Il est sûr qu'il fait un peu pâlichon, l'homme du « Monde », après les augustes figures de Colombani, Minc ou Plenel.
Du premier, il n'a pas l'allure de parrain corse sortant de chez l’esthéticienne, du deuxième, il n'a pas la grâce un peu mièvre d’un conseilleur (qui n’est, en tout cas, jamais un payeur, pas même pour son cher papa), il n'offre pas davantage la rude moustache du troisième. Il a plutôt la face de carême d’un Volpone.
Il faut dire qu'il est venu (au monde pas au « Monde ») d'une façon un peu étrange et qui le prédisposait,sans doute, aux rôles troubles ou doubles qu’il semble affectionner (« Faux-torino ? »). Je ne vais pas vous raconter sa vie et je vous la fais courte, ne retenant que ce qui est significatif ou explicatif.
Ça ne commence pas très bien puisque son papa s'appelle « Maman ». Mal barré pour Mister Freud ! Ces choses-là sont rudes comme disait le poète. Par chance son Maman de papa, juif marocain, ne restera pas longtemps son papa puisque la famille de sa maman s’oppose au mariage, ne voulait pas que leur fils s’appelle Maman, comme sa maman, bien que ce fût le cas.
Quelques années plus tard, Maman ayant disparu de la scène, maman épouse un Monsieur Fottorino qui débarrasse le jeune Eric de cet encombrant Maman de papa. Il donne alors son nom au petit garçon. Fottorino c'est un peu bizarre mais ça vaut tout de même mieux que Maman pour un papa et puis ça me permet, un demi-siècle plus tard, de faire des blagues dans mon blog !
Comme je vous ai annoncé que je vous la faisais courte, je ne vais pas vous narrer par le menu la carrière de mon héros. Entré au « Monde », le paradis des journalistes, il y fait, en une vingtaine d'années, un joli bout de chemin puisque, en 2006, il devient directeur de la rédaction du du journal. Que mes lecteurs fidèles, s'il y a encore, se rassurent, je ne vais pas vous ressortir ici mob vieux post sur la Sainte Trinité du Monde (Colombani-Minc-Plenel), quoique je l'aime beaucoup, vu la sublime prestation, à l’époque, de ce trio aussi infernal qu’inattendu ; ce n'est pourtant pas l'envie qui m’en manque car ces trois histrions, qu'on pouvait alors espérer voir disparaître de la scène médiatique, y sont plus que jamais présents.
Éric participe alors à l'éviction de Colombani par la Société des rédacteurs du Monde ; il se fera élire par cette même Société à la direction du journal en juin 2007. Faux Torino, Janus trifrons, va rapidement montrer sa capacité à changer de visage (Photo-trino ?) puisque, quelques mois plus tard, en compagnie des deux autres membres du directoire du « Monde », qui ont été élus en même temps que lui, il remet en cause la politique du journal contre la Société des rédacteurs ; tous trois brandissent alors leur démission.
Nouveau volte-face de Faux Torino, en janvier 2008 ; il reprend sa démission (c’était pour rire! Je déconne!), débarrassé des deux autres membres du directoire qui, eux, maintiennent la leur. Héroïque notre Grand-Torino ; non seulement il ne veut pas, comme il le dit joliment alors, « ajouter la crise à la crise », mais il se porte même candidat à la présidence du directoire. Je vous passe les détails des allers-retour et des tergiversations, d'autant plus pittoresques que Minc est toujours dans la course et préside le conseil de surveillance. D'abord refusé, Vrai-Torino s’accroche et sera finalement élu.
Interrogé par Thierry guerrier mardi 14 septembre sur la Cinq au sujet de la plainte qu'il entend déposer contre Sarkozy qui aurait fait rechercher la Deap Throat du pouvoir, il a eu une formule sublime que je croyais jusqu’alors réservée à Alain Delon, avec lequel Fottorino ne présente pourtant qu'une ressemblance des plus lointaines.
Thierry Guerrier lui rappelant, perfidement, qu'il avait été convoqué par Sarkozy, il y a quelques semaines, notre héros, sans répondre sur le fond, a répliqué à Guerrier sur le mode grandiose : « J'ai été invité ! On ne convoque pas le « Monde ! » ; ce qui ne l’empêcha pas d’arriver à l’Elysée au trot, comme un vulgaire Joffrin (Mouchard de son véritable nom !)ou un Olivennes (peut-être invité de Madame).
A graver dans le marbre (mais pas celui de la rédaction du Monde !). Ce n'était plus Faux-Torino c'était Gran-Torino. Pour ceux qui ne sont amateurs ni de bagnoles ni de cinéma, Gran Torino est à la fois le titre de l'un des derniers films de Clint Eastwood et le nom de la voiture qui fut celle de Starsky et Hutch et demeure une légende.
Nous voilà bien loin du directeur du Monde croyez-vous? Dans la série des noms des modèles sucessifs de ce modèle fe Ford, il est assurément moins proche de la Mustang ou de la Gran Torino que de la Cobra !
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