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dimanche 18 juillet 2010

La vie duraille

Retour au bercail après deux semaines d’errance. Qui dit errance dit transports en commun et donc recours obligé aux deux éternels fleurons de nos services prétendument publics, Air-France et la SNCF. Lors de précédents voyages, j’avais eu maille à partir avec la première qui avait, une fois de plus, démontré sa superbe efficacité et son sens aigu des relations publiques, mais je vous raconterai ça une autre fois, si je ne l’ai pas déjà fait, car je suis plutôt, pour le moment, sous le coup de mes plus récentes émotions ferroviaires

Je suis revenu de Paris vendredi 16 juillet 2010 à 17 heures 16 sur le TGV 6123 à destination de Marseille. A la gare de Lyon, comme toujours, surtout en ces périodes dites de pointe, (toutes le sont, au moins au plan tarifaire) superbe organisation ! Dans la salle dite Méditerranée ; piétinent, devant les écrans, qui annoncent les voies d’accès et les quais d’embarquements, des centaines de personnes encombrées de leurs imedimenta estivaux (bagages , enfants, vieillards, etc.). Pour des raisons mystérieuses, ces indications d’embarquement indispensables, ne sont fournies qu’un petit quart d’heure avant le départ du train aux « clients » pourtant pressés de gagner les places qu’ils ont achetées au prix fort (296 euros pour un aller-retour Aix-en-Provence-Paris en première classe). J’emploie à dessein ce terme de « clients » que récusent et interdisent les syndicats de « cheminots » (autre délicieux vocable qui constitue un des multiples avantages acquis de cette corporation) ; ils ne veulent connaître que le si poétique « voyageur » ou, à défaut, l’inodore « usager ».

Bref à 17 heures 02, comme on disait dans les rédactions d’autrefois, « le moment tant attendu arrive » ! Le Moloch SNCF révèle au peuple impatient des clients que le quai de départ du TGV 6123 est accessible par l’escalier A. Ruée générale vers la porte A pour le compostage des « titres de transport », comme on dit en esènecéèfien. Des dizaines de clients se bousculent à l’entrée de l’étroit escalier où se trouvent les bornes de compostage. Une partie de ces machines est régulièrement en panne (comme les « bornes ») et leur usage exige que le billet y soit introduit dans un sens particuler sans doute dans le but de ralentir encore les opérations. On pourrrait imaginer, que dans les vingt lignes de texte qui figurent au dos des billets, soit indiqué ce détail et le mode précis de compostage. Mais on a déjà là le principe majeur de la SNCF que vous avez sans doute tous compris depuis longtemps par expérience et qui est ; « On ne va quand même pas se laisser emmmerder par les clients ! »)

Bref, comptez au moins cinq bonnes grosses minutes pour venir à bout du compostage et gravir les deux volées de marches étroites de l’escalier A Il est donc déjà 17 heures huit quand vous atteignez la dernière marche que vous ne pouvez d’ailleurs franchir, tant la presse y est grande. Votre train stationne en effet sur la voie de droite et la foule s’agglutine là sans se répartir entre la gauche et la droite du quai pour une raison que vous allez découvrir deux minutes plus tard quand vous aurez progressé d’un mètre en direction du train.

En effet, l’ingéniosité de la SNCF est sans borne ! La voiture qui est stationnée juste devant le haut de l’escalier ne porte en effet aucun numéro ; de ce fait, les voyageurs ne peuvent savoir s’ils doivent aller à droits où à gauche pour gagner la voiture où ils doivent prendre place. Naturellement aucun membre de l’innombrable et divers personnel de la SNCF ne se trouve dans cette position pourtant hautement stratégique. En effet, le principe de base déjà énoncé (« On ne va quand même pas se laisser.... ») a le corollaire suivant : le personnel SNCF se trouve toujours loin des lieux où il serait indispensable ou même simplement utile mais où, de ce fait même, il risquerait d’etre importuné par les « cliients » et, par là même, détourné des conversations entre soi qui constituent une bonne partie de son activité.

Mieux encore, non seulement la voiture devant laquelle conduit l’escalier A n’a pas de numéro, mais l’accès à la droite du quai où, vu la configuration générale de la Gare de Lyon, on peut faire l’hypothèse que se trouvent la plupart des voitures du dit TGV est quasiment bouché par un tracteur et trois remorques qui ne laissent, entre eux-mêmes et la voie, qu’un fort étroit passage où une personne, sans bagage, a le plus grand mal à se faufiler. La troisième remorque est même si mal garée, en biais, que l’on doit pratiquement se risquer au-dessus même de la voie pour parvenir à passer (je constaterai, dans la suite, que j’ai perdu dans ce périlleux transit les journaux que je venais d’acheter).

L’explication tient à ce que la voiture sans numéro est la voiture-bar et que le chariot qui empêche le passage est destiné à l’alimenter. On aurait pu certes garer cette voiture et/ou les chariots trois métres plus loin, mais, selon l’air déjà cité, « On ne va tout de même pas se laisser... ».

Il est déjà 17 heures 12 quand je parviens, non sans mal à franchir, ce dernier obstacle. Je suis placé dans la voiture 11 et la première que je vois est la voiture 18. L’espoir renait pour s’éteindre aussitôt quand je constate que la voiture 12 est la dernière de la série. Serais-je parti, au départ, dans le mauvais sens ?. Heureusement je ne suis pas encore au bout du train . La voiture qui suit porte le numéro 4 ; c’est inattendu mais je comprend alors que la 11, si elle existe sera la dernière que je distingue au loin. Gagné ; je l’atteins enfin entre 17 heures 15 et 17 heures 16, tandis qu’une voix menaçante annonce que le TGV 6123 va partir. Dans ma course éffrénee , j’ai néanmoins constaté la présence de deux ou trois contrôleurs ou assimilés, que je n’ai eu ni le goût ni le le temps d’interroger, mais qui étaient de plus en plus nombreux, au fur et à mesure que diminuait le nombre des voyageurs.

Mon retour de Paris vous-a-t-il plu ? Vous allez adorer le voyage aller que je vous raconterai demain !

1 commentaire:

Expat a dit…

Bon retour cher Usbek,

vous la jouez facile comme à chaque retour grâce à nos merveilleuses compagnies nationales (selon la pub) censées assurer nos déplacements dans et hors de l'hexagone.
Je vous soupçonnerais presque de prendre le train exprès pour être sûr d'avoir quelque chose à nous raconter sans aller fouiller dans des méandres d'une actualité estivale qui ne varie guère avec les jours et même les semaines.

Bon j'arrête de vous taquiner et vous laisse vous remettre de vos émotions car grâce à la SNCF, l'aventure est à deux pas de chez vous (je ne peux plus dire nous).