Entendu ce matin, mercredi 22 décembre 2010, vers 8 heures 30, le psychanalyste et pédo-psychiatre parisien Pierre Lévy-Soussan parler de l’affaire des deux avions d’enfants haïtiens que le Ministre des affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, a décidé de faire venir en France, revenant par cette mesure nouvelle et excellente sur la décision de son prédécesseur Bernard Kouchner.
Deux petits éléments d’information utiles avant toute chose.
Le premier : P. Levy-Soussan était, avec Sophie Marinopoulos (Nantes), Maurice Berger, pédo-psychiatre (Paris) et Vincent Fournel, psychiatre (Guadeloupe),l’un des quatre praticiens qui, sans rien connaître de la situaion haïtienne, avaient conseillé à B. Kouchner de bloquer les procédures d’adoption.
Le second élément, et non le moindre, est que P. Lévy-Soussan fait la promotion de son récent livre Destins de l’adoption dont le contenu, à ce que j’en sais, est sans grand rapport ave les problèmes des enfants haïtiens.
A l’entendre ce matin , j’ai compris que P. Lévy-Soussan, dont je ne mets pas en cause la compétence en matière de pédo-psychiatrie sur le territoire français métropolitain, ne me paraît pas avoir la mondre idée de la situation haïtienne ; je ne suis même pas sûr qu’il soit en mesure de situer ce malheureux pays sur un planisphère muet.
Son intervention de mars 2010, fâcheusement stupide pour ne pas dire quasiment criminelle, comme on va le voir, à d’ailleurs suscité, à l’époque, des réactions du même genre que la mienne et je vous recommande la lecture d’une lettre ouverte de Ghislain à Sophie Marinopoulos et Pierre Lévy-Soussan en date du 2 mars 2010 ; je vous donne ci-dessous la référence (www : sauvonsles1000.org) et en reproduis quelques extraits significatifs :
« Je me permets de vous contacter car j’apprends du Service de l’Adoption Internationale que les rapatriements vers la France d’enfants adoptés en Haïti ont été stoppés.
Cette décision de M. Bernard Kouchner, qui va même jusqu’à effarer ses collaborateurs du SAI, a été prise après que le ministre a pris connaissance de votre article « Haïti : l’adoption n’est pas une action d’urgence » dans lequel un tableau bien sombre est dressé sur l’accueil en France des enfants haïtiens adoptés. Vous êtes donc personnellement impliqués dans cette décision.
Il apparaît à la lecture de votre « contribution » que vous êtes très mal informés de la situation catastrophique sur place, contrairement à nous parents en liaison quotidienne avec les responsables de crèches qui nous témoignent de leurs difficultés de tous ordres. Il y a maintenant depuis quelques jours des pluies diluviennes qui accablent encore plus cette population meurtrie. »
[...] Ma fille adoptive est âgée de 6 mois et a souffert d’une dermatite aiguë depuis le séisme. Aujourd’hui, son état de santé est alarmant car elle fait diarrhée sur diarrhée et a perdu 2 kilos sur les 7 qu’elle faisait avant le séisme.
[...]
Maintenant, votre position, qui a fait revenir le gouvernement sur sa promesse de faire rentrer tous les enfants avec un jugement d’adoption (il en reste encore 120), est lourde de conséquences.
Cette inconséquence plutôt, devrait-on dire comme Hélène Marquié-Dubié, est coupable de non-assistance à personne en danger. Nous n’avons tous qu’à espérer qu’aucun enfant ne décèdera le temps que nos « experts » et nos « politiques » réfléchissent. ..
Veuillez agréer, Madame, Monsieur, mes salutations distinguées.
Ghislain
Papa en colère de la petite Abigaël, malade et en danger »
On ne peut que souhaiter que la petite Abigaël aille mieux aujourd’hui . le pire de tout est que cette lettre, aussi émouvante que parfaitement argumentée par ailleurs, n’a pas eu le moindre effet sur Pierre Lévy-Soussan qui, de toute évidence, est plus préoccupé par la promotion de son livre et ses droits d’auteur que par le sort des enfants haïtiens.
Je ne discute en rien l’aspect psycho-pédiatrique de l’adoption car ce n’est en rien ma partie, mais je constate que les praticiens qui sont allés en Haïti et qui connaissent la situation haïtienne sont d’un avis tout différent. C’est le cas de Fanny Cohen-Herlem, pédo-psychiatre réputée, spécialiste de l'adoption elle aussi, qui, à l’époque, avait jugé la décision de B. Kouchner « trop rapide » et contesté les conclusions de ses quatre confrères. Il en est de même pour le psychiatre Didier Cremniter, lui familier des situations de catastrophe. Coordonnateur des cellules d'urgence médico-psychologiques d'Ile-de-France, il est allé à Port-au-Prince, où il a vu plusieurs enfants avant leur départ. « Sur place, dit-il, certains auraient pu mourir ou vivre des situations extrêmement éprouvantes. Les ramener en France était la seule mesure possible. »
Si je ne connais rien aux problèmes psychologiques de l’adoption , en revanche, à la différence de P. Lévy-Soussan, je connais assez bien Haïti et mon point de vue se fonde sur des aspects sociaux et culturels très importants que nul n’évoque et dont je parlerai demain car j’ai déjà été bien long. Vous saurez alors ce que sont en Haïti les « restavek » !
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1 commentaire:
Je ne comprends pas pourquoi le commentaire de Zench, que j'ai reçu par courriel, ne figure pas ici. Je l'en remercie et je vais poster dans les heures qui viennent le post annoncé sur les "restavek".La vision qu'en donne Zench et les Haîtiens qu'il/elle cite est assez éloignée de la mienne pour des raisons qu'on percevra aisément et qui se laissent assez facilement comprendre
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