dimanche 18 septembre 2011
Le rapport Vance comme si vous y étiez
S'il n'était pas en anglo-américain et, en outre, pas très facile d'accès, je vous recommanderais volontiers la lecture du rapport rédigé par l'équipe de Cyrus Vance à l'attention du juge Obus. Je n'invente pas cet ultime et pittoresque détail patronymique que vous pouvez vérifier dans tout bon organe de presse. Je mets ici ce rapport surtout pour Madame Chazal qui apparemment ne le connaît pas!
Mobiliser un juge nommé Obus pour un coup à peine tiré par DSK, cela ne vaut pas la peine de convoquer ici "l'artilleur de Metz", quoique je fasse souvent appel à des chansons françaises dans ce blog. Tout donne en outre à penser que cet obus fera long feu !
Je me suis donc infligé la lecture des 25 pages de ce rapport, à vrai dire pas très copieux (deux mille signes et intervalles à la page !) ; en revanche, la conclusion ne laisse pas d'étonner ; à la lire, on comprend bien que toute cette instruction est menée à charge pour cette pauvre Mme Diallo et, si j'ose dire, à décharge (si j'ose dire) pour DSK, assurément expert en la matière !
Je ne puis fournir ici des extraits de ce texte, à l'appui de mes commentaires, car je n'ai pu accéder qu'à un PDF et je suis trop maladroit pour réussir à en copier les passages les plus désopilants. Je vous la ferai donc courte, comme d'habitude.
Passons sur les neuf premières pages car, une fois débitées les sornettes juridiques habituelles en pareil cas, aux States comme en Gaule, elles ne nous apprennent rigoureusement rien sur ce qui s'est passé en cette journée du 14 mai 2011 que ce qu'on en a lu cent fois dans la presse et qui avait conduit à l'incarcération immédiate de DSK.
Ce qui est intéressant en revanche, dans la suite, est que l'on y voit les enquêteurs s'intéresser, avec une passion étonnante, « à l'histoire PERSONNELLE ("personal history")" de Mme Diallo, dont on se demande un peu en quoi elle importe dans cette affaire, sinon pour pouvoir lui chercher des poux dans la tête par la suite. La pauvre femme, dont l'anglais est d'ailleurs incertain, a dû voir une preuve d'intérêt pour son malheur dans cet empressement des enquêteurs à lui faire raconter sa vie.
Je sais bien qu'un attorney américain n'est pas un juge d'instruction français, qui lui, en principe du moins, instruit une affaire à charge et à décharge, mais ces braves enquêteurs auraient pu également s'intéresser à l'histoire personnelle de DSK qui est loin d'être triste ; toutefois ils n'ont pas osé n'en rien dire du tout, n'accordant à son passé qu'une très modeste attention à l'extrême fin du rapport ; aussi à la dernière page (page 24), est-il fait allusion, EN SIX LIGNES, aux affaires sexuelles de DSK ; c'est tout de même très peu de choses dans un rapport de 25 pages, surtout face aux longs développements sur l'histoire personnelle de Madame Diallo. Nulle évocation par ailleurs des témoignages des deux employées du Sofitel qui ont refusé, à son arrivée, les lourdes avances et invites de DSK !
Venons-en aux fameux "mensonges" de Mme Diallo que ne cesse d'évoquer DSK et qui, à l'en croire, auraient retourné le grand Cyrus!
1. Le viol qu'elle aurait subi en Guinée et qui était, j'en ai déjà parlé, la circonstance qui fondait et justifiait sa demande d'immigration aux États-Unis. Je ne pense pas qu'il y ait un seul candidat à l'immigration, dans un pays quelconque, qui n'arrange pas un peu les choses et les événements de son histoire personnelle, pour se donner de plus grandes chances de voir sa demande acceptée. Il est capital, par ailleurs, de souligner que la révélation de son mensonge devant le grand jury est le fait de Mme Diallo ELLE-MEME! On ne l'a pas du tout prise sur le fait ni en rien convaincue de mensonge et de faux serment. C'est elle-même qui a confessé le mensonge qu'elle avait fait, dans l'espoir de voir sa demande acceptée.
Il est tout à fait certain qu'on l'a manipulée et poussée à cet aveu inutile et à cette confidence fâcheuse pour elle par un stratagème, en lui disant sans doute que cette révélation serait sans conséquence. Il y a là une manipulation scandaleuse d'une victime ou, à tout le moins, d'un témoin.
J'ajoute qu'on reviendra dans la suite (aux alentours de la page 15) sur cette affaire de viol, en donnant l'impression que, si elle avait déjà été violée en Guinée par des soudards africains, elle devait avoir l'habitude de la chose et que tout devenait, de ce fait, beaucoup moins important, quelle que soit la réalité.
Là encore les formulations du rapport sont absolument scandaleuses ! Ce n'est pas parce qu'on a été violée une fois, qu'on a forcément pris l'habitude, voire le goût de la chose !
2. Point essentiel : ces fameux "mensonges" qui seraient des versions "contradictoires" de l'affaire. L'adjectif est de l'un de nos crétins de journalistes qui bien entendu n'a même pas lu ce rapport! Le texte s'attarde longuement (page 12 et 13) sur les trois "versions" différentes, non de l'affaire elle-même (ce qui pourrait constituer une présomption de mensonges) , mais de détails annexes, infimes et sans la moindre pertinence, qui touchent à la chronologie et même la numérotation des chambres où Mme Diallo s'est rendue immédiatement après le viol !
Tous ces détails sont rigoureusement sans la moindre importance ; on peut donc tout à fait comprendre que Mme Diallo, dans l'évocation de ses faits et gestes banals après le viol, sans le moindre rapport avec lui, sous le coup de l'émotion, et vu l'absence totale d'intérêt de tels détails, ait pu avoir de légères variations dans les détails de ses mouvements et du minutage précis de son emploi du temps. Tous ceux et celles qui ont eu à connaître d'affaires de viol savent, eux et elles, que les victimes ont toujours le plus grand mal à rendre compte des faits vu le traumatisme subi.
3. Il y a aussi les affaires de dépôts d'argent sur son compte et de multiplicité de téléphones ; il n'est pas impossible que Mme Diallo ait eu des fréquentations douteuses en la personne de certains de ses compatriotes, exilés comme elle, ce que confirme le fait que l'un d'entre eux soit en prison. En revanche, on se demande ce que de telles circonstances ont à faire avec les points 1 et 2. Est-il légitime à New York de violer toute femme africaine qui a un ami en prison ?
J'ajoute qu'il n'est pas sûr que l'on n'ait pas abusé, dans toute cette affaire, de l'incompétence linguistique de Mme Diallo. Si elle avait été bien conseillée, elle aurait pu exiger que tous ces débats et toutes ces questions se passent dans la variété régionale de peul qui est sa langue maternelle, ce qui aurait sans doute posé quelques problèmes au bureau du procureur.
Venons-en maintenant aux aspects un peu drolatiques de ce rapport car ce que nous en avons vu, jusqu'à présent, est plus scandaleux qu'amusant.
La recherche des traces ADN a conduit à des découvertes un peu inattendues comme celle de la présence de traces de sperme, non seulement de DSK, très abondantes, mais aussi de deux ou trois éjaculateurs (page 18 notes en particulier) ; cela ne concerne guère l'affaire Diallo, mais donne à réfléchir, tant sur l'hygiène d'un établissement comme le Sofitel que sur les moeurs de ceux qui le fréquentent.
Tous les détails médicaux et génétiques, en foule, accablent DSK, dont on trouve les traces ADN (spermatiques ou épithéliales) partout, aussi bien sur l'uniforme que sur les collants ou les dessous de Mme Diallo. A cet égard, il est particulièrement curieux qu'une femme de mauvaise vie professionnelle, venant à la rencontre d'un client potentiel pour une relation sexuelle, porte deux collants, l'un sur l'autre, plus un panty ; dans cet emploi et dans de telles intentions, on l'aurait plutôt vue sans culotte et en porte-jarretelles !
DSK a d'ailleurs aggravé son cas puisque, non content d'imposer des pratiques sexuelles non consenties à Mme Diallo, il lui a en plus déchiré ses collants ; l'un a une déchirure de trois pouces et l'autre d'un pouce et demi , l'une et l'autre se situant dans la zone de l'entrejambe et du haut des cuisses, partie qui n'est pas réputée être la plus fragile des dits collants. Le souci d'épargner DSK conduit les rédacteurs à souligner (page 23) que les collants ne sont pas solides et qu'ils peuvent souvent présenter des faiblesses ("defects"). On croit rêver mais la plupart des femmes qui en portent ne diront pas le contraire.
Les rédacteurs de ce texte ne sont toutefois pas totalement dénués l'humour. Page 23, observant que l'épisode sexuel a duré, au total, entre sept et neuf minutes (et même peut-être deux minutes de moins comme le fait observer une note), on peut en conclure, comme le font les auteurs, que pour une "relation prévue ou consentie" ( ce que prétend la défense) l'épisode ne semble guère "consensuel".
Ce matin même, l'avocat nain de DSK a fait une remarque, curieuse mais essentielle quoique bien tardive, en disant que la relation sexuelle (donc RECONNUE) de DSK et de Madame Diallo était certes "INAPROPRIEE mais non forcée"!
Bizarre! Bizarre! N'y aurait-il pas, comme je le subodore, un accord général (avec ou sans dessous de table)? Cela éclaire le rapport transmis à Obus qui accable DSK, tout en invitant, dans une étrange conclusion, à abandonner les poursuites. Le rapport sort donc le grand Cyrus du guêpier où il s'était sottement précipité et, en mettant fin à l'épisode pénal, passe la patate chaude au civil! Toutefois, à la place de Mme Diallo, je me serais fait payer d'avance!
En somme tout rentre dans l'ordre moral : le Blanc est blanchi et la Noire noircie!
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