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mercredi 9 novembre 2011

Que fait la police?



À mon retour en France, après les délices climatiques de la Louisiane, j'ai trouvé une Provence noyée sous les eaux. La chose n'est pas pour étonner véritablement quand on connaît, un tant soit peu, le climat provençal et surtout quand on prend en compte les aberrations de l’urbanisation et de la gestion du territoire méridional avec ses constructions en zone inondable et surtout, en outre, le bétonnage universel comme l'absence à peu près totale d'entretien des cours d'eau.

Je suis, en revanche, stupéfait des propos que, peu après mon retour, j'ai entendus de la bouche d'un maire d'une commune inondée (dans le Var) et qui ont été réitérés, ce matin encore, sur je ne sais quelle radio d'informations.

Au-delà de l'aspect climatique (il est tombé 30 à 40 cm d'eau ce qui est sans doute considérable dans nos régions où l'on ne cesse de déplorer la sécheresse, mais qui serait considéré comme sans intérêt notable dans nombre d'autres territoires), le plus surprenant de la chose est que l'absence d'entretien des cours d'eau, la cause majeure des crues violentes, ne tient pas, comme dans bien d'autres cas, à l'absence de moyens destinés à cette fin.

J'ai appris en effet en la circonstance l'existence d'une mystérieuse « police de l'eau », toute-puissante en la matière car sa loi d’airain s’impose même aux maires des communes inondées; elle a, parmi ses dispositions principales, l’interdiction de toucher aux arbres déracinés, qui, emportés par les rivières et les fleuves, s'accumulent sur leurs cours et dans leurs embouchures, pour y constituer des barrages naturels, en faisant par là même gonfler les cours d'eau. Ladite « police de l'eau » interdit de les supprimer au prétexte que des oiseaux y font leurs nids et que ces barrages sont des abris appréciés de la faune aquatique.

On croit rêver !

Cinq ou six personnes au moins sont mortes dans ces inondations récentes (on les abandonnera sans doute à leur triste sort, car il y a là, à n’en pas douter, une nourriture de choix pour cette faune aquatique) ; bon nombre de véhicules ont été emportés par les eaux (je pense qu'on les y laissera car, comme les épaves en mer, il y aura très probablement là d'excellents refuges et abris pour les poissons et crustacés de ces rivières) ; quant aux centaines de millions de dégâts(entre 5 et 9 selon les dernières estimations), tant dans les habitations que dans les zones industrielles ou commerciales (qu'on établit volontiers dans les zones inondables ou les terrains sont moins chers), quelle importance ? Osera-t-on mettre en balance ces sommes, si importantes qu'elles puissent paraître, avec la béatitude des volatiles qui peuvent établir leurs nids dans les arbres qui encombrent ou obturent le lit et l'embouchure de ces rivières ou avec la félicité des poissons qui s’installent dans ces barrages naturels ?

Des esprits chagrins et peu écologiques objecteront sans doute que ces oiseaux peuvent aller faire leur nid ailleurs, comme ils le faisaient sans doute quand ces arbres déracinés ne leur fournissaient pas de refuge. L’eau suffisant elle au bonheur des poissons, selon une formule bien connue, sans doute peuvent-ils le trouver en amont comme en aval, sans que pour autant les riverains de ces mêmes cours d'eau ne trouvent là que leur malheur.

Merdre! Notre cher Père Ubu administratif est devenu aussi vert que sa chandelle !

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