Il est de moins en moins vraisemblable qu’à moins d’affrontements meutriers comme celui que promet, pour la fin de la semaine, Charles Blé Goudé en voulant marcher avec ses hommes sur l’Hôtel du Golf, le bras de fer entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara se règle sans qu’interviennent dans cette affaire des facteurs extérieurs peut-être inattendus.
Ce ne seront sans doute ni l’UA/NEPPAD, ni l'ONU (dont les rodomontades quant à sa force de frappe n'ont guère de valeur, puisque la logistique des troupes onusiennes dépend exclusivement de celle des troupes françaises de l'opération Licorne, ce qui, en cas de conflit grave, risquerait de nous y entraîner, même contre notre volonté) ni les Etats du Nord (interdire à la famille de Laurent Gbagbo l'accès à la France et aux États-Unis est sans effet puisque la durée de cette mesure sera inévitablement brève) ni la France elle-même (l'intervention improvisée de Nicolas Sarkozy à Bruxelles, dont il a lui-même pris conscience du caractère inopportun, au moment même où il s'y livrait). Ces prises de positions ou injonctions extérieures n'ont fait que renforcer la position des extrémistes de l'entourage de Gbagbo, du genre de Charles Blé Goudé, qui ont pu clamer, à l'envi, que « la Côte d'Ivoire n'est pas une sous-préfecture de la France. ».
En fait la question majeure, à très brève échéance, est la suivante : Laurent Gbagbo pourra-t-il, pour décembre, payer les fonctionnaires et surtout l'armée avant les fêtes de fin d'année, ces paiements devant en principe s'effectuer dans les jours qui viennent, avant Noël?
La réponse à cette question est malaisée, car si, en principe, ces paiements ne pourraient guère se faire sans l'accord de la Banque Centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO), il n'est pas impossible que Laurent Gbagbo dispose, en Côte d'Ivoire même et hors BCEAO, d'une certaine masse de fonds sur des comptes divers. Dans ce cas, l'asphyxie financière sur laquelle semble compter Alassane Ouattara, dont la signature est, en principe, nécessaire pour que la BCEAO délivre des fonds, risquerait fort de n'être pas immédiatement efficace, surtout si Laurent Gbagbo est assez adroit (et sur ce plan on peur lui faire confiance !) pour payer, en priorité voire exclusivement, les troupes qui lui sont fidèles c'est-à-dire sa garde présidentielle. Reste à savoir, dans le cas où les soldes des autres corps ne seraient pas payées, quel serait le comportement de ces troupes donf on dit qu'elles ne sont pas tout à fait acquises au gouvernement de Laurent Gbagbo.
Il ne fait pas de doute qu’Alassane Ouattara, économiste rompu aux mécanismes de la finance ivoirienne et internationale (il a été autrefois directeur-adjoint du FMI) et reconnu comme seul président de la République de Côte d’Ivoire par la BCEAO, compte, sans le dire, sur l'érosion rapide des capacités de paiement de son rival, tant pour l'armée que pour les fonctionnaires. On doit toutefois prendre en compte que, en raison de sa maîtrise absolue de tous les moyens d'information nationaux, Laurent Gbagbo n’aura pas de mal et n'hésitera pas un instant à imputer à son adversaire le non-paiement des traitements et des soldes à la veille des fêtes de fin d'année.
Si l’on ne peut guère espérer, à très court terme, un règlement pacifique du conflit politique, il pourrait se faire néanmoins que ces questions d'argent entraînent, en particulier au sein de l'armée dont le poids et le rôle sont décisifs, des changements importants qui pourraient conduire Laurent Gbagbo à perdre l'essentiel de son soutien logistique majeur, à condition toutefois qu'une scission au sein des troupes ivoiriennes ne conduise pas à des affrontements meurtriers et, cette fois-ci, inévitablement dramatiques.
L'argent dit-on est le nerf de la guerre. Sera-t-il, en Côte d'Ivoire, celui de la paix ?
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1 commentaire:
C'est un nouvel exemple que la démocratie, c'est du pipeau face aux puissances d’argent.
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