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vendredi 24 décembre 2010

Débat sur les restavek haïtiens

Un débat s’est instauré ici suite à un commentaire signé « Zench » ; il a tourné court dans la mesure où, à ce que m’a dit Zench (lui-même ou elle-même), notre site ne permet pas les longs commentaires qui, en revanche, sont adressés, par courriel, aux auteurs commentés. De ce fait, j’ai répondu ici sottement à un commentaire que j’étais, en fait, seul à avoir lu. C’est l’une des rares faiblesses de Blogspot par ailleurs admirable dans son fonctionnement.

Avant de revenir sur la question des « restavek» car elle est essentielle et personne n’en parle, ni même ne l’évoque, je voudrais donc reproduire ici le commentaire de Zench, à la fois par courtoisie et, on le verra, pour information, car la question des « restavek», essentielle, est aussi des plus sensibles. Voici donc le commentaire de Zench (un second de sa part reprenant à peu près les mêmes éléments) :

« z e n c h a ajouté un nouveau commentaire sur votre message

- Terre des hommes dénonce une procédure d’adoption illégale.
Haïti : Un enfant pour Noël?


- Une autre malédiction des hommes : Les enfants volés d’Haïti
par Anne-Nonyme 28-01-2010


- Parenté et famille en Haïti : les héritages africains.
Par Camille Kuyu.
Extraits :

La conception haïtienne de la famille ainsi décrite se reflète dans la composition du ménage qui rappelle, lui aussi, le ménage africain. Le ménage haïtien comprend non seulement les époux et leurs enfants mineurs, mais aussi tous les parents vivant avec eux sous le même toit. Parmi ces parents, il convient de citer les enfants " adoptés de fait " et les enfants recueillis, dits " restavek ".
La notion occidentale d'adoption est inconnue dans les coutumes haïtiennes. Il existe une adoption de fait, basée sur la solidarité. L'enfant a alors droit au bien-être, à l'éducation, etc. Mais il garde son nom et ses liens avec sa famille d'origine. Nos interlocuteurs haïtiens nous ont parlé de cette coutume en ces termes :
" L'adoption n'est pas connue dans les coutumes haïtiennes. Elle est le fait surtout des étrangers et des Haïtiens de l'extérieur. L'adoption de fait est toutefois courante. On parle de 'li pran li'. On prend un enfant et on s'en occupe. Cela reste généralement dans le cadre de la famille. Il est des cas où l'on prend des enfants des voisins. Mais c'est rare. La tutelle est ignorée par la coutume. " (14)
" Pour moi, la famille c'est mes enfants, mes parents, mes frères et sœurs, mes cousins, mes cousines, mes tantes… D'ailleurs, j'ai pris avec moi trois autres enfants, deux de mon frère et un d'un cousin. Ils vivent avec moi. Comme je travaille, je m'occupe d'eux. Je n'ai pas besoin de les adopter officiellement. " (15)
" La famille haïtienne est toujours liée. La solidarité familiale est toujours une réalité, même si elle est menacée d'extinction. Je pense qu'il s'agit là d'un trait culturel important. Souvent, en cas du décès de la mère, une tante peut prendre en charge l'enfant. Car c'est comme si c'était son propre enfant. Il s'agit d'une adoption de fait. On pouvait se passer de l'adoption légale. " (16)
L'une des caractéristiques des ménages haïtiens est la présence en leur sein des restavek, les enfants dits en domesticité. Les avis sont fort partagés en Haïti concernant cette pratique. Un de nos interlocuteurs nous en parle dans les termes suivants : " Le recueil d'enfants dits 'restavek' est fréquent. Il s'agit notamment des enfants des parents pauvres. Certains n'ont même pas d'acte de naissance. Ils sont pris en charge par des familles en échange de travaux ménagers. Ils sont envoyés à l'école le soir. Il arrive que l'enfant soit considéré comme membre de la famille. " (17)
En définitive, la famille haïtienne épouse encore largement les contours des communautés parentales africaines. Ce communautarisme d'inspiration africaine ne signifie pas qu'il n'y a pas une dose d'individualisme dans les relations parentales en Haïti. Cette tendance à l'individualisme est de plus en plus observée, notamment en milieu urbain . ».

Je laisse ici de côté les deux premières références, moins importantes à mes yeux, et de la troisième, je ne retiens que deux points, en ne prenant pas en compte l’aspect idéologique classique en Haïti mais discutable (« l’héritage africain »).

"L'une des caractéristiques des ménages haïtiens est la présence en leur sein des restavek, les enfants dits en domesticité. Les avis sont fort partagés en Haïti concernant cette pratique."

Le mot « discuté » est ici ambigu. L’existence des « restavek » est indiscutable puisque elle est établie par l’ONU et que l’UNICEF a, pour cette question, une Commission en Haïti dont j’ai évoqué les travaux et les rapports. Pour avoir discuté souvent de cette affaire avec des Haïtiens, je sais combien elle est délicate et fait problème. Les uns nient purement et simplement l’existence de cette coutume, les autres l’embellissent comme le fait ici l’auteur cité (qui, lui-même Zaïrois, est l’auteur d’un ouvrage Les Haïtiens au Congo, qui n’est en rien une étude de la société haïtienne proprement dite). Ces attitudes s’expliquent aisément, soit parce qu’on juge que cette pratique ternit l’image du pays, soit parce que, dans les familles aisées, d’où sont issus la plupart de ces témoins, sont ou étaient en service des restavek dont on préfère oublier le sort véritable et même l’existence.

« Il s'agit notamment des enfants des parents pauvres. Certains n'ont même pas d'acte de naissance. Ils sont pris en charge par des familles en échange de travaux ménagers. Ils sont envoyés à l'école le soir. Il arrive que l'enfant soit considéré comme membre de la famille ».

L’idéalisation du sort des restavek confinerait ici à la farce, si le sujet n’était pas si grave. Les restavek seraient « pris en charge... en échange de travaux ménagers », « considérés comme membre de la famille », « envoyés à l'école le soir ». N’importe quel Haïtien honnête ne peut qu’être mort de rire à lire pareilles billevesées !

Pour laisser à d’autres le soin de conclure, je ne citerai qu’un bref extrait d’un rapport de l’UNICEF que j’ai déjà mentionné mais qui, après les précédentes sornettes, prend une autre portée :

« Le travail d'un enfant domestique [restavek] est souvent très dur, jusqu'à l8 heures par jour. L'enfant-restavek, parfois âgé de 5 ans seulement, fréquemment sous-alimenté, ne reçoit aucune instruction et aucun salaire, la loi haïtienne ne prévoyant pas de rémunération pour ce type de travail. L'enfant "restavek" subit, parfois, des violences physiques ou sexuelles. Il est souvent coupé de tout lien avec sa propre famille, en raison des distances qui les séparent, de l'analphabétisme et de l'absence de tout moyen de communication ».

PS . J'invite celles et ceux qui sont intéressé(e)s ou préoccupé(e)s par cette question à lire, à défaut du livre de Jean-Robert Cadet, l'article bien informé de Wikipedia sur cette question

1 commentaire:

z e n c h a dit…

Qui es-tu Zench?
Vous trouverez la réponse i c i