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mercredi 23 novembre 2011

Clochemerlaix en Provence

Vous m'accorderez que sur ce blog je ne fais guère en général dans la chronique locale. L'indignation me pousse ici à contrevenir à cette règle car depuis le début de la semaine Aix-en-Provence, si fière de son image internationale, vit à l'heure de Clochemerle.

Un grave conflit oppose en effet, semble-t-il, la municipalité à des forains vendeurs de textiles divers (ceux qu'on appelle à Lyon les "marchands de pates", terme que l'on doit se garder de confondre tant avec les "pâtes", (car à Lyon on distingue encore phonétiquement les "pâtes" des "pattes") qu'avec les "pattes"! A Aix, ceux-ci exercent en effet leur industrie deux ou trois jours par semaine aux alentours de l'ancienne prison et ils sont en outre autorisés, à titre exceptionnel durant l'année, à encombrer de leurs étalages le cours Mirabeau. Ils doivent toutefois en être déplacés un jour dans la semaine, durant la période de Noël, en direction de l'avenue des Belges en raison de la présence d'un "marché de Noël" dont on installe les baraques sur ledit cours Mirabeau. Remettons tout de suite les choses à leurs dimensions aixoises, provençales et clochemerlesques.

L'emplacement qu'on leur propose doit être situé, à vol d'oiseau, à 127,6 m de celui qu'ils ambitionnent ou désormais exigent de continuer à occuper le mardi durant cette période de Noël. L'affaire est d'importance comme vous pouvez en juger ; il s'agit en effet pour les chalands éventuels de traverser la Place de la rotonde puisque cette place sépare l'avenue des Belges du cours Mirabeau.

L'affaire est d'autant plus grotesque que cette installation sur le cours Mirabeau d'un prétendu marché de Noël est une laborieuse imitation, peu réussie au demeurant, des fameux marchés de Noël de Strasbourg ou des villes d'Alsace qui sont une coutume septentrionale qui n'a rien de provençal. Elle est ici toute récente et date au mieux d'une douzaine d'années.

L'affaire est donc, comme vous le voyez, de moindre importance que le fameux urinoir mobile dont Fernandel disait, dans Topaze, avec son accent marseillais, garanti d'origine lui : « Votre histoire de pissotière à roulettes c'est pas des affaires de la poésie ! ». Tout cela ne serait que comique si les choses n'avaient pris un autre tour depuis lundi.

Dans notre étrange monde où une douzaine de revendicateurs déterminés peuvent, sans conséquence et en général avec succès face à la pusillanimité des autorités, emmerder des dizaines de milliers d'innocents citoyens pris en otages (voir les diverses grèves sans parler du "droit de retrait puisque cette procédure est devenue désormais à la mode), les "marchands de pates" aixois (des "estrangers"qui pour la plupart n'ont en rien droit à ce titre) ont décidé pour obtenir satisfaction de bloquer la circulation dans Aix-en-Provence, en y organisant des "opérations escargot" selon la procédure favorite des chauffeurs routiers qui eux n'opèrent pas en ville. Le comique de la chose et qu'il ne s'agit pas là de 32 tonnes mais d'une petite dizaine de voitures qui circulent dans la ville aux points stratégiques, à très faible allure et en klaxonnant à qui mieux-mieux, l'un et l'autre étant en principe rigoureusement interdit. Que fait la police? La réponse suit!

Moyennant quoi vu la structure de cette ville, il est impossible d'y circuler en particulier le matin quand les gens ont besoin précisément de le faire.Le pire est que la municipalité, au lieu de faire constater ces délits et de faire dresser des contraventions, se rend complice de l'affaire et fait bloquer par sa police municipale les principaux accès ou points stratégiques de circulation. On croit rêver car des voitures de police ouvrent la voie, à la même allure (mais sans klackson!), aux "convois-escargot" qui comprennent au mieux une douzaine de véhicules!

Le premier jour, la municipalité avait décidé, sans prévenir quiconque, pour empêcher, croyait-elle, tout problème, de bloquer les principales issues en faisant intervenir ses policiers municipaux, qui avaient déposé leur bicyclette au milieu de la rue pour interdire aux pauvres Aixois d'emprunter ces voies. Cela se passait de cette façon lundi, mais, dès le mardi, on avait fait appel à la police nationale avec des autocars et des voitures, ces forces de police spectatrices étant grosso modo au deux à trois fois plus nombreuses que les manifestants motorisés eux-mêmes. Le résultat a été que les encombrements ont été encore pires mais que ça a permis sans doute à un escadron de policiers ou de CRS de venir passer, aux frais de l'Etat, quelques jours à Aix en Provence qui passe pour une ville pleine d'attraits (bien à tort d'ailleurs).

Nous en sommes là, mais il semble que la municipalité ait saisi ce prétexte pour essayer de démontrer que la circulation automobile est dans cette ville une plaie pire que le réchauffement climatique, alors qu'elle n'a jamais réussi, par démagogie bien entendu, à prendre la première et la seule mesure qui s'impose pourtant depuis longtemps, c'est-à-dire interdire la circulation automobile dans le "centre historique" de la ville où il n'y a AUCUNE ZONE PIETONNE.

Ce serait raisonnable bien entendu mais risquerait de faire perdre quelques voix à la liste municipale à des élections dont on peut espérer que les événements actuels lui en feront perdre beaucoup plus.

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