« Quo non descendamus?» (« Jusqu'où descendrons nous? »), cette exclamation de Cicéron, ici moins d’indignation que de stupeur, concerne la sottise qui nous cerne de toutes parts!
J'écoutais hier (20 octobre 2010), en voiture (c'est en général à ce moment et en ce lieu que je prête attention aux âneries du calibre de celle dont je vais parler), un commentaire plein d'émotion et d’indignation sur un propos scandaleux de ce pauvre Monsieur Guerlain, ex-parfumeur de son état. On rapportait que, sur France2, interviewé par Mme Lucet, sur son activité ancienne, Guerlain avait lâché les phrases suivantes pour souligner la peine qu'il avait eue à mettre au point un nouveau parfum : « Je me suis mis à travailler comme intègre. Je ne sais pas si les nègres ont toujours tellement travaillé, mais enfin... ».
Personnellement, mais c'est la preuve de ma nature foncièrement mauvaise, je ne trouve pas le propos, oral et improvisé, pendable et je juge en tout cas le bruit fait à ce sujet très excessif et queque peu insolite
.
A cela deux raisons dont une troisième est sans doute la principale.
La première est d'ordre anthropologique et économique. Pour connaître un peu l'Afrique et y avoir fait quelques études, j'y ai toujours constaté que les femmes y étaient beaucoup plus actives, productives et efficaces que les hommes. Pour prendre par exemple la production agricole alimentaire, essentielle là-bas, elle est, selon tous les experts, assurée en Afrique de l'Ouest à 50 % au moins par les femmes et en Afrique centrale à 75 % ! On devrait donc logiquement dire non pas « travailler comme un nègre » mais « travailler comme une négresse ». Je sais que j’aggrave là mon cas et que je m'expose encore davantage par un tel propos puisqu'aux défenseurs des Noirs (Pas sur la tête Missié Lozès !) vont s'ajouter ceux et celles des femmes.
La deuxième raison est de l’ordre du discours. « Travailler comme un nègre» est une expression toute faite qui, comme le montre l'usage qu’en a fait M. Guerlain, caucasien pur laine, est machinale et quasi vide de sens puisque peu de parfumeurs sont noirs. On peut dire, de la même façon, « j’ai couru comme un lapin » sans se voir pour autant pousser de longues oreilles ! Je ne pense pas qu'en usant de ce tour M. Guerlain s'assimile en quoi que ce soit à un mélanoderme (admirez la prudence de ma formule). Heureusement pour lui que son succès dans l’élaboration de son parfum fait que nul ne lui reprochera d’avoir fait, en plus, « un travail d’Arabe » !
Ma troisième raison est d'ordre proprement linguistique et est infiniment plus générale. Elle est suscitée par la question qui a été posée à ce propos à quatre parlementaires français à qui on a demandé « Dire nègre c'est une opinion ou un délit ? ». À elle seule la formulation de cette question démontre à la fois la sottise de celui (ou celle) qui l’a formulée et son ignorance totale de la langue française et du sens même de son propos.
Si l’on va jusqu'au bout de cette logique (qu'on veuille bien me pardonner d'employer ce mot si impropre dans un tel contexte et pour une telle question), il faut supprimer le mot « nègre » dans tous les dictionnaires des Français, en interdire l'usage et même brûler les écrits où il apparaît.
Jusqu'au descendrons-nous dans les abysses de la sottise et dans le gouffre de la généralisation infinie du « parler gnangnan » qui fait des aveugles des non-voyants et des balayeurs des techniciens de surface ? Irons-nous dans cette voie jusqu'à censurer tous les grands auteurs qui ont usé du terme "nègre" ? Assurément ces textes ne sont pas un problème pour ceux qui interviennent ainsi, dans la mesure où ils ne les ont jamais lus et en ignorent sans doute jusqu'à l'existence). Je pense naturellement ici à quelques grands passages de Montesquieu ou de Voltaire qui ne sont pas seulement des noms de boulevards ou de quais!
Le comble est toutefois atteint par un écrit de Mlle Audrey Pulvar, de la Martinique faut-il le préciser, qui a largement suscité et contribué à alimenter cette polémique pas nécessairement innocente et fortuite de sa part comme on va le voir. Mlle Pulvar, à un niveau plus modeste (mais ceci explique peut-être cela) est, en effet, une rivale professionnelle de Mme Lucet qui officie, elle, sur France2 donc au plus haut de la profession. De ce fait, elle n'a évidemment pas laissé passer l'occasion de glisser une peau de banane (autre spécialité martiniquaise) sous les pieds de celle dont elle rêve sans doute de prendre la place.
Le plus drôle de l’affaire (et ce détail a sans doute échappé à beaucoup, ce qui me conduit a donner ces précisions) est que ce mot « nègre », sous sa forme créole « nèg », est d'un emploi des plus courants dans les créoles antillais. Pour couper court à tout débat oiseux, je donne la définition qu'en fournit le dictionnaire du créole guadeloupéen (que Mlle Pulvar me pardonne d'invoquer ici le créole de la Guadeloupe, faute de disposer d'un dictionnaire du même type pour la Martinique). Cette définition est « nèg : nègre, homme, cher ami, gars. ». Ce mot est dans cet ouvrage l'un de ceux auxquels est consacré l’un des plus longs articles et on y relève pas moins d'une bonne vingtaine d'expressions où intervient ce terme.
Je sais bien que cette « journaliste » ne confond pas la France et la Martinique puisqu'elle est la fille de Marc Pulvar, co-fondateur du MIM, le Mouvement Indépendantiste Martiniquais ! « Le pain du méchant emplit la bouche de gravier » dit l’Ecriture. Ce n’est apparemment pas le cas de celui de la France, n’est-ce pas Mademoiselle Pulvar ?
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9 commentaires:
Cher Usbek,
voilà le genre d'info, parmi bien d'autres, qui me confortent dans le choix d'avoir quitté un pays qui part en quenouille.
Je suis d'ailleurs bien étonné, mais pas tant que ça en fait, qu'à un moment où il semblerait qu'il y ait des choses tout de même plus importantes à traiter, et pas seulement la réforme des retraites et les grèves, sabotages, actes de banditismes, etc., associés, les médias trouvent encore de la place pour ce genre de connerie, bien digne du sieur Lozes dont on se demande pourquoi il ne tire pas avantage de sa probable double nationalité pour retrouver les mânes de ses ancêtres et quitter un pays définitivement marqué par le sceau du racisme le plus infamant.
Il parait même que cet abruti qui risque par ses propos et agissements d'introduire dans le langage familier une nouvelle formule telle que "aussi (auto-censure mais ça commence par c) qu'un nègre", si on en croit son blog veut internationaliser l'événement, le non-événement pardon. Rien que ça !
remarquez, il avait déjà atteint les sommets du ridicule en voulant faire interdire "Tintin au Congo". Avant sans doute de s'attaquer à la littérature pas seulement française et de demander des excuses et des dommages et intérêts à l'Académie Française, à Larousse et au Petit Robert, pour ne citer qu'eux.
A moins que l'idiot s'agite en vue du prochain remaniement ministériel se disant que par ses caractéristiques, de descendant de nègre devenu noir et d'opposant, il a de fortes chances d'attirer l'attention de Sarkozy. Imaginez! d'une pierre deux coups : un concentré d'ouverture et de diversité à lui seul. Un Lozes contre une Rama Yade et un Kouchner ! Et cumulant l'inutilité des deux ! Quelle belle affaire !
nous sommes sous le joug de la loi anti racismme qui nourrit les avocats et arrose des parties civiles à l'affût
La morale n'a plus cours car on fait une pendule à 13 coups de cette affaire et on laisse employer le terme "d'esquimaux" pour les nourrissons défunts de Madame Courgeault
C'est dans la même blogosphère
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Cher Huggy-les-bons-tuyaux
Comment regretter ce blog qui a eu le mérite essentiel de vous faire sortir à la fois de vos gonds et de votre trou?
"Much ado about nothing"!
PS Pourquoi votre commentaire n'est-il pas là?
Pourquoi mon commentaire n'est-il pas là? Dieu seul le sait! Franchement j'ai eu bien du mal à l'envoyer... Mais peut-être apparaîtra-t-il plusieurs fois comme celui (ceux) de Cimabue...
Cher Huggy
Il y a eu sans doute une fausse manoeuvre car je l'ai reçu quatre fois. Il faut dire que dans ce blog la mise en ligne de commentaires me semble un peu compliquée. Comment votre texte a-t-il pu ne pas passer alors que le commentaire du commentaire est là?
Cher Usbek,"Much ado about nothing"! me répondiez-vous! C'est aussi l'avis du directeur de l'info de votre station radio préférée RMC qui traitait à 13h50, c'est dire l'importance du sujet, de "l'affaire Guerlain". Et qui était invité? P. Lozès! Avec Michel Maffesoli qui du reste partage largement votre point de vue. Une fois de plus P. Lozès après avoir débité son laïus, s'est vu couper le sifflet!
"Much ado about nothing"! écriviez-vous, me paraît une bonne conclusion après avoir entendu P. Lozès.
Mes respects du jour!
Cher Huggy
Vous avez fini par passer à travers les gouttes! Ce blog n'est donc pas "whites only"! Toutefois manque encore votre premier commentaire ce qui rend le premier des miens incompréhensible, ce qui est nautrellement le plus grave. Vous voyez que j'ai toujours ce reare taletn de me rendre insupportable! J'ai vu comme vous le beau Lozès, ripoliné à souhait (comme dirait ce pauvre Guerlain). J'ai appris qu'à l'offensive discrète de la belle Audrey (contre la pauvre Lucet pour qui Mlle Pulvar espérait un sort semblable à celui de son successeur dans l'horaire de France2 Delarue quoique, elle, ne se bourre pas le pif)s'ajoute de sourdes et tortueuses manoeuvres contre l'industrie cosmétique française. Foutre!
Rien de tel qu'un Lozès pour que nous nous retrouvions!
PS Cela dit, je n'arrive pas toujours à commenter et je suis peu experty en la matière.
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