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lundi 4 avril 2011

Election présidentielle, rumeurs et bruits de rangers en Haïti.

Comme on pouvait le redouter, les multiples et incessants délais apportés à la proclamation des résultats du second tour de l'élection présidentielle sont une cause majeure de perturbations et pourraient être, une fois encore, à l'origine d'incidents infiniment plus graves.

La leçon du premier tour fin novembre début décembre 2010 n'a assurément pas été tirée. On se souvient que l'annonce que le candidat Michel Martelly, le populaire « tèt kale », n'arrivait qu'en troisième position, avait déclenché des violences qui avaient fait plusieurs morts. La solution imaginée (procéder à des recomptages amenant à écarter de la deuxième place Jude Célestin au profit de Michel Martelly), était, d'une certaine façon, un mal potentiel puisqu'elle donnait à penser qu'il suffisait de jeter quelques milliers de manifestants dans les rues pour amener à modifier les résultats proclamés en première instance. On comprend aussi que cela jetait, du même coup, comme en Côte d’Ivoire, un sérieux doute sur la validité des dépouillements et des comptages.

Le deuxième tour de l'élection présidentielle a remis la politique haïtienne dans la même ornière ; les résultats du vote du 20 mars, qui devaient être proclamés fin mars, ont été d’abord différés au 4 avril ; il semble maintenant que les résultats définitifs ne sont attendus que pour le 16 avril 2011. Comment peut-on prendre au sérieux de tels atermoiements, sauf à penser qu’ils permettent d’accommoder les résultats à des volontés occultes dont on ne perçoit pas très bien ni la nature ni l’origine ni les buts?

Michel Martelly et ses partisans, instruits par les événements du premier tour, ont pris les devants et annoncé, depuis plusieurs jours, leur victoire, précisant même qu'elle était obtenue avec plus de 64 % des voix. De cette façon, ou bien ils auront eu raison et les résultats définitifs confirmeront leur victoire ; ou bien ils auront eu tort et naturellement ils seront alors d'autant plus portés à crier à la fraude ou à la tricherie et à déclencher des incidents qui conduiront, sans doute, à nouveau, à des violences.

Il semble bien qu'on le craigne comme le montrent différentes mesures d'ordre public qui vont du retrait des machettes des magasins spécialisés au contrôle des réunions publiques. Le bruit a même récemment couru que des troupes américaines allaient débarquer en Haïti, sans qu'on sache trop à quelle fin exacte elles étaient acheminées. Si l’on se réfère sur ce point à Frantz Duval et au Nouvelliste qui demeurent la meilleurs source d’information, cette rumeur vient d’être confirmée par l'arrivée, dimanche 3 avril 2011 au matin, par un vol de Delta Air Lines, d'un groupe de soldats américains. Officiellement, ils constituent les premiers contingents d'une Task Force nommée « Bon vwazen » qui devrait être déployée dans le pays dans le cadre d'une mission humanitaire. Elle devrait réunir, en tout, 500 soldats et comprendre des militaires d'autres pays que les États-Unis dont en particulier le Canada.

On allègue dans les milieux officiels que ces militaires sont envoyés en particulier pour intervenir, à titre préventif, en cas de cyclone. On ne manque pas toutefois de faire observer sur ce point que la saison cyclonique ne commence guère qu'au mois de juin et que nous ne sommes qu'au tout début du mois d'avril. En revanche a été démentie officiellement la rumeur de la présence d'un bateau de l'US Navy au large de Port-au-Prince.

Il n’empêche que, dans le contexte actuel, ces « bruits de rangers » ne contribuent pas à calmer les esprits et donnent à penser qu’on redoute que les résultats du second tour de l’élection présidentielle ne soient pas publiés dans le calme, mais, une fois de plus, dans « dans le bruit et la fureur ».

DERNIERE MINUTE (d'après le Nouvelliste en version internet)

"Le gouvernement haïtien a lancé un appel au calme lundi [aujourdhui] avant l'annonce des résultats préliminaires du second tour de l'élection présidentielle, redoutant des violences comme celles qui avaient suivi les résultats du premier tour en décembre dernier.

Le secrétaire d'Etat à la Sécurité publique, Aramick Louis, a demandé aux candidats d'inviter leurs partisans "à ne pas manifester violemment dans les rues" quel que soit le résultat.

[...]

Interrogé par l'AFP, le Conseil électoral haïtien n'a pas voulu préciser l'heure à laquelle les résultats seraient annoncés. "Les résultats seront proclamés au cours de la journée" s'est borné à déclarer un fonctionnaire du Conseil électoral provisoire (CEP).

Le CEP avait annoncé la semaine dernière que la consultation avait été entachée de fraudes et que plusieurs centaines de procès-verbaux envoyés par différents centres de vote avaient été annulés."

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