La démarche raisonnable est de commencer par le plus facile.
La Poste ne fournissant à ses facteurs que le vélo, la besace, la casquette et le costume, Olivier (compte tenu de l’intimité de la démarche, j’userai ici des seuls prénoms) achète sans doute ses caleçons par trois à Prisunic lors des ventes réclames. Le port du slip est, en effet, déconseillé aux cyclistes en raison des risques d’échauffements inguinaux. Par ailleurs l’acquisition d’une authentique culotte cycliste, avec fessier en peau de chamois, est très au-delà des moyens d’un modeste préposé.
En revanche, François, pour de multiples raisons, ne peut s’accommoder que du slip kangourou blanc de notre enfance. Il le porte vigoureusement remonté en direction des aisselles comme le faisaient les enfants d’antan dans les files écolières, lors de la visite médicale scolaire. Le ferme maintien qu’assure le slip kangourou convient particulièrement à François puisque, de ce fait, il ne porte ni à droite ni à gauche, mais exactement « au miyeu ».
Jean Marie, qu’on sait nostalgique de la période où il était lieutenant en Algérie, n’aurait-il pas pieusement conservé de cette période glorieuse, quelques slips en coton kaki ? Je n’en serais pas étonné, car en dépit des interdits officiels, le militaire, à la quille, aime à garder quelques reliques vestimentaires. L’armée française équipait alors ses troupes de ces modèles de slips et ils furent les clés de nombre de nos succès militaires après, en d’autres temps, le chassepot, puis le canon de 75.
Philippe, n’en doutons pas, se fait confectionner, par de discrètes petites mains vendéennes des caleçons que la rumeur bocagère dit tricolores. L’essentiel est toutefois qu’ils soient d’une ampleur telle que celui qui les porte puisse conserver toute sa puissance reproductrice. La science a, en effet, depuis longtemps établi que la pression excessive sur les génitoires qu’implique le port du slip réduit sensiblement le nombre et le dynamisme des spermatozoïdes.
José, à n’en pas douter, à déjà mis en pratique une «insurrection contre les dessous », homologue de celle qu’il préconise contre le libéralisme économique. L’Africain sous son boubou comme le Maghrébin sous sa gandourah et l’Indien sous son dhoti ne portent ni slip ni caleçon ! L’altermondialisme refuse donc la tyrannie des dessous que nous impose le libéralisme. Dans le cas de José, sa prédilection pour la douceur du velours dans le choix du pantalon lui assure un confort sans égal dans une totale liberté.
Reste le cas de Nicolas. Le mystère est entier vu la diversité mobile du personnage. Ami de Bush et admirateur de Blum, de Jaurès et même de Guy Moquet, il échappe à toute analyse et la spéculation est hasardeuse. La référence à Moquet est de loin la plus inattendue, puisque ce jeune héros est mort, comme bien d’autres hélas, fusillé par les Allemands mais en criant, ce qui est plus singulier « Vive le Parti Communiste allemand ! ». Peut-être l’apport de ce détail historique m’épargnera-t-il les foudres du ouèbmestre. Pour en revenir à l’insaisissable Nicolas, le seul détail réellement établi sur ses dessous est qu’il se fournit toujours, en la matière, au rayon « garçonnets ».
Le cas de dames est plus délicat encore et je ne m’avance qu’en tremblant sur un terrain si difficile et si hasardeux que certains jugeront sans doute scabreux.
Arlette, née pendant la guerre, a sans doute connu, dans son enfance, les culottes que grands-mères et mères tricotaient alors, de leurs doigts usés par le travail, pour les petites Arlettes de l’époque. Son goût pour les lendemains qui chantent ne peut toutefois la conduire dans ce domaine à une attitude réactionnaire ; tout indique qu’elle doit être, comme bien des travailleuses, une fidèle cliente de la Redoute, avec une préférence marquée pour la culotte taille haute. Marie-George la rejoint sans doute sur ce terrain qui est bien le seul où elles se retrouvent.
Dominique, adepte inconditionnelle du pantalon, a sans doute une prédilection pour les culottes gainantes, de préférence renforcées, propres à contenir des formes certes généreuses, mais un peu envahissantes.
Le grand mystère reste Ségolène. J’ai naguère écrit un blog dont le titre significatif, était « Ségolènes » ; je ne puis le reproduire ici, mais il faudra que je le ressorte de l’armoire. Il soulignait déjà, à partir de quelques photos de la candidate, les divers visages qu’elle peut tout à tour offrir. L’énigme de ses dessous est plus grande encore, tant pour la matière et la couleur (blanc coton ou soie ténébreuse ?) que pour la forme (string brésilien ou Petit Bateau ?).
Je m’arrête car Marius ne peut en supporter davantage ! Il va nous concocter un de ces mélanges dont il a le secret, moitié vitriol, moitié nitroglycérine, avec une giclée d’anisette.
C’est pas moi, M’dame, c’est lui qui a commencé !
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2 commentaires:
Pour Ségolène, elle a récupéré les dessous de son papa, c'est François qui le l'a dit.
excellent!
olivier
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