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jeudi 25 novembre 2010

Black Blanc Beur(re)

En commençant à écrire ce post, je suis partagé ( tel l’âne de Buridan ou l’Héraclès de Prodicos – vous verrez dans la suite pourquoi je vous propose ces deux registres métaphoriques) entre deux sujets. D'une part celui que je voulais traiter au départ et auquel je ne viendrai pour finir, que par la suite, et, d’autre part, des considérations, plus permanentes et plus générales, sur le triste état présent de l'édition française.

Commençons donc par le second, car il sera plus rapidement traité et surtout car je l'ai déjà abordé. Demain sort un livre dont le titre est tout un programme. Confessions d'un Sarkozyste repenti , chez Jean-Claude Gawsevitch. Cet éditeur, aussi récent qu’obscur, n’a guère d’activité et semble vouloir se spécialiser dans le micro-scandale. Bref, après les bébés congelés voilà le sarkozyste refroidi. C'est tout dire ! La seule question qu'on doit s’être posée est celle de savoir si, dans le titre, on écrivait « sarkozyste » ou « sarkoziste ». La lueur d'espoir qu’on peut avoir est que le Tout Paris éditorial semble avoir refusé le projet de R. Domenech qui aurait pourtant fait une tournée générale de propositions!

Pour le sarkozyste congelé, la promotion est d’ores et déjà assurée, après avoir modestement commencé dans les « Grandes gueulese de RMC qui ont brûlé la politesse à tout le monde. Je l'y ai entendu (j'y viendrai dans la suite immédiate), mais on va nous le fourguer dans toutes les émissions dites populaires et sa place est sans doute retenue chez Denisot ce soir et chez Ardisson pour samedi prochain comme invité de 20 heures.

J'ai donc écouté ce midi ce jeune maghrébino-luso-auvergnat, Amine Bénalia-Brouch, puisqu’il faut l’appeler par son nom, déjà pittoresque en soi. C’est lui qui avait suscité la polémique autour des propos racistes prêtés à Brice Hortefeux sur les Arabes et les Auvergnats mais qui, dans la suite, avait un peu sauvé la mise au ministre en les démentant, sous leur forme initiale du moins. Je ne vous parle donc pas des faits que vous allez entendre répétés cent fois dans les jours qui viennent.

Comme je devine que vous vous interrogez déjà sur le titre de ce post, je ne vais pas vous faire languir avec le coup du coïtus reservatus car ce titre aurait dû, en fait, être ma chute.

Pourquoi « black, blanc, beur(re) » ?

Le black ? J'emploie ici le terme « black », pour ne pas user du mot « nègre », même s'il est, en fait, le seul possible quand il s'agit de l'auteur anonyme et caché d'un ouvrage qui paraît sous le nom d’un autre. Même un beur peut donc avoir un nègre, ce qui, au fond ne fait que renouer avec une très ancienne tradition de l’esclavage arabe en Afrique ! Pour avoir entendu ce jeune homme causer dans le poste sur RMC, je doute fort qu'il soit en mesure d'écrire un livre et cela surtout dans les délais très brefs qui ont été accordés pour cette opération. Qu’il y ait un nègre dans cette affaire ne fait donc pas le moindre doute.

Et le blanc ? Il y en a pas trop, car je ne veux pas mêler le ministre de l'intérieur à cette affaire. En l'occurrence, il s'agit donc plutôt d'une blanche puisque le second patronyme de ce brave Amine est, semble-t-il, celui de sa maman portugaise.

Quant au beur(re) ? La double orthographe possible pour ce terme est ici parfaitement commode et même très adaptée à la circonstance puisqu'Amine Ben Alia est manifestement un « beur » mais qu'en même temps, il est de toute évidence assez habile pour faire son beurre (et son beur) de cette affaire grâce à son nègre.

Je ne sais pas exactement de quoi le « sarkozyste » se repent car le titre est évidemment ambigu. On ne sait pas s'il se repent d'avoir été sarkozyste ou d'avoir menti, en la circonstance, pour ne pas nuire à ce courant poltique en la personne du ministre de l'intérieur qu’on sait alter ego du Président. Il serait alors un "repenti", comme ces mafiosi qui balancent leurs complices pour s'assurer l'impunité.

J'ai été frappé par le caractère très contradictoire des propos de ce jeune homme que j'ai entendu, tour à tour, dire que cet événement l'avait fait mettre à la porte de son travail et tomber dans la plus difficile des conditions, mais aussi répondre à Sophie de Menthon, qui le soupçonnait de vouloir gagner de l’argent avec ce livre, qu'il n'avait pas nul besoin d'argent dans la situation qui était la sienne. Tout cela ne me paraît pas très clair et toutes les explications qu'il donne, d'abondance, me paraissent aussi embrouillées qu'obscures et, par là, peu convaincantes.

Après l’avoir vu rebondir si vite et si loin grâce à une notoriété dont il prétend avoir tant souffert, on peut prédire qu’il n’en restera pas là.

La cerise sur le gâteau. Son repentir d'avoir été sarkozyste et d'avoir cédé aux pressions de ce parti (qu'il dénonce désormais si joyeusement) lui a cependant fait de nouveaux amis et l'a aussitôt conduit à adhérer au parti de Galopin de Vilouzeau qui est peut-être, qui sait après tout, un ami de Jean-Claude Gawsevitch.

C'est ce qu'on appelle, dans quelques îles créoles que je connais, « Sauter du poêlon pour tomber dans le feu » ou, dans le style noble du français auquel Amine devra désormais s’initier, puisque le voilà entré dans le monde de la littérature : « Tomber de Charybde en Scylla ».

2 commentaires:

Huggy-les-bons-tuyaux a dit…

Cher Usbek, vos deux derniers post sont remarquables de complémentarité. Mais surtout font un bien triste état de notre belle langue française désormais malmenée, écorchée. Ceci est aussi, peut-être, assez révélateur d'un abêtissement général.

Vous qui comme moi écoutez et subissez souvent les cris et vociférations des "GG" avez dû souvent entendre Sophie de Menthon s'exclamer: "mais c'est effondrant"! Je me demande bien encore ce que cela signifie? Vous qui savez tout et pouvez beaucoup consentiriez peu-être à me l'expliquer!

Mais tout cela n'est rien comparé au "taux d'alcoolémie" dont j'entends sans cesse parler. Moi auquel on avait enseigné au temps jadis que "l'alcoolémie" constituait déjà un taux!

Il y a enfin mon préféré dont use et abuse hommes politiques et journalistes. "Lequel". Devenu dans toutes ces bouches un pronom invariable qui leur fait dire invariablement: "la situation dans lequel se trouve la France"! (sic)

Je rêve et passe sur l'expression "faire long feu" qui vaut bien votre "encalaminé" que mon correcteur d'orthographe veut absolument me faire corriger pour "encalminé". Mais quelle mouche le pique celui-là?

Bien le bonsoir, cher Usbek!

usbek a dit…

Chers amis lecteurs et chère amie lectrice
Je renonce souvent à répondre à l'envie de vos commentaires vu la complexité des procédures; c'est bien la seule chose que je regrette du Nouvel Obs que je trouve pire que jamais. Même Black Jack (comme disait Marius) a fini par se cavaler!
Usbek