On connaît la blague, pas très drôle d'ailleurs, du fils qui demande à son père « Papa ! C'est encore loin l'Amérique ? ». Et le père de répondre : « Tais-toi et nage ! ».
Mes lecteurs fidèles (Si ! Si ! Il y en a, et même en des terres lointaines que je salue ici tout particulièrement ! ») connaissent ma ritournelle, selon laquelle nous finissons toujours par faire tout ce que font les Américains et parfois même au moment où ils cessent eux-mêmes de le faire !
Amérique à la fois fascinante et agaçante, en même temps modèle et repoussoir.
Je me fais en particulier cette réflexion toutes les fois que j'entends ou que je vois, dans nos médias, des publicités, clairement mensongères, à allure pseudo-scientifique, qui se fondent sur des chiffres et des pourcentages ; elles vous garantissent ainsi que le dentifrice Machin guérit dans 88 % des cas les maux des gencives ou que le produit en cause donne des résultats très satisfaisants dans 85 % des cas qu’il prétend traiter. En général, ce genre de mensonge est proposé d’un ton docte par un comparse dont les lunettes et la blouse blanche sont les garants de la compétence et de la scientificité.
J'ai observé toutefois qu'en général ces statistiques, de toute évidence bidon, évitent de dépasser la barre des 90 % par crainte sans doute d'être soupçonnées d'exagération. Cela me rappelle les prix affichés par les marchands de chaussures qui se terminent toujours par ,99 pour éviter d'atteindre la fatidique dizaine d'euros supérieure.
Voilà des cas pour lesquels nous devrions bien nous inspirer, comme souvent, des Etats-Unis d’Amérique. Reebok, filiale d'Adidas, a été ainsi accusée par la Commission fédérale du Commerce , la redoutable FTC, de publicité mensongère pour avoir affirmé que deux de ses modèles de chaussures de sport augmentaient de 28 % la tonicité des muscles fessiers et de 11 % celle des cuisses et des mollets, par rapport aux autres chaussures sur le marché.
Pierre Dac, parmi les métiers insolites qu’il se plaisait à imaginer, avait inscrit autrefois celui d’«essayeur de matelas » ; cet emploi devrait être compatible avec celui de « tâteur de fesses », activité pour laquelle, par crainte de poursuites en diffamation, je ne suggérerais pas ici les noms de quelques hommes politiques que vous avez tous en tête.
Devant les menaces de la FTC, le fabricant a préféré payer 25 millions de dollars pour arrêter les poursuites, tout en mettant un terme à sa publicité.
De même que les plagiats littéraires sont sanctionnés beaucoup plus durement aux États-Unis que chez nous où des auteurs connus (suivez mon regard !) ne prennent même plus la peine de lire les oeuvrettes que leurs nègres ont compilées ici ou là, ces publicités mensongères sont poursuivies avec rigueur aux États-Unis, alors qu'en France, on peut nous raconter à peu près n'importe quoi, y compris, comme dans les cas que j'ai évoqués ci-dessus, des résultats totalement invérifiables, en alléguant le témoignage de spécialistes anonymes ou inventés.
Nous-autres, à la probable différence, des Américains, peu friands de ces usines à gaz étatiques, avons pourtant un Bureau de Vérification de la Publicité très officiel, le BVP, dont on se demande bien à quoi il sert et dont il faudrait, en tout premier lieu, vérifier l’activité elle-même. Comme disait Jules César « Quis custodem custodiet ? » (je fais alterner les citations de Jules César et de ma bonne grand-mère pour essayer, en vain d’ailleurs, de titiller notre latiniste Benoît devenu muet).
Espérons que, sur ces terrains au moins, l'Amérique ne sera pas trop loin !
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