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vendredi 23 décembre 2011

« Les Turcs ont passé là. Tout est ruine et deuil... »

Il ne s'agit pas là de l'Arménie, mais de Chio, "l'île des vins" que le Père Hugo évoquait dans "l'enfant grec" (celui qui, déjà, tel un petit marseillais des quartiers Nord, ne voulait, pour son Noël, que "de la poudre et des balles"), que nous avons tous appris autrefois à l'école.

La turquerie (mais sans le Mamamouchi) était hier à l'ordre du jour au Palais Bourbon. Le génocide arménien n'y a pas fait recette et nos représentants, en cette période festive, avaient choisi les grands magasins et les courses de Noël. Il faut bien admettre qu'il n'y avait pas la foule, même en regroupant les rares assistants pour la télé et ses savants cadrages! Pas même un député sur dix quoique, comme on nous le dit, le texte ait été voté " une large majorité".Vive l'électronique parlementaire!

On se fâche avec les Turcs sans combler les Arméniens qui sauront apprécier et évaluer à sa juste mesure l'intérêt de la représentation nationale française pour leur cause. Enfin Devedjian a pu à nouveau attirer la presse et Renaud Muselier a été l'un des rares à se manifester publiquement sur le sujet. Il est vrai qu'il est lui-même, comme par hasard, marseillais et qu'il doit, si j'ose dire, "marquer à la culotte" sa rivale, UMP et phocéenne, Madame Boyer qui est à l'origine du texte.

Hollande, toujours prudent, a donné des espoirs et des assurances à tout le monde (et d'abord à lui-même) en rappelant que le texte doit être approuvé par le Sénat (passé à gauche) et surtout que l'ordre du jour des assemblées peut-être modifié par le gouvernement (suivez son regard , certes normal mais qu'il peut espérer présidentiel).

Les Turcs ont été assez réactifs (trop selon Juppé!)pour nous faire, comme on pouvait le prévoir, la réponse du berger à la bergère, car, pour ce qui est des génocides, nous sommes, à une échelle plus modeste certes, en assez mauvaise position pour donner des leçons aux autres et ils n'ont pas manqué de nous le rappeler. Mais quel peuple peut prétendre ne pas avoir eu, à moment ou à un autre de son histoire, avoir eu quelque activité génocidaire même si elle était de moindre ampleur?

Le problème n'est d'ailleurs pas là. Le plus curieux de la chose est que si la France verse volontiers des larmes, plus ou moins sincères quand elles ne sont pas méridionales, sur le génocide arménien, elle n'en connaît manifestement pas bien le déroulement historique. En effet, à d'autres moments, nous nous apitoyons tout autant sur le sort infortuné des pauvres Kurdes qui furent pourtant, à bien des égards, les instruments les plus sanglants du génocide arménien.

Il y a probablement, dans tout cela, du côté français comme du côté turc, aux plans nationaux et international, des arrière-pensées, des sous-entendus et des plans sur la comète, dont on ne nous informe guère et qui ne nous intéressent, en fait, pas davantage.

Espérons toutefois que la mise au pilori de la Turquie apportera quelques consolations dans leur malheur d'abord à Bachar el Assad, qui ne doit pas être fâché de voir la communauté internationale se donner enfin une autre tête de Turc, et surtout aux Grecs que les malheurs ottomans distrairont un instant de leur austère morosité.

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