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dimanche 20 novembre 2011

« L’ai-je bien descendu ? »



Cette phrase, devenue fameuse, a été prononcée, en 1933, par Cécile Sorel au pied de l'escalier Dorian du Casino de Paris qu’elle venait de descendre. A-t-elle été réellement reprise, ce 17 novembre 2011, par Philippe Varin, PDG de PSA (Peugeot-Citroën), au pied des marches du perron de l'Elysée, au terme de son entrevue d'une demi-heure avec le Président de la République qui l'avait inopinément convoqué, en présence de deux ministres , X. Bertrand et E. Besson? Je n'en sais rien mais elle eût été des plus opportunes!

Il faut reconnaître qu'en ce début de campagne présidentielle, l'annonce de PSA avait fait d’autant plus l'effet d'une bombe qu’elle était faite en même temps que celle d’importantes réductions d’effectifs dans les banques françaises, un secteur qui habituellement « ne connaît pas la crise » mais la provoque ! La nouvelle était pourtant déjà connue depuis un certain temps. Dès juin 2010 en effet, la CGT avait divulgué une note interne de PSA Peugeot Citroën (remarque adjacente et inquiétante : comment les patrons peuvent-ils être assez naïfs ou stupides pour croire un instant à la confidentialité de leurs « notes internes » ?). Ce texte faisait état d'un « plan de restructuration » (en « parler gnangnan » un « plan de licenciement ») qui prévoyait la suppression de 6800 emplois en Europe, dont plus 5000 en France, au bénéfice essentiel de la Chine et du Brésil. Les principaux sites visés par cette mesure étaient l'usine d'Aulnay-sous-Bois et celle de Melun (où, contrairement aux propos inconsidérés et antinationaux de feu Fernand Raynaud, on ne produit pas que le fameux « melon de Melun »). L'information n'était donc pas nouvelle, mais reprise par le Monde, dans la morosité actuelle, elle a fait sensation et provoqué, sur le champ et « omnibus rebus relictis » (comme disait Jules César), « l'invitation » du PDG, Philippe Varin à se rendre à l'Élysée jeudi 17 novembre en fin de journée.

Une fois de plus l'intervention de notre président-magicien a démontré toute sa force puisqu’on a entendu miraculeusement assurer qu'il n'y aurait ni « plan social » ni licenciements et que le chiffre de 5000 suppressions ou délocalisation d’emplois en France tomberait, dans les conditions les plus défavorables, aux environs de 2000. Loué soit le Seigneur !

Naturellement de mauvais esprits n'ont pas manqué d'ironiser, voire, pire encore, de rappeler les engagements de 2007 de faire tomber le chômage au-dessous de 5 % ou, en avril 2008, les déclarations de Gandrange qui n'ont malheureusement guère été suivies d'effet.
Comme disent, dans le même esprit, la sagesse populaire créole réunionnaise et Charles Pasqua, « papyé i porte toute » (= le papier supporte tout, donc on peut toujours écrire n’importe quoi !) et « les promesses n’engagent que ceux qui les croient » !

Au terme de l'élection de 2012, de toute façon ou le président candidat n'aura pas été réélu et ses paroles actuelles n'importent guère, ou il l’aura été sans pouvoir rêver d’un troisième mandat et il ne sera donc pas plus engagé par de telles prises de position qu'il ne l’aura été, dans le passé, par d'autres du même acabit.

Toutefois le doute subsiste quant à la déclaration de M. Varin au pied du perron de l'Élysée. Certains prétendent qu’il ne s’agissait pas là de l’escalier du perron élyséen mais du plan de restructuration de PSA qui avait été le principal sujet de discussion avec Nicolas Sarkozy et ses ministres. Philippe Varin aurait demandé, en fait, « L'ai-je bien défendu ? ». Saura-t-on un jour la vérité ?

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