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samedi 23 octobre 2010

Edwy Plenel sait compter!

Tout le monde a été fort surpris de voir, lors de la dernière grande manifestation parisienne, Edwy Plenel se lancer dans le comptage des manifestants qui était, jusqu'à présent, les spécialités, exclusives et hilarantes, de la police et des syndicats avec les résultats que l'on connaît.

Edwy Plenel sait compter ! Les abonnés à Médiapart, d'abord et surtout, mais désormais aussi les manifestants (opération un peu "pompée" sur les Espagnols!). Compter les seconds devrait, pensait-il, le conduire à compter en plus grand nombre les premiers.

Quelques explications à ce propos, que d'aucuns peuvent juger étrange, sont nécessaires et je vais vous les donner.

La première est des plus simples. Si l'on prend deux organes d'information électronique bien connus, Médiapart et Rue 89, on observe que leurs fonctionnements commerciaux sont fort différents. Rue 89 est financé, à 60 %, me semble-t-il, à en croire ses responsables, par la publicité ; Médiapart et Plenel vivent des abonnements. L’évaluation des fréquentations, base des tarifs publicitaires, est facile à truquer, du moins telle qu'elle est pratiquée par le « Nouvel Observateur » d’où je fus naguère chassé pour irrévérence envers la gent journalistique. Pour ce qui me concerne, sans que des textes de mon cru y soient accessibles depuis six mois, j'ai continué longtemps à avoir 2000 visiteurs par mois ! S’il est facile de falsifier les chiffres de fréquentation et de duper ainsi les annonceurs, il en est tout autrement pour les abonnements.

Une deuxième observation, que je fais depuis plusieurs années, concerne l'organisation même des manifestations. J'ai le souvenir de manifestations d'autrefois, dans lesquelles les manifestants défilaient en rangs serrés, au coude à coude, une ligne suivant immédiatement et de près la précédente. Aujourd'hui, on a au contraire l'impression que les manifestants se tiennent dans des formations aussi dispersées que possible, qui leur permettent, par là même, d'occuper le maximum de terrain, chaque manifestant est à un ou deux mètres de son voisin et les petits groupes défilent à pas lents et comptés, à des distances plus grandes encore. Il me paraît évident qu'il y a là, comme sur beaucoup d'autres aspects, des consignes données par les organisations qui gèrent ces affaires. Le but, à l'évidence, est de faire occuper le maximum d'espace par le minimum de manifestants.

La troisième observation concerne la spontanéité des manifestations lycéennes en particulier. J'ai entendu récemment développer deux thèmes qui me paraissent du plus haut comique. Le premier est celui, récurrent, de l'indépendance politique de ces actions. Point n'est besoin de rappeler ici la grande époque où le secrétaire général de la CGT était statutairement membre du bureau politique du parti communiste ! Le second thème est celui de la non-manipulation des organisations lycéennes ou étudiantes par les formations politiques. On sait néanmoins que longtemps (et peut-être est-ce encore le cas), le principal clivage entre les deux des principaux syndicats étudiants (« principaux » étant un bien grand mot pour des organisations microscopiques) était que le premier était d'obédience communiste, alors que le second était rattaché au parti socialiste. Vu le nombre des mégaphones et plus globalement du matériel utilisé dans les manifestations de « jeunes », sans parler des locaux dont ils disposent et des modes d'organisation de ces manifestations, il est évident que des formations politiques (naturellement de gauche) sont derrière tout cela. La chose d'ailleurs sans importance ni intérêt pour mon propos.

Revenons aux comptages chers à Edwy Plenel, aussi bien ceux des manifestants que ceux des tintements du tiroir-caisse de Médiapart. Il avait fait un très joli coup avec l'affaire Woerth mais, en la matière, un coup, si réussi qu’il soit, ne suffit pas et il faut renouveler régulièrement ce genre d'opération si l’on veut accroître la clientèle. Il en fallait donc, de toute urgence, un nouveau puisque les manifestations occupaient désormais le premier rang de l'actualité.

L'astuce majeure dans l'opération et la mise en oeuvre est qu'elle constitue un coup de billard à plusieurs bandes. Tout le monde s'attendait en effet à ce que Médiapart produise des chiffres proches de ceux des syndicats, mettant par la même en évidence les falsifications opérées par le pouvoir sarkoziste et sa police. Or c'est précisément le contraire qui s'est produit puisque, lors de la dernière manifestation parisienne, alors que la police annonçait 89.000 manifestants et les syndicats 330.000, Médiapart n'en a compté que 76.000 ! Je passe sur les détails du comptage qui sont sans importance ici puisque ces dénombrements sont probablement tous aussi bidons les uns que les autres.

Le but de l'opération était par le caractère inattendu de ce résultat de créer, comme on dit aujourd'hui, le « buzz » pour faire monter le nombre des abonnés à Médiapart, la seule vraie et bonne source d'information authentique et sincère sur le marché, mais aussi contre toute attente de montrer que les chiffres de la police, qu'on a tendance à croire minorés, étaient au contraire majorés, ce qui contribuait, de façon inattendue mais perversement efficace, à accréditer la thèse anti-sarkoziste de la création, volontaire et organisée, d'un climat d'insécurité et d'inquiétude.

Bravo Edwy ! Joli coup ! J'espère que le tiroir-caisse de Médiapart a tinté d'importance !

2 commentaires:

Marc a dit…

Pas faux et corrélé par la démonstration d'un logiciel de scan des images de manifestation (comptages des têtes de manifestants et non des jambes puis division par deux) qui valide le comptage préféctoral mais avec quelques quelques point de pourcentage en moins.

Que pensez-vous de la vague de cambriolage sévissant dans le milieu journalistique ?

Anonyme a dit…

la question de marc est interessante non ?
QUI JOUE AU BILLARD A 3 BANDES ?
OLIVIER