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jeudi 12 août 2010

La Sorbonne des sables

« Nous n’avons pas de pétrole mais nous avons des idées ». On connaît la formule ; tout nous disposait donc à nous entendre avec les émirs qui ont du pétrole mais pas d’idées !

En 1925, Victor Lustig tenta de vendre la Tour Eiffel, sans y parvenir d’ailleurs puisqu’il me semble bien l’avoir aperçue lors de mon dernier séjour à Paris. On a fait mieux depuis, puisque, au terme d’un accord signé en 2006, Jean-Robert Pitte qui présidait alors l’Université Paris IV a vendu la Sorbonne à Abou Dabi.

Il faut quelques explications supplméentaires, car, à l’instar de la Tour Eiffel, mais rue des Ecoles, la bonne vieille Sorbonne est toujours en place, ce qui pourrait donner à penser que, tout comme Victor Lustig avec la Tour Eiffel, Jean-Robert Pitte a échoué dans son entreprise.

Que nenni puisque, comme nous vient de nous l’apprendre le Canard Enchaîné, non seulement la Sorbonne est bel et bien à Abou Dabi, mais les chaires parisiennes sont même désertées par des professeurs qui, au terme d’un confortable voyage en business class et d’un séjour de deux semainnes en hôtel de luxe (tous frais payés) gagnent, en un demi-mois d’enseignement, 7500 euros, donc bien plus qu’ils ne perçoivent à Paris pour un mois d’activité, cette rémunération s’ajoutant, sans la réduire, à celle qu’ils perçoivent en France !

La chose mérite quelques explications dont j’espère que nul ne songera à les porter à la connaissance des émirs en cause qui pourraient mal prendre d’avoir été ainsi floués.

L’histoire doit être prise à son début, sous le règne de Chirac, peu familier des affaires universitaires et peu intéressé par elles. Le ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche était alors Gilles de Robien. Ce dernier était encore moins informé de ces affaires universitaires que le président lui-même, puisque le Comte Gilles de Robien, après des études secondaires laborieuses et une tentative, hélas avortée, de conquête d’une licence en droit, s’était orienté vers la fonction d’agent d’assurances. Il l’avait quittée ensuite pour la politique, où son physique avantageux lui avait permis, somme toute, une belle carrière.

C’est donc lui qui, en février 2006 a « parrainé » un accord de partenariat international pour l’implantation d’une annexe, privée, de la Sorbonne. Le ministre, dans son discours, ne manque pas d’évoquer, devant un parterre d’émirs ébahis et admiratifs, « notre vieille et belle Sorbonne [...] héritière d’une tradition d’excellence multiséculaire ».

Ce que s’est bien gardé de dire (car le pauvre Robien, lui, n’en sait sans doute rien) le fourbe conseiller qui lui a écrit le discours, c’est que l’on était en train de vendre du vent (ce qui n’est pas trop grave pour des hommes du désert !). En effet, en l’occurrence, on vendait le NOM "Sorbonne", dont on garantit aux acheteurs ( à un prix et à des conditions qui ne seront jamais connus car il y a là, de toute évidence, un secret de défense nationale) « 'l’exclusivité régionale de l’usage du nom « Sorbonne » pour le Proche et le Moyen-Orient ».

Tu parles Gilles !
En effet, la dite Sorbonne n’existe plus depuis quarante ans, suite à la Loi Edgar Faure. Non seulement, elle a supprimé la Sorbonne (qui était l’université de Paris qu’on a alors saucissonnée en treize nouvelles universités, bêtement numérotées de 1 à 13, du centre à la périphérie, (Paris 13 étant dans les betteraves de Villetaneuse, tandis que les premiers numéros se situaient dans le Quartier Latin), mais elle a même fait disparaître le titre de « professeur à la Sorbonne » convoité surtout pour le supplément de traitement qui y était attaché et dont on voit certains filous universitaires se parer encore, quarante ans après, pour impressionner les gogos, ce qui, on le voit, continue parfois à marcher !

Naturellement, comme la loi permettait aux universités de se donner un nom moins rébarbatif que Paris 10, Bordeaux 4 ou Lyon 3, toutes les universités du Quartier Latin ont voulu s’approprier le mot « Sorbonne ». Il a donc fallu à la fois arbitrer et trancher pour décider que Paris 1 serait « Paris-Panthéon-Sorbonne », Paris-3 « Paris- Sorbonne Nouvelle » et Paris 4 « Paris-Sorbonne ». Comment voulez-vous que de pauvres émirs s’y retrouvent au cul de leurs chameaux !

Il faudrait une demi-douzaine de posts pour raconter toute l’histoire qui en vaut la peine et où subsistent de larges zones d’ombre.

Un détail savoureus entre autres ; non seulement, Pitte a vendu aux émirs la jouissance d’un nom qui n’existe plus depuis quarante ans, mais en outre il les a roulés sur la prétendue marchandise. En effet, dans la Sorbonne des sables, on enseigne le « droit et les sciences politiques » qui n’existent pas à Paris 4 mais sont à Paris-Panthéon-Sorbonne (Paris 1) et à Paris 2. Pitte a donc vendu des enseignements qu'il n’avait pas et des diplômes que son université n’était pas habilitée à délivrer !

Il est fort ce Pitte et Victor Lustig avec sa Tour Eiffel n’était qu’un enfant de choeur. Comme on dit des grands vendeurs chez les VRP, il vendrait dans les cimetières!

Lors du conseil des ministres du 23 juin 2010, J.R. Pitte a été nommé « délégué interministériel à l’orientation ». Excellent choix, car non seulement il est géographe, mais on a pu voir, par ce qui précède, que c’est un homme qui ne perd pas le Nord !

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Un article assez intéressant sur le fond, même si d'autres sources ne donnent pas les mêmes informatioons (!)). Quelles sont les sources de l'auteur ?

usbek a dit…

Il n'y a nul lieu de citer ici des sources, sauf pour celle qui est évoquée (le dernier Canard Enchaîné), car tout est de notoriété publique, depuis la loi Edgar Faure jusqu'aux accords de 2006. Tout est aussi aisément vérifiable auprès de Paris 1 et de Paris 2 par exemple!

Anonyme a dit…

" En effet, dans la Sorbonne des sables, on enseigne le « droit et les sciences politiques » qui n’existent pas à Paris 4 mais sont à Paris-Panthéon-Sorbonne (Paris 1) et à Paris 2. Pitte a donc vendu des enseignements qu'il n’avait pas et des diplômes que son université n’était pas habilitée à délivrer !"

Votre article, qui ne cite qu'une source hormis celle du canard enchaîné et que toutes vos informations n'ont pas de justifications doit certainement être revu. En effet, je ne vais pas reprendre toutes vos "critiques" parce que vos accusations à l'égard de G. de Robien sont peut être dues à une animosité qui auraient des raisons plus profondes. Pour ce qui est de dire que la Sorbonne serait une "arnaque" fourgée à des emirs qui n'auraient pas l'intelligence de percevoir de s'en appercevoir, puisqu'on peut leur vendre du vent sous le couvert de jolies jeux de mots, je tiens à préciser ici que le diplôme "droit et sciences politiques" (et celui d'économie par ailleurs) sont bels et bien délivrés par Paris V - Paris Descartes, et que les étudiants qui choisissent cette filière sont très au courant de l'université à laquelle ils appartiennent. Des accords ont été fait avec Paris IV et V concernant cette filière. Tout comme c'est le cas pour le Master d'Histoire de l'art qui fait des accords avec des professeurs de l'Ecole du Louvre et l'équipe Agence France Museum.

A bon entendeur,

salut

usbek a dit…

Sous couvert de rectifier, vous dites n'importe quoi!
Paris V n'est pas Paris IV qui a signé la convention ( à la grande fureur des autres établissements selon la rumeur!) Les VRAIES facs de droit du coin sont Paris 1 et 2, Paris V est surtout une fac de médecine dont tous les présidents, de Jean Frézal à Axel Kahn ont toujouss été des médecins! Nul besoin de Louvre et de Museum pour un master d'histoire de l'art!
Je ne sais quelles sont vos sources mais elles me semblent taries!

Anonyme a dit…

Quand j'avance des informations j'ai des sources!

http://formations.univ-paris5.fr/ws?_cmd=getFormation&_oid=P5-PROG5443&_redirect=voir_fiche_program&_onglet=1&_lang=fr-FR

http://www.ecoledulouvre.fr/webmaster/newsletter/newsletterFev2010.html


Maintenant arrêtez de fabuler, et on devrait interdire à des gens comme vous qui se permettent d'écrire des énormités pareilles, vous ne vous renseignez absolument pas, et c'est honteux de votre part de soutenir un discours sans être capable d'en justifier la provenance. Je viens de démentir vos propos avec les simples liens internet de Paris V et le site de l'école du Louvre.

Au lieu de nommer votre blog nouvelles persianes, nommez le : nouvelles âneries.