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mercredi 20 octobre 2010

Grève, blocage et sabotage.

Grève, blocage ou sabotage ?

J'étais pourtant fermement décidé jusqu'à 16:15 en ce 20 octobre 2010, à ne pas écrire une seule ligne sur la crise sociale liée à la question des retraites dans un débat qui me paraît débile et même parfois stupide.

Il ne s'agit pas de faire ici l'historique de la question puisque tout le monde sait que le premier à avoir mis en évidence à la fois le caractère inéluctable d'une réforme et le risque fatal qu'elle comporterait pour tout gouvernement qui l’entreprendrait est, chacun le sait, Michel Rocard. Cette lucidité et sa prudence l’ont d’ailleurs conduit à ne rien faire dans un domaine pourtant, à ses yeux, si important et où l’action était si urgente et si indispensable. On observera, en outre, qu’actuellement, sans doute préoccupé par les calottes glaciaires et le grand emprunt (sujets qui sont, il est vrai, plus rémunérateurs moins brûlants), Rocard est en ce moment remarquablement discret sur une question dont il est pourtant sans doute l’un des meilleurs connaisseurs.

Pour un Philistin de mon acabit, il est évident que, dans toute cette affaire, le moment essentiel a été d’abord 1993, où Balladur a modifié le nombre des annuités nécessaires pour obtenir une retraite à taux plein, en faisant passer ce nombre de 37,5 à 40 et en faisant calculer cette retraite sur 25 années et non plus sur 10. Le gouvernement Balladur avait alors été assez habile pour s'en prendre au seul secteur privé, ce qui naturellement n'a guère ému le secteur public, dont on sait bien que le rôle est toujours déterminant dans les mouvements sociaux car les gens y étaient souvent payés, d’une façon ou d’une autre durant les grèves. En 1993, le secteur public et, a fortiori, les régimes spéciaux n’ont pas bronché et se sont même, me semble-t-il, laissés aller à rire sous cape devant cette réforme qui ne les touchait en aucune façon. Ils se sont émus en, revanche, en 2003 au moment où ce régime de passage des 37,5 à 40 annuités (et même à 41 en 2012) leur a été étendu par Fillon (déjà lui !). Le but, dans cette affaire, était certes d’aligner le public sur le privé (sans toucher aux régimes dits spéciaux !) et de faire cotiser les gens plus longtemps, mais SURTOUT de faire en sorte qu'un nombre extrêmement réduit de retraités soient désormais en mesure de percevoir leur retraite à son taux plein.

Dans la confusion actuelle, on discute de tout et de rien, chacun semblant trouver son intérêt dans ce dialogue de sourds. Les syndicats, qui prétendent ne jamais avoir été consultés, l'ont été, à de nombreuses reprises, depuis le Grenelle social de février 2010, mais il est clair que de telles négociations ne servent à rien si chacun, comme c'est toujours le cas, entend camper sur ses positions et ne pas faire la moindre concession On connaît le principe de base de la CGT ; « Ce qui est à moi est à moi, pour ce qui est à toi on va négocier».

À regarder les choses objectivement et de loin, on peut même penser que les principales concessions sur la pénibilité et le travail des femmes sont venues du côté gouvernemental mais ce ne sont pas toujours les mesures les plus opportunes qui ont été mises en avant. Le parti socialiste semble admettre, plus ou moins, le caractère inévitable de la réforme et le passage à 62 ans (comme le montrent les palinodies de Mme Aubry sur ce point). En réalité, il est évident que les socialistes sont ravis que l’inéluctable réforme qu'ils s'étaient si soigneusement abstenu d'entreprendre 14 années durant, soit mise sur les rails par la droite, même si c'est dans des conditions difficiles qui, en tout cas, leur auront été épargnées.
Cette métaphore des rails me ramène à mon sujet puisque si j'ai décidé d'intervenir sur ces questions, c'est parce que sur la ligne Aix-en-Provence-Digne, au passage à niveau de Venelles, j'ai vu quelques individus vêtus de gilets de travailleurs routiers s'affairer autour d'un certain nombre de wagons de marchandises qui étaient arrêtés sur la voie. Je ne sais pas exactement ce qu'ils faisaient là, mais tout me donne à penser qu'ils avaient placés ces wagons à cet endroit pour empêcher le passage des TER.

Ces gens-là étaient des grévistes je suppose (même si j'en sais rien car peut-être étaient-ils en service et, à ce titre, payés par la SNCF, mais sans doute pour faire tout autre chose) ; ils s'affairaient donc, me semble-t-il, à bloquer la ligne avec des wagons de marchandisers chargés qu’ils n’avaient sans doute pas poussés à la main depuis la gare d’Aix-en-Provence, mais en « empruntant » en douce, pour ce faire, une motrice. Le fait de disposer des obstacles imprévus sur une voie de chemin de fer est, en général, un comportement répréhensible et peut être même tout à fait legitimement assimilé à un sabotage.

S'il est vrai, comme je l'ai souvent entendu dire par des responsables syndicaux et politiques de gauche, que le gouvernement fait de la « provocation » en mettant des forces de police aux endroits « sensibles » et en particulier devant les établissements scolaires que les élèves bloquent à grand renfort de poubelles, je pense que les provocateurs devrait pousser la provocation un peu plus loin.

Il doit bien être possible de trouver parmi les cheminots non-grévistes quelqu'un qui, moyennant une rémunération aussi solide que discrète, se mettent, sans rien dire à persoone comme les bloqueurs, aux commandes d'une motrice et la fasse entrer en collision avec les wagons inopinément arrêtés en pleine voie ; s'il s'agit d'un professionnel, il doit être capable de faire tout ça sans trop prendre lui-même de risques. Je pense que, dans ces conditions, on pourrait tout à fait inculper de sabotage des agents de la SNCF qui se sont livrés à cette manoeuvre de blocage/sabotage en utilisant illicitement en outre une motrice!

La confusion entre le droit de grève et le fait d'empêcher de travailler ceux qui n’entendent pas s'associer à cette grève est en France aussi ancienne que constante. Il en est de même pour les établissements scolaires et je ne vois pas davantage de quel droit des élèves empêchent de pénétrer dans les locaux ceux qui souhaitent le faire. Dans cet ordre d'idées, j'ai peine à croire qu'après avoir entassé les poubelles devant la porte du lycée ou du collège, ils se soucient de les remettre en place, épargnant ainsi aux travailleurs, du sort desquels ils se déclarent si soucieux, le soin de les remettre aux places où elles auraient dû rester. Mais je ne pense pas que cet aspect des choses constitue un réel souci pour nos lycéens ou collégiens grévistes qui, toutefois, pour épargner la peine du rangement aux travailleurs, mettent le feu aux deiyes poubelles et parfois même au collège.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

J AI entendu hier sur je ne sais plus quelle chaine un commentaire qui me fait me poser bien des questions .UN des grévistes d une des raffineries devant laquelle sont posées des barrages était interrogé sur les pertes qu il allait subir sur ses bulletins de salaire du fait des jours de greve qui commencent à s accumuler ....goguenard ET MEME SOURIANT il répondait au journaliste que ce n etait pas son souci car il disait que des collectes etaient soigneusement organisées pour lui compenser ses pertes de salaire .....iL SE TROUVE QUE JE CONNAIS UNE PARTIE DE LINDUSTRIE CHIMIQUE et pharmaceutique .... JE MET DONC EN CAUSE LA SINCERITE ET L HONNETETE DE SON COMPORTEMENT MERCENAIRE et de CERTAINS syndicats qui en sous main manipulent ainsi certains secteurs de la gréve ...
OLIVIER

usbek a dit…

Cher Annyme Olivier
J'ai entendu expliquer le coup des raffinneries, assez génial j'en conviens. Dans les raffineries il y a des non-grévistes (qui sont payés bien sûr mais ne peuvent travailler si la raffinerie s'arrête du fait de la grève); à côté d'eux il y a les grévistes déclarés qui eux sont "d'astreinte" pour assurer la sécurité et qui sont donc payés de ce fait mais sans travailler. Résultat des courses personne ne travaille mais tout le monde est payé. Vive la grève!

usbek a dit…

Auto-commentaire
Ce matin 22 octobre 2010)j'entends à la radio que tout le centre de Marseille est bloqué par les fonctionnaires territoriaux locaux en grève (comprendre par cette noble périphrase les "éboueurs")qui font une "opération-escargot" avec LES CAMIONS BENNES !!!!!!!
On croit rêver... mais peut-être n'avaient ils plus d'essence dans leurs propres voitures ou ne voulaient-ils pas la payer!