Décidément le retour au pays a quelques avantages et ne manque pas d'un certain charme que nous sommes sans doute nombreux à goûter.
J'ai déjà raconté hier mon arrivée à Roissy où le premier parfum de France que j'ai respiré, avec quelques milliers de candidats au voyage, a été celui de la grève des agents de sécurité ou de sûreté.
Je ne sais pas très bien ce qui différencie ces deux catégories de travailleurs, sinon que l'une a le droit et l’avantage de nous palper, ce qui est, en revanche, refusé à l'autre. Une seule de ces deux catégories professionnelles était en activité hier, l’autre étant en grève ; comme j'ai eu le privilège d’être palpé moi-même, je pense que j’ai eu la chance d’avoir affaire à la catégorie qui était alors en activité. En passant, je trouve que l’une et l’autre ont en général des mines patibulaires, ce que confirme régulièrement les affaires de vol que nous narre la presse. Bref, la plus grande pagaille régnait à Roissy ; tout cela m'indiquait d'emblée que j'avais enfin mis les pieds en France.
Ce conflit n’a toutefois pas fait oublier à nos gouvernants la lutte qu'ils ont entamée contre la fraude sociale. Elle a toutefois changé de nature et Mme Pécresse a ingénieusement détourné la chasse aux fraudeurs vers les fraudeuses. Suite à la découverte de la fraude à la silicone sur les prothèses mammaires, on va pouvoir enfin, de la façon la plus inattendue, identifier à leurs poitrines opulentes les fraudeuses mais surtout les médecins complices de leur transformation. On sait en effet que 80 % des opérations, qui visent à redonner aux dames des seins triomphants, ne sont pas liées à des opérations de chirurgie reconstructrice.
Bon nombre de ces opérations, on le sait depuis longtemps, sont, avec la complicité des chirurgiens qui les pratiquent, portées au compte de la reconstruction après une opération (en général, le traitement d’un cancer) et, comme telles remboursée par la Sécu, alors qu'elles ne relèvent que de la simple esthétique. Si l'opération actuelle de changement de prothèses ne permet pas assurément de découvrir immédiatement les fraudes, elle devrait faciliter considérablement leur mise en évidence, puisque que les 20 % de vraies reconstructions étant écartés d’emblée, il ne restera plus qu'à voir, dans les 80 % restant, quelles opérations ont bénéficié d'un remboursement frauduleux de la part de la Sécurité sociale.
Les enquêteurs des impôts n'ont plus qu'à se mettre au travail avec ardeur sur un terrain plus attrayant que celui de la TVA, même s'ils ne peuvent pas espérer, à la différence des contrôleurs de sécurité ou de sûreté aériennes, accompagner leurs investigations fiscales de palpations des corps des délits.
Toutefois le meilleur moment dans cette France retrouvée a été une émission de Canal+ sur l'orthographe (dans je ne sais quel journal), dont la vedette inattendue était « un coach en orthographe ». Je ne pense pas toutefois qu'on puisse réinsérer dans cette noble fonction les rédacteurs de la plupart de nos documents administratifs. Hier encore, je notais, dans un texte de moins d’une ligne et demie émanant de la SNCF (renouvellement de la carte « Grand Voyageur » si vous voulez vérifier !) deux superbes fautes d’orthographe qu'on aurait jamais trouvées, naguère encore, sous la pointe Bic d'un élève de CM1.
De la bouche d’or de l’inattendu coach en orthographe, j'ai appris, non sans stupeur, que l'orthographe était désormais, dans les cabinets de recrutement, l'indice majeur le plus pertinent dans la recherche des cadres de haut niveau ! A en juger par les textes produits, à l’Elysée comme Rue de Solferino, à l’occasion du décès de Danielle Mitterrand (huit fautes à sept en faveur de la présidence de la République), les recrutements ne s’y font certainement pas sur ces bases.
On disait autrefois que l'orthographe était la science des ânes, la voilà devenue l'indice de la plus haute qualification professionnelle.
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