Je vous accorde volontiers que notre situation n'est pas des meilleures et que seuls les esprits les plus optimistes peuvent considérer les choses, sinon avec philosophie du moins avec sérénité.
Ce matin, j'ai encore une fois zappé sur les diverses chaînes matinales d'informations qui, comme toujours, disent et répètent toutes la même chose, mais en faisant appel à des voix différentes. J'ai donc entendu, entre autres, Mme Rachida Dati qui, quoique député européenne, est plus préoccupée de son avenir électoral que du sort de l’euro et M. Juncker. Naturellement, tous les discours se centrent sur le triple A et le Sommet dit européen de Bruxelles ; à peine quelques mots sur le sommet de Durban et ce n'est que justice quand on voit à quoi ont pu servir les précédentes réunions de cet acabit.
Deux choses rendent particulièrement insupportable l'audition des propos de nos politiques ou de nos décideurs, nationaux ou européens.
D'une part l'organisation actuelle de la communication qui est devenue, en politique, la préoccupation majeure pour ne pas dire unique. Pour prendre l'exemple de notre gouvernement actuel, tous les ministres qu'on envoie en mission dans les médias qu’ils occupent avec autant de constance que d'insuccès, sont munis d'une feuille de route où l'on descend jusqu'au moindre détail et au plus petit mot de leur argumentation (ce qui est d’ailleurs la preuve de l'absence totale de confiance en eux). Il s’agit en fait, avant tout, d’occuper le terrain médiatique. A ce propos, le CSA ne pourrait-il pas prendre sur lui de régler le problème de la prise en compte politique des apparitions télévisuelles du président non candidat ?
De ce fait, en tout cas, ces propos totalement identiques et répétitifs (au mot près) deviennent complètement insupportables.
D'autre part, tous ces braves gens, de gauche comme de droite, qui sont aux affaires depuis 20 ans (pour ne pas remonter plus loin pour bon nombre d'entre eux) nous décrivent la situation actuelle et en soulignent la gravité, comme s'ils n’étaient absolument pour rien dans tout cela, alors qu'ils en portent toute la responsabilité. A la différence d'une de nos ministres d'autrefois, ils ne sont, à les écouter, NI coupables NI responsables ! On croit rêver !
Un des points les plus importants (j'ai, il y a quelques mois, fait un blog sur ce sujet mais je suis trop paresseux pour le rechercher) tient à ce que nos décideurs politiques (avec l'appui de quelques économistes dociles) nous ont embarqués sur la voie de la monnaie UNIQUE (l'euro) au lieu d'opter pour la monnaie COMMUNE, la solution de sagesse mais qu'ils jugeaient moins politiquement dynamique, sans avoir songé aux unifications préalables indispensables (salaires, fisc, etc.). Cette dernière solution, moins radicale mais plus sage et prudente, aurait permis à chaque État de conserver sa monnaie nationale avec fixation d’un taux de change, fixe mais révisable, par rapport à la monnaie commune. C'était évidemment la sagesse ; on aurait pu, dans de telles conditions, dévaluer la drachme grecque sans toucher à la monnaie commune européenne. Tout ceux qui ont opté alors, du côté des politiques comme des économistes, pour la solution catastrophique de la monnaie UNIQUE, sont aujourd'hui étrangement silencieux pour ne pas dire muets.
Autre sujet de vaste rigolade avec la fameuse « règle d'or » ! J'ai proposé, si on voulait la rendre intangible de la faire plutôt d’airain (plus dur et moins cher!) car chacun sait que l’or est un métal plutôt mou !
De la même façon, tout le monde semble avoir totalement oublié que l'accord s'était fait, au mépris de la volonté populaire d'ailleurs, sur des règles strictes (3 % maximum de déficit sur les budgets annuels et pas de dettes au-delà de 60 % du PIB national) ; cette règle, qui n'était pas encore d'or mais qui était dans les traités signées par tous les Etats a été violée par tout le monde au su et au vu de tous. Certes, il y a eu ceux qui fait trafiquer leurs comptes par les banques comme les Grecs (coût 300 millions de $, les imbéciles, alors que les autres ont fait ça à la maison !) ; on sait bien que seul le niveau et le mode de tripatouillages des comptes a été différent selon les Etats. À l'époque, Chirac et Schroeder, avec la bénédiction de l'Union Européenne, censée être le gardien du temple, ont décidé OFFICIELLEMENT de faire fi ces règles, qui n'étaient encore que de papier et de gonfler joyeusement nos déficits en empruntant à tout va, ce qui nous a amenés directement à la situation qui est la nôtre actuellement.
Là encore l'hypocrisie est totale ; tout le monde feint de croire que la règle d'or empêchera la reproduction de cette situation, ce qui est évidemment aberrant. Le seul but est de crier au loup pour essayer de coincer le Sénat devenu socialiste pour contraindre le congrès des deux assemblées à voter cette loi aussi absurde qu’inefficace.
On vit sous le règne permanent du « demain en rasera gratis » ; j'entendais, ce matin, M. Junker, luxembourgeois de son état (voilà un homme dont on peut être sûr qu'il ignore totalement que son pays est un paradis fiscal et le siège de multiples magouilles de toutes natures). Voilà un homme qui ne se mouille pas et qui se meut en permanence dans un discours fildefériste entre l'optimisme et le pessimisme, sans jamais opter ni pour l'un ni pour l'autre.
La seule question qu'on peut se poser est le rôle que jouent réellement, dans tout cela les fameuses agences de notation ; on peut observer que leurs avis qu'on nous présente avec tant de sérieux et de gravité ne sont absolument pas suivis par les milieux financiers. En effet, on n’observe pas la moindre vraie corrélation entre la notation des différents pays et les taux d'intérêt qu’on leur consent. Je ne rappellerai pas une fois encore que le Japon, si mal doté par les agences, est l’Etat qui bénéficie des taux d'intérêt les plus faibles et que l'écart entre les taux consentis aux Français et aux Allemands varient du simple au double, alors qu'ils ont l'un et l'autre la fameuse évaluation en triple A.
Va comprendre Charles ? !
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