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vendredi 16 septembre 2011

Delors en Barre ou de l'or en barres?

Devant la succession infernale des malheurs qui nous accablent au sein de la communauté européenne, il y a des mois que je médite de faire un blog sur Jacques Delors qui est la figure symbolique et majeure de ces eurocrates irresponsables qu'on n'entend plus guère aujourd'hui alors qu'ils nous ont bassiné, des décennies durant, avec des projets et des structures absurdes dont nous allons payer le prix !

Delors, un singulier individu dont je ne me suis jamais expliqué le parcours et la fortune et moins encore le succès d'estime dont il a souvent bénéficié. D'aucuns voulaient même en faire notre Premier Ministre (l'ex-employé de banque aurait succédé alors au meilleur économiste de France. "Delors en Barre" en quelque sorte !) puis, dans la suite, le président de la République; il eut alors, quant à lui, la sagesse de ne pas se décider à se porter candidat ; l'aurait-il fait que je suis intimement convaincu que, selon une application particulière du principe de Peter, il n'aurait pas été pire que l'autre. N'importe qui, en effet, peut faire l'affaire dans ce genre de fonction comme l'histoire, ancienne ou récente, nous le montre assez. On a bien eu ainsi à la tête des États-Unis un marchand de chemises (Truman), un militaire borné (Eisenhower), un acteur pour séries B (Reagan), un planteur de cacahuètes (Carter) et quelques obsédés sexuels dont les plus notables sont Kennedy et Clinton. Dans une "copropriété horizontale" où j'ai habité autrefois, je proposais régulièrement de mettre à la tête de notre "syndicat" le concierge de la résidence. Je n'ai jamais été suivi dans ces propositions successives mais demeure convaincu qu'avec lui les choses n'en seraient pas allé plus mal pour autant!

Jacques Delors, et c'est tout un programme, était un employé de banque et un syndicaliste qui avait mis sa fille Martine aux Oiseaux (ce qui est tout un programme!) ; nous en subissons aujourd'hui, 40 ans plus tard, les conséquences et peut-être n’est-ce pas fini ! Après tout, si singulier que soit un tel choix, la chose relevait de sa vie personnelle et je ne lui en ferai pas grief.

Il en est tout autrement pour ce qui est de l'Europe, où il a mené durant une dizaine d'années, une politique absurdement irréaliste qui est, pour une bonne part, à l'origine de la plupart des problèmes qui sont les nôtres. Il y a longtemps que je pensais à en parler dans un blog mais je ne voulais pas troubler la quiétude probable de ce quasi nonagénaire.

Mais le voilà qui ramène sa fraise, interrompant un moment leur probable sucrage, pour réapparaître dans la presse, donner à nouveau des leçons (son sport favori) et critiquer les positions de Mme Lagarde dans une crise financière qui est, pour une bonne part, issue des choix désastreux qu'il a lui-même faits et imposés en faveur d’une politique européenne absurde dont nous commençons à payer aujourd'hui les conséquences.

La meilleure illustration de cet aspect tient à la Grèce qui, sauf erreur de ma part, est entrée dans l'Europe en 1981, donc avant qu'il soit à la tête des affaires, mais qui illustre, de la façon la plus calamiteuse, la politique était déjà la sienne et qui le fut plus encore quand il accéda aux plus hautes responsabilités.

Rêvant sans doute d'être le Jean Monnet ou le Robert Schumann de son époque, il a poussé à fond dans le sens de l'élargissement de l'Europe sans prendre les plus élémentaires précautions quant à l'harmonisation des régimes économiques, fiscaux et sociaux des différents Etats qu'on faisait entrer dans l'Union européenne par fournées ni à la réalité et à la fiabilité des indicateurs économiques qui fondaient leurs demandes. Les premiers problèmes auxquels nous ayons été confrontés sont ceux de la Grèce tout simplement parce que la Grèce a été un des premiers Etats qu'on a fait entrer dans l'Union européenne alors qu'elle était manifestement l’un de ceux qu'il n’aurait jamais fallu accepter vu ses modes de fonctionnement et de non-gestion permanente et généralisée. La falsification des comptes par l'État grec était connue de tous… sauf de Delors et de ses affidés. Les Grecs, plus malins ne s’y sont pas trompés et Delors est devenu en Grèce l'image tutélaire et iconique d’une communauté européenne qu’on s’employait à gruger joyeusement.

Petit rappel de quelques faits qui illustrent le rôle et la responsabilité de J. Delors.

Février 1988 : le Conseil européen de Bruxelles adopte le « Paquet Delors I » visant à financer les mesures d’accompagnement du marché unique : réforme de la PAC, financement de la politique de cohésion économique et sociale. A l'époque de ce premier "paquet Delors", de 1989 à 1995, la Grèce reçoit 8,605 milliards d'écus ; lors du 2ème "paquet Delors" (1994-1999), elle perçoit, en moyenne, 500 milliards de drachmes par an, auxquels s'ajoutent, pour la même période, 3 milliards d'écus au titre du Fonds de cohésion. Ces masses d'argent européen ne sont pas perdues pour tout le monde.

Comme les Grecs ne manquent pas d'humour, on reprend le terme européen "officiel" hellénisé de « Paketo Delors » dans des blagues : "Paketo", c'est l'emballage spécial que l'on réclame à la vendeuse, en précisant "C'est pour offrir". Autre plaisanterie de nature différente. On use de l'expression "paketo Delors" pour désigner les colis de billets, provenant des subventions européennes, qu’on envoie à l'étranger, dans les paradis fiscaux et en particulier en Suisse ; il y a , actuellement, dans ce seul pays, 200 milliards d'euros d'avoirs grecs qui datent de cette heureuse époque et sont un magot inattendu pour un Etat en faillite. Une telle dérision était la preuve et le symbole de la stupidité des eurocrates de Bruxelles qui, sur la foi de faux bilans manifestes et sans aucun contrôle, ont, dix années durant, couvert la Grèce d'aides et de subventions en tout genre.

La plupart de ceux qui déplorent actuellement les vicissitudes de l'Europe sont, en réalité, les initiateurs, les artisans et les complices de la création de cet état de fait, mais ils n'en éprouvent apparemment aucun remords ; ils ont même le front de continuer à parader voire à donner des conseils, comme s’ils n’y étaient pour rien et surtout sans que nul ne s'avise de le leur faire remarquer et de les mettre directement en cause.

Si les choses étaient gérées avec un peu de logique et de rigueur, il faudrait, pour payer une partie des dettes issues des malversations et des falsifications de la Grèce, saisir les biens de tous ces artisans de l'usine à gaz de l'UE ainsi que leurs retraites, probablement fort copieuses vu les salaires royaux qu'ils s'attribuaient et dont ils bénéficient, au terme de carrières calamiteuses. R. Barre confiait qu'il était mieux payé par l'Europe comme Commissaire que par la France comme Premier Ministre ( De l'or en barres!). Certes cela ne suffirait pas à combler le « barathre » (du grec « barathron », gouffre) de la dette grecque, mais constituerait au moins une satisfaction morale et un juste retour des choses.

2 commentaires:

Expat a dit…

Cher Usbek,

quand vous écrivez que n'importe qui peut faire l'affaire dans la fonction de Président de la République, je suis prêt à vous suivre. D'ailleurs les Belges nous prouvent depuis de longs mois qu'un pays peut continuer à fonctionner, peut-être pas mieux mais certainement pas plus mal, sans gouvernement.
Par contre il faudrait interdire la fonction présidentielle à ceux qui pensent sincèrement qu'ils sont capables de changer les choses.D'une part ça prouve qu'ils manquent encore de maturité, d'autre part ils risquent de troubler notre quiétude.

S'agissant du reste de votre billet, la démonstration est impeccable.

Anonyme a dit…

Cher Expat
D'accord avec vous comme très souvent. Si Delors me traîne en justice ( on doit s'attendre à tout dans notre pays!), vous serez mon témoin de moralité ou plutôt de bon sens. Usbek