J'ai poursuivi mes expériences aéronautiques, nombreuses dans période qui touche fort heureusement à sa fin car, pour mon malheur, ce genre d'expérience ne se révèle que rarement très positif.
L’affaire paraissait au départ sans mystère. Je me suis en effet rendu de Marseille à Toulouse sur la toute nouvelle ligne Marseille-Toulouse ouverte par Twinjet . C’est là une sorte de sous-produit, prétendument « low cost », d'Air-France, quoique que le personnel se défende de la chose, mais qui a fini par prendre pied en terre provençale, après que notre compagnie nationale a fait virer Easyjet de l’aéroport de Marignane par une argutie juridique d’ailleurs encore contestée par les Irlandais. On a lancé ici à grand son de trompe ce nouveau réseau Twinjet depuis le début du mois d’octobre 2011.
Je n’avais pas trop prêté attention à cette étrange dénomination ; je connaissais les « twinsets » d’autrefois, mais je ne voyais pas le sens de « twinjet » (« twin » signifie « jumeaux » comme nous l’ont rappelé les événements du 11 septembre). En découvrant, sur le tarmac après une odyssée en bus, que notre avion était un bi-moteur à hélice, je me suis demandé si cet inattendu « twin » n’était pas un souvenir de « Twin Otter », nom du bimoteur également à hélice, assez comparable, que j’ai si souvent pris dans les liaisons aux Mascareignes , entre La Réunion, Maurice et surtout Rodrigues. Il n’en est rien, en apparence et pour un profane comme moi, puisque les appareils de Twinjet sont des Beechcratf 1900 Beechliner. En fait cela ne prouve pas grand-chose vu les multiples ventes et achats entre les sociétés d’avionneurs. Merci aux spécialistes de m’éclairer sur ce petit mystère qui m'intrigue.
Mon premier constat, bien avant le vol, a été que le « low cost » n'était pas si « low » que ça puisque, alors que les publicités annonçaient un vol Marseille-Toulouse aller à 50 €, mon billet (un aller-retour dans la journée) a été facturé à 388 € prix auquel, en cherchant bien on peut trouver un Paris-Montréal.
Ce n'était toutefois que le début de l'expérience. J'ai découvert dans la suite que le transport s'effectuait dans un étrange appareil dont l'accès devrait être, explicitement et rigoureusement, interdit aux personnes de taille et de poids courants. L’appareil en cause, un Beechcraft DHC 8 STOL, accueille certes 19 passagers mais il semble indispensable que, vu l’aménagement de la cabine, la taille de ses passagers ne dépassent pas un mètre cinquante et qu'ils ne pèsent pas plus de 50 kilos. En effet à l'estime, la largeur du dossier des sièges est d'environ 40 cm et l’on dispose, entre le bord de son siège et le dossier du siège placé devant, d'environ 25 cm, ce qui ne rend guère la station assise et le voyage possibles qu'à des gens qui ne dépassent pas trop le mêtre et demi.
M'étant rendu sur le site de la compagnie qui construit cet avion, j'ai appris qu'il avait 19 places, ce que j'avais déjà constaté car nous étions 19 dans l'appareil, au retour du moins, mais surtout que c'était « le seul appareil de ce type où l'on peut se tenir debout ». Il y a là sans doute un argument commercial puissant même, si l'entrée dans l'appareil lui-même exige des contorsions et des flexions qui ne sont guère compatibles avec la station debout. Le plus fâcheux est que les vols ne s'effectuent pas dans la position debout mais ASSISE. La station debout, relativement confortable en effet, ne dure guère que le temps de l'embarquement et, éventuellement, du débarquement si l'on parvient à s'extraire du logement étroit et réduit que constitue la place accordée à chaque passager.
Le plus curieux de l'affaire est que l'hôtesse, au demeurant charmante, affable, efficace, qui assure le confort des passagers (le service est en revanche très bon), est d’une taille tout à fait normale et même plutôt grande. Il est vrai qu'elle est DEBOUT ELLE! Rude tâche pour elle d'évoluer dans pareil environnement et il y aurait sans doute là des possibilités d’emploi pour les contingents de personnes handicapées (« hôtesses de petite taille »), quoique, dans ces aéronefs, la seule dimension normale soit la verticalité dont les passagers eux-mêmes ne profitent que très peu. Peut-être pourrait-on augmenter leur nombre en les faisant voyager debout, mais les entassant assez pour régler de facto les problèmes de sécurité.
Bref ce voyage à Toulouse fut, sur ce plan, un vrai guêpier. Il a pour moi eu toutefois l'avantage de faire apparaître, dans la suite, tout voyage aérien en classe économique comme un paradis, ce qui n'est pas un mince mérite en matière de transports aéronautiques. Je crois en tout cas qu'il serait sage, et surtout honnête vu les tarifs, de prévenir les passagers des conditions dans lesquelles va s'effectuer leur voyage et de les informer que les jumeaux éponymes sont d’abord et surtout nains!
Twinjet, dwarfjet ou mieux nainjet?
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