundi 18 octobre 2010

« Chéri, j'ai congelé les gosses ! »

A quand le film puisque nous avons déjà le livre?

On pouvait certes s'attendre à autre chose de la part d'un père de famille, fût-il père d'enfants congelés, qui ne paraissait pas dépourvu d'éducation, et, au-delà, d'intelligence et même de bon sens (Je crois qu'il était plus ou moins ingénieur, ce qui n'est pas toujours une réelle référence.). Or voilà qu'il nous sort un livre sur la congélation des nourrissons, reculant toutefois devant un titre qui aurait pu stimuler les ventes et que je lui suggère pour la prochaine édition « Chéri(e) j'ai congelé les gosses !».

Je ne sais pas dans quelles conditions ce livre a été « produit » (car on ne peut guère parler d’écriture en pareil cas) tout en espérant vaguement qu'on l'a fait pour lui, ce dont je doute toutefois pour l'avoir vu passer sans toujours le regarder fort heureusement, dans de nombreuses émissions radio ou télé où il affichait clairement une vive, quoiqu’étonnante, satisfaction de soi.

Cette publication est évidemment consternante, mais en même temps très significative et elle illustre au fond parfaitement l'état de notre pauvre France, pour ce qui touche aux médias comme à l'édition. Dans un genre un peu différent, mais pas si éloigné somme toute, j'entendais ce matin, sur Europe 1, Fogiel interviewer les jumeaux prognatho-acromégales, les Bogdanov, vous savez ceux qui ont la bosse des sciences dures au menton ! Tout le monde se doute depuis longtemps qu'ils sont des extra-terrestres et des margoulins scientifiques qui se sont introduits, Dieu sait comment (sans doute par un « trou noir ») dans notre galaxie dont ils ont pénétré tous les secrets et plus spécialement dans son univers médiatique où ils semblaient pourtant avoir cessé de sévir. Or, pour ce qui est de l'édition, si le manuel de congélation des nouveaux-nés paraît, sans surprise, ches Michel Lafon, le livre des Bogdanov est publié par Grasset, ce qui a dû faire se retourner dans sa tombe Jean Giraudoux !

Les Bogdanov, qui se disaient « docteurs « depuis vingt ans, ont fini par soutenir, assez récemment, des thèses (l'un en physique, l'autre en mathématiques) que, contre toutes les habitudes en la matière, le CNRS vient de faire expertiser par des commissions spécialisées.

Tout cela est fort étrange et c'est Marianne2.fr qui a découvert et révélé le pot aux roses en publiant des extraits de ces rapports rédigés au vitriol, ce qui est très rare en pareil cas.

Où sont les étrangetés ? me direz-vous. Il n’en manque pas !

Tout d'abord le fait, rarissime, que le CNRS (A quel titre s'il vous plaît ?) se mêle de faire expertiser des thèses dont il n’a que faire, sauf pour des candidats à des postes CNRS? S'il veut le faire pour toutes les thèses qui sont soutenues, il ne manquera pas d'ouvrage. Les conditions quelque peu rocambolesques de soutenances de ces thèses (certains y ont même vu des canulars !) ne justifient pas de telles initiatives de la part du CNRS qui devrait bien s’occuper à fouetter d’autres chats !

Deuxième étrangeté dans le fait que c'est « Marianne2.fr » qui publie les documents en cause. Il semble bien que le but de la manoeuvre soit d'atteindre par là, moins les Bogdanov eux-mêmes (qu’aucun savant ne prend au sérieux ) que Nicolas Sarkozy lui-même dont ils se prétendent les amis ; malgré quelques réticences et devant la lourde insistance de Fogiel, que seul ce détail préoccupait, ils ont fini par en convenir dans l'émission de ce matin 18 octobre 2010.

Cette émission pose une fois de plus le problème de la valeur de l'information et de la compétence de ceux qui la font. La seule vraie question à poser en pareille affaire n'est pas celle des relations des auteurs des thèses avec le président de la République, mais celle des raisons qui ont pu pousser une université française (celle de Dijon en la circonstance) à délivrer le titre de docteur aux auteurs de deux thèses que les experts consultés considèrent, à l'unanimité et sans le moindre ménagement, comme totalement nulles et révélatrices d’immenses ignorances dans les domaines dont elles prétendent traiter.

Certes dans des domaines scientifiques de la nature de celle que les Bogdanov abordaient, aller soutenir à Dijon des thèses qu'on s'attendrait à avoir déposées à Paris-VI ou à Paris-XI, le choix de Dijon a quelque chose de très étrange aussi. Peut-être ont-ils pensé, dans la mesure où leurs thèses étaient rédigées en anglais, que les Bourguignons du coin ignoreraient tout de cette langue, ce qui faciliterait sans doute leurs impostures.

Les Bogdanov s’étant parés du titre de docteurs bien avant d’avoir tenté de soutenir ces thèses et Fogiel le leur rappelant, ils ont eu le front de soutenir, sans trop de risques car Fogiel n’y entend clairement rien, qu’il fallait de 7 à 10 ans pour faire une thèse, alors qu’on doit demander une dérogation à partir de la quatrième année d’inscription

Une autre explication serait que les Bogdanov, en la circonstance, cherchent surtout à créer du buzz pour faire la promotion de leur récent ouvrage " Le visage de Dieu" dont ils prétendent déjà avoir vendu 200.000 exemplaires. Ce genre de ruse est bien connu et je trouve que si le succès éditorial n'est pas au rendez vous et à la hauteur de leurs espérances, ils pourraient essayer de faire un lot avec le livre de Courjault et le leur, et le fourguer sous un titre commun « Chéri j'ai congelé les gosses car ils avaient la gueule de Dieu ». Et le tout pour 10 €.

1 commentaire:

Marc a dit…

Ciel, le Persan est reviendu, la bave aux lèvres et le coupe-cigares à la main !!!

Il était franchement temps d'emplir la déshérence de votre étrange lucarne et d'offrir aux assoiffés d'adrénaline leur pitance dont ils ont été si longtemps privés !!!

Il est vrai que la fréquentation des blogs collerait le bourdon à tout(e) honnête homme (femme), le côté peau lissée des faux débats étant devenu la norme.

Mais je promets solennellement ne pas tomber dans ce travers et rester politiquement inkorrekt jusqu'à mon dernier souffle.

Bon retour et comme on dit en fin de soirée "chez vous ou chez moi ???"