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mardi 20 juillet 2010

Otage : un métier d’avenir

Il y a quelques semaines (je ne sais plus trop quand, mais je n’ai ni le temps ni le goût de chercher la date), j’ai écrit un post sur l’enlèvement comme clé de la réussite professionnelle dans le journalisme français.

La campagne entreprise en France par leurs confrères à propos des deux envoyés de FR3 retenus en Afghanistan devient aussi ridicule qu’insupportable ! Elle ne fera sans doute pas craquer les geoliers afghans qui doivent peu regarder les médias français et ne sont, en outre, guère susceptibles d’avoir entrepris l’escalade du Mont Blanc pour le grand pont du 14 juillet. J’ai, sur ce sujet enrendu, sur je ne sais quelle radio, la phrase la plus réussie pour décrire l’immense détresse de ces deux captifs , « Ils ne peuvent pas suivre le Tour de France !». Il est vrai que l’un de ces deux éminents spécialistes de la géopolitique mondiale a commencé, comme tant d’autres, (de Bourdin à Denisot ou Drucker) dans le journalisme sportif !

Cette déploration unanime n’est, au fond, que le masque de l’auto-exaltation de ce métier qu’on présente comme aussi glorieux que dangereux, mais dont la presse française donne, au quotidien, une si pitoyable image. Après tout nos deux loustics, comme le grand Bodard, n’avaient qu’à faire leurs reportages « de terrain » depuis le bar du Hilton. Qu’ont-ils à aller chercher dans des villages paumés à la rencontre de populations dont ils ignorent tout et dont ils ne connaissent pas la langue. Ils me font penser à certains chercheurs français en sciences humaines et sociales qui, par une analyse du même ordre, faisaient venir à Paris leurs témoins du fond du Sud pour les interroge à loisir sur le Boulevard Saint-Michel ou à la Contrescarpe !

Je ne sais quel député a même suggéré qu’on laisse les otages se débrouiller ou qu’on leur demande le remboursement des frais engagés pour leur libération. C’est à mourir de rire et de sottise. Les médias, qui les emploient et les envoient en reportage sur ces terrains, ne doivent-ils pas prendre en charge de tels frais ? Il y a pour cela, en outre, des assurances qui sont sans doute fort disposées à couvrir ces risques !

Bref, j’en avais un peu ras la casquette de ces pleurnicheries journalistiques quand voilà que ressurgit du néant, par l’odeur alléchée et sans doute aussi par association de termes à défaut d’idées, ...Ingrid Betancourt.

En voilà une qu’elle est bonne comme aurait dit ce pauvre Coluche.

Profitant du fait que nul ne connaît sans doute plus, ni en France ni en Colombie, l’histoire de sa capture, voilà qu’elle veut tirer profit de son séjour sylvestre. D’abord en Colombie, où c’est déjà un peu fort de café, si j’ose risquer cette facétie qui est d’un aloi d’autant plus mauvais qu’il est, je l’atteste, fort difficile de trouver du café du pays en Colombie ! Ingrid y a en effet demandé à l’Etat colombien, pour ses années de jungle, pas moins de huit millions de dollars. Sa démarche ayant suscité les plus vives réactions d’indignation, elle a finalement renoncé à son action en justice, versant au passage quelques larmes, exercice dans lequel elle excelle, avec sa mine de Mater dolorosa en cire à demi-fondue

Mais la France elle-même n’a pas été épargnée par cette ingrate, sans qu’on comprenne à quel titre nous pouvons être concernés par une telle affaire. Le pire du pire est que sa demande a été acceptée par le fonds d’indemnisation des victimes (assurances en responsabilité civile) et qu’une somme de 450.000 euros lui aurait même été proposée! Elle l’avait d’abord refusée, la jugeant insuffisante, mais le tumulte suscité en Colombie par son autre démarche l’a conduite à renoncer aussi à se voir verser cette somme par la France.

On hasarde à tout perdre en voulant trop gagner !

A-t-elle seulement songé à solliciter son homonyme Madame Bettencourt? Celle-ci, on l’a vu, à maintes reprises, sait se montrer généreuse avec des gens qui ne lui sont rien ; elle aurait donc pu avoir un petit geste pour Ingrid Betancourt : un ou deux millions d’euros ou un îlot seychellois. Bonne pioche pour le coup puisque le père des enfants d’Ingrid, le diplomate français F. Delloye, l’a déjà amenée autrefois dans ce merveilleux archipel où il occupa un moment des fonctions à l’ambassade de France de Victoria.

Je n’ai jamais beaucoup aimé cette bonne femme ! J’ai écrit quelques textes à son propos, en d’autres temps et d’autres terres ; j’y reviendrai peut-être, mais, en ce moment, Ingrid ou Liliane, vous risquez fort de ne pas pouvoir éviter les Bettancourt !

2 commentaires:

Marc a dit…

Moui ..... Se rappeler avec nostalgie l'heureuse époque des grands reporters écrivant leur papier au bar de l'hôtel (Bodard pendant la guerre d'Indochine mais il n'était pas le seul ..) très loin des combats ne me m'apparait pas très cohérent, si vous me le permettez mon cher Uzbek;-))

Ce qui a changé depuis c'est l'appétence d'images que l'on déguste en dinant en famille et qu'il faut bien aller filmer où cela se passe.

Autant je me dis à chaque fois qu'un touriste se fait enlever dans une zone réputée instable "c'est pour ses pieds" autant les enlèvements de témoins reporters me pose problème car sans leur apport qui s'intéresserait aux conflits lointains qui ne concernent pas Israël et ses voisins ?

Faut que j'y aille, j'ai un invité;-))

usbek a dit…

Certes,cher Marc, mais on a vu mille fois déjà cet Afghanistan profond auquel nos "reporters" ne comprennent rien car que peut-on apprendre de gens avec lesquels on ne peut pas communiquer. La vérité qu'on commence à peine à entendre est que le pays serait un prodigieux réservoir de minerais des plus rares. Cherhez l'erreur!