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jeudi 30 décembre 2010

« Samedi noir à Abidjan » ou « Du sang dans la lagune »

Non ce ne sont pas là les titres, à la OSS 117, de romans noirs tropicaux, mais ce pourrait être, dans quelques jours, les unes de la presse francophone à propos de la crise ivoirienne !

La visite diplomatique des trois chefs d'État de la CEAO aux deux présidents ivoiriens a tourné à la farce, comme on pouvait le prévoir. Il s'agissait pour eux, d’abord et surtout, de ne pas perdre la face après leurs rodomontades, tout en sachant très bien que cette mission ne servirait à rien, même en promettant de la renouveler début janvier. Toutefois, d’ici là, peut-être risque-t-on d’être passé aux choses sérieuses, voire dramatiques, car Laurent Gbagbo commence à comprendre que cette situation, si favorable à ses affaires qu’elle puisse paraître, ne pourra pas se prolonger longtemps, pour des raisons financières surtout.

Cette mission afro-africaine était d'ailleurs assez instructive du seul et simple fait de la différence de comportements entre les deux protagonistes majeurs. Laurent Gbagbo, à l'africaine, était tout sourire. Retrouvailles (entre patrons !), congratulations et embrassades ; un vrai chef africain recevant des grands frères chez lui. Ouattara, au contraire, visage fermé, maigrement logé à l'hôtel du Golf, apparaissait plutôt comme l’un de ces Africains expatriés ayant déjà pris les habitudes et les comportements des gens du Nord.

Si j'avais le temps, je vous ferai ici une interprétation de ces deux scènes en termes de proxémique, cette micro-science si heureusement développée par Edward T. Hall dans son beau livre Silent Language. On y apprend que, dans chaque culture, sont déterminés, informellement mais avec précision, les rapports de comportement entre des interlocuteurs et, en particulier, la distance à laquelle il convient de se tenir par rapport à la personne à laquelle on parle. Ainsi les Arabes qui se tiennent très près de leur interlocuteur et ne manquent jamais de le tripoter au cours de l’interaction seront-ils regardés avec une certaine suspicion par des Japonais dont les codes interactionnels sont tout différents et qui, de ce fait, (j’invente) ne doivent jamais être à moins de 65 cm de leur interlocuteur et surtout s'abstenir soigneusement de le toucher (c’est vrai !).

On parle à nouveau d’une marche sur l'hôtel du Golf pour samedi prochain. Il en avait déjà été question dans le passé mais celui qui l'évoquait était Charles Blé Goubé, personnage à mon sens très dangereux dont le regard évoque pour moi celui des enfants-soldats. En la circonstance, c'est tout autre chose, car l’idée vient de Laurent Gbagbo lui-même. Certes il laissera naturellement à l'un ou l'autre de ses séides le soin de mener l'opération sur le terrain et on la présentera comme spontanée. On ne sait jamais, Ouattara pourrait se trouver au mauvais endroit au mauvais moment et un accident est si vite arrivé. Cela ne mange pas de pain et dans la suite on pourra sans mal se tordre les mains sur son cercueil en déplorant le sort qui l'a frappé. Pourquoi pas même, après tout, organiser des funérailles nationales en profitant de la venue de la mission de la CEAO, puisque chez les Musulmans on enterre très vite les défunts ?

Comme même dans des circonstances aussi inquiétantes, il faut tout de même rire un peu, Laurent Bagbo reçoit aujourd'hui le renfort inattendu des pépés comiques, les deux verts octogénaires (et même plus!), Roland Dumas et Jacques Vergès qui, à l’heure où j’écris ces lignes, sont peut-être même déjà à boire le champagne dans l'avion pour Abidjan.

La chose peut paraître un peu inattendue, du moins aux yeux de la presse française, mais elle est en fait tout à fait logique même si leurs buts ne sont pas identiques, en partie du moins.

Les deux hommes, que tout semble séparer, sont unis par une passion commune de l'argent, du luxe et de la jouissance dans tous les domaines et un peu, mais si peu, par la politique.

Laurent Gbagbo, il faut le reconnaître, a été le seul homme politique ivoirien à résister à Houphouët-Boigny et à choisir l'exil plutôt que l'obéissance. Il a donc été durant son séjour en France accueilli par le parti socialiste dont il faisait même partie me semble-t-il, Simone étant, elle, une marxiste pur sucre. C'était l'époque du mitterrandisme et Roland Dumas en est aujourd'hui le dernier vestige. Rien d’étonnant donc à ce qu'il fasse une virée à Abidjan, tous frais payés naturellement (en première classe et en hôtel cinq étoiles !), avec, en prime et pour le bounga-bounga, quelques accortes négrillonnes propres à ranimer ses sens alanguis (« C'est l’amour qui passe !» comme on dit dans les grands hôtels d'Afrique).

Pour Jacques Vergès c'est un peu la même chose en ce qui concerne le paiement des frais et le programme coquin des soirées. S'y ajoute toutefois la nécessité impérieuse pour lui de relancer un peu la promotion de sa modeste personne (à 85 ans pas de retraite !) qu’on tend à oublier. Son carnet d’adresses de dictateurs africains (les meilleurs clents de cet « anticlonialiste ») s’est vidé ! On ne parle plus guère de lui depuis quelques mois en dépit de ses efforts au théâtre (à son âge ça ne paie pas !) et il faut relancer un peu la machine de la réclame. Cette affaire pourrait l'y aider, à condition pourtant qu'il rentre en France avant un éventuel « samedi noir à Abidjan » qui ferait désordre dans le tableau.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

je me demande si l hotel de ouattara esten réalité plus gardé par les forces françaises que par les onusiens ...LES UNS TIRERAIENT en cas d aggression meme contre des batons ou des manches a balais tandis que les autres s enfuiraient ......
comment GBAGBO va t il equiper ses miliciens ? DES ROULEAUX A PATISSERIES OU DES COUPECOUPES ? il lui a tout prix en retirer un benefice .....O H

Anonyme a dit…

je me demande si l hotel de ouattara esten réalité plus gardé par les forces françaises que par les onusiens ...LES UNS TIRERAIENT en cas d aggression meme contre des batons ou des manches a balais tandis que les autres s enfuiraient ......
comment GBAGBO va t il equiper ses miliciens ? DES ROULEAUX A PATISSERIES OU DES COUPECOUPES ? il lui FAUT a tout prix en retirer un benefice .....O H

Anonyme a dit…

L'hôtel du Golf, que je connais bien, est en bord de lagune; il est donc aisément accessible de ce côté et les barrages routiers ne servent donc à rien si des assaillants sont assez malin pour y arriver par là. De toute façon, toute la logistique des soldats de l'ONU est française je crois et les Français sont les seuls soldats aguerris et opérationnels. L'avis d'Expat nous serait précieux en la matière. Bonne année à tous.

Anonyme a dit…

Il serait intéressant de savoir quels sont les honoraires de Maites Dumas et Vergès qui n'ont pas pour habitude d'attacher les chiens avec des saucisses.On auraitpu croire, au départ, à un simplesoutien amical mais ce n'est pas le cas.