Voici que le triple AAA de la France, le triple meurtre de Marseille, la mort du dictateur nord-coréen et les événements de Syrie sont désormais passés au second plan. Bambi, comme Zorro, est arrivé et depuis ce matin, toute la presse écrite et audiovisuelle française n’a d’yeux et d’encre que pour lui.
Je vous épargne le récit détaillé de la chose, car je vois mal comment vous auriez pu y échapper ; si vous avez eu, pour le moment, cette chance, soyez sûrs qu'elle ne durera pas au-delà des informations du soir.
Michel Drucker, qui me semble en perte de vitesse médiatique depuis ses ennuis dans le Lubéron, ne s'y est d'ailleurs pas trompé et, à défaut d'enfourcher Bambi, en lieu et place de son vélo, il s'est aussitôt mis sur les rangs pour assurer sa survie en le recueillant. Comptez sur lui pour l’amener à son émission dominicale. Je ne comprends pas que BHL n'ait pas déjà chaussé ses bottes de caoutchouc pour se rendre en Charente et qu'un de nos hélicoptères en mission spéciale n'ait pas déjà déposé notre président près de la ferme des Espiot à Mirambeau (Charente-Maritime).
Une famille bien de « cheux nous » ces Espiot, comme en portent témoignage les images que la presse nous a déjà livrées (avec le kil de rouge sur la toile cirée de la cuisine). Il y a un an Raymond a trouvé, prisonnière d’un piège à renard, une femelle chevreuil que la famille, pleine d’imagination, a baptisée Bambi(e)
( je ne sais pas si ce féminin est bien légitime, m’enfin !). Bambie, élevée au biberon, par Emilienne, est devenue l’enfant de la famille et sa mère adoptive déclare, émue : « Je l’ai nourrie sur mes genoux comme un chaton. Elle dort dans la maison avec le chien et, la journée, elle est dehors avec les poules et les lapins.
Devenu adulte, elle est parfaitement acclimatée à la vie de la ferme familiale, car tout cela se passe dans la Vendée profonde et dans une ferme de ce beau pays.
Jusque-là rien de très étonnant, mais c'est à ce moment qu'entre en scène notre Père Soupe-Ubu qui n’a guère à faire, de toute évidence, mais dont la vigilance ne se relâche jamais. Le Père Soupe animalier du coin a repéré de ses cent yeux la pauvre Bambie dans sa ferme vendéenne et a aussitôt sorti de ses tiroirs un mystérieux règlement qui interdit, Dieu seul sait pourquoi, à un animal sauvage de séjourner chez des particuliers, fût-ce dans une ferme.
Je ne sais pas ce qui se passe pour les milliers de furets et de hamsters dont raffolent nos enfants ; assurément, ce sont aussi, me semble-t-il, des animaux sauvages et ils séjournent souvent dans des lieux moins propice à leur existence quotidienne qu'une ferme de nos campagnes. Passons sur ce détail. La chose est assurément sans la moindre importance et, pire encore, sans le moindre intérêt. Toutefois entre Noël et le jour de l'an, quand tous les gros bras de l’information sont au ski ou aux Antilles, la presse ne peut pas se montrer trop exigeante sur le choix et la qualité des informations.
Toujours est-il que l'ubuesque Père Soupe a décidé, dans sa grande sagesse, qu'à compter du 31 décembre 2011 (je ne sais pas davantage ce que signifie le choix d'une date aussi précise qu’inattendue), Bambi(e) devra être placée en résidence surveillée dans le parc animalier du coin.
Emilienne et Raymond se sont vus aussitôt vus accabler de demandes d'interviews et ne délaissent les radios que pour passer dans les télévisions, sans qu'on sache très exactement, ni ce que signifie ce qui justifie cette mesure administrative, au demeurant totalement absurde, ni comment pareille information a pu susciter un tel déchaînement médiatique.
Résisterai-je à la tentation de conclure une fois de un blog par : « Pauvre France » ?
mercredi 28 décembre 2011
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