Le hasard a voulu que les élections présidentielles en Haïti et en Côte d'Ivoire aientt lieu le même jour, le 28 novembre 2010. Peut-être aurait-il fallu consulter les marabouts et les cauris pour éviter cette date semble-t-il pas été très heureuse dans les deux cas.
Les problèmes sont assurément différents.
En Haïti une foule de candidats (18 me semble-t-il, dont quelques-uns folkloriques, l’élection attirant les chanteurs !) mais surtout un corps électoral des plus incertains, en raison des insuffisances structurelles de l'état-civil local, mais surtout du séisme du 12 janvier 2010 qui a détruit une partie des archives en la matière. Établir, dans les délais et dans les conditions qui sont celles du pays, les cartes d'identité de tous les électeurs présumés n'a pas été, on le devine, une mince affaire et beaucoup de demandeurs n'ont pas été servis, tandis que d'autres l’auraient été plusieurs foid, dans des conditions quelque peu incertaines.
Il est donc difficile de savoir exactement dans quelles conditions se sont déroulées les élections haïtiennes (certains organismes américains ont parlé de « farce », tandis que d'autres commissions jugeaient les chose à peu près normales) ; il en est de même en Côte d'Ivoire où l’on a si on a évoqué des fraudes et même des destructions de bureaux de vote (dans le nord du pays surtout) et si le vote des expatriés ivoiriens en France même, a lui aussi été jugé sujet à contestations.
En dépit de circonstances quelque peu discutables dans le déroulement des opérations électorales, la situation n'est pas du tout la même dans les deux pays. En Haïti, il y a pléthore de candidats sans qu'on sache bien au fond quelles sont les réels favoris (un chanteur local semble bénéficier d'une grande faveur), tandis qu en Côte d'Ivoire l'affrontement se limite à deux hommes Laurent Gbagbo, président sortant, en place depuis 10 ans et ayant ralenti durant cette période tout processus électoral et Allassane Ouattara son principal et seul rival. Le problème est qu'à travers ces deux hommes, s'opposent deux régions (le Nord pour Allassane Ouattara, le Sud pour Gbagbo) et surtout, au-delà, deux religions, le Nord étant musulmans et le Sud chrétien ou animiste.
Quoique Allassane Ouattara soit né près de Yamoussoukro (où l'ancien président Houphouët-Boigny a construit sa gigantesque cathédrale), Gbagbo a essayé de mettre en doute et en cause son « ivoirité», la famille Ouattara ayant une origine lointaine hors de la Côte d'Ivoire dans une zone sahélienne plus vaste. Après une carrière ministérielle somme toute brillante, Allassane Ouattara,, économiste de formation, a été mis hors du jeu politique national par ses adversaires grâce à l'octroi d'une sinécure dorée au Fonds Monétaire International ce qui permettait de l'écarter, provisoirtement au moins, du débat ivoirien (Est-ce que cela ne vous rappelle pas quelque chose ?).
Le pire de tout est que non seulement risque fort de se ranimer dans cette affaire l'affrontement régional et religieux entre le Nord et le Sud qui a déjà fait bien des victimes, mais que les délais apportés dans le dépouillement de l’élection (et la situation est la même en Haïti) accréditent fâcheusement l'idée que ces retards sont mis à profit pour truquer les élections, comme si de telles opérations ne pouvaient pas se faire en quelques heures.
Avant le deuxième tour des élections, tout semblait donner à penser à une victoire de Gbagbo qui prétendait lui-même le résultat acquis. Or mardi 30 novembre 2010, alors que la commission électorale devait donner les premiers résultats ne, au moins pour les votes des Ivoiriens expatriés, de représentants de Gbagbo dans la commission électorale internationale ont interrompu la proclamation des résultats, en allant même jusqu'à déchirer les procès-verbaux que le président de cette commission se préparait à lire. De tels incidents donnent à penser que les partisans de Gbagbo qui jugeaient la victoire certaine sont désormais dans un état d'esprit un peu différent.
En Haïti, les retards dans la proclamation des résultats ne seront sans doute pas un élément très favorable pour la suite des événements, néanmoins il n'aura pas, on l'espère, de circonstances trop dramatiques. En revanche en Côte d'Ivoire tout donne à penser qu'on risque d'aller, dans de telles conditions, vers des affrontements violents entre le Nord et le Sud, dans lesquelles l'opposition religieuse n'est évidemment pas un élément favorable.
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