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lundi 24 février 2014

De la Réunion à l'Australie en passant par le Vél’ d’Hiv’ : Les enfants de la Creuse (suite et fin)

Il me paraît inutile d'insister davantage sur les faits eux-mêmes qui, on l’a vu, ont été considérablement déformés, voire falsifiés, y compris dans la presse métropolitaine réputée sérieuse comme le Monde et Libération.

J’ai été amené à traiter ce sujet, indépendamment de la relation personnelle que j'ai avec lui et que j'ai déjà évoquée, par la publication, dans des journaux ou sur des sites, de photographies de deux des principaux personnages de cette affaire des « enfants de la Creuse », Jean-Jacques Martial et Marie-Thérèse Gasp.
Ma première remarque concerne le phénotype de ces deux personnes qui, l'un et l'autre, ont naturellement la cinquantaine puisqu’ils ont fait partie des premiers contingents d’enfants envoyés dans la Creuse par le Bumidom. Ces photographies confirment tout à fait que ni l'une ni l'autre ne peuvent être regardés comme des « afro-descendants ». Ce sont des métis, comme une bonne partie de la population réunionnaise, que ne caractérise nullement de façon nette un type africain quelconque. Marie-Thérèse Gasp est d’ailleurs originaire d’Étang-Salé-Les Hauts (comme Valérie Bègue, Miss France, précise-t-elle elle-même).
Cette affaire les a mis, en tout cas, sur la scène médiatique, ce qui a permis de découvrir leur visage, avec même pour J.J. Martial, une photo d'enfance, sans doute à son arrivée en métropole, qui confirme tout à fait l'impression qu'on peut avoir quant au degré précis de son métissage. On constate surtout que l'un et l'autre ont su surfer avec adresse sur la « vague mémorielle » et la « repentance » puisque chacun a déjà écrit un roman à partir de son histoire (la première cherchant actuellement un coéditeur pour publier une nouvelle version et Jean-Jacques Martial a fait également le sien, consultable et vendu sur Internet). On peut donc voir que ces expériences n'ont pas été si funestes qu'on pourrait le croire, puisqu'il est évident que, s'ils étaient restés dans leur DASS d’origine, ils n'auraient probablement jamais vécu de telles promotions et connu un tel succès, même si l’on comprend tout à fait qu'ils puissent avoir des problèmes personnels à la suite de ces aventures de leur enfance. On les attend à 20 heures chez Ardisson !
Le cas de Dominique Foucher (qui a repris son nom d'origine Marie-Thérèse Gasp) est d'une certaine façon plus banal quoiqu’elle prétende, sans donner beaucoup de détails, avoir été une athlète de haut niveau ce niveau (Elle présente d’ailleurs une vague ressemblance avec Marie-José Pérec, son métissage étant toutefois moins marqué). En se fondant sur le témoignage, inévitablement un peu suspect, de sa mère biologique qu’elle a fini par retrouver, elle avance qu’elle n’a jamais été abandonnée par elle ; celle-ci, malade, à l’en croire, l'avait placée, en raison de sa maladie, à la Providence, dans un foyer bien connu tenu par des religieuses. Marie-Thérèse ne l'avait quitté pour être remise à la DASS que parce qu'elle avait atteint trois ans, qui était la limite d'âge pour cet établissement. Son cas est celui donc de tous ces  enfants qui étaient non pas dans leurs familles, mais dans divers foyers. On peut donc penser que, comme pour beaucoup d’autres, la vie de Marie-Thérèse Gasp a été, somme toute, grâce à ses mérites personnels, plutôt meilleure que celle qu'elle aurait pu avoir, dans son île natale, même si, dans ce cas précis, ses rapports avec sa famille d'adoption ont été mauvais. Toujours est-il qu'aujourd'hui, tout en étant toujours célibataire et la mère de trois enfants, elle a un métier (agent d'enquêtes au CREDOC à Paris où elle réside depuis cinq ans), elle écrit et nourrit, en outre, divers projets.
Le cas de Jean Jacques Martial est différent ; la version qu'il donne de son départ de la Réunion est tout à fait autre, un peu étonnante ; je la soupçonne même d’être romanesco-idéologique. En effet, il aurait été pratiquement enlevé par « la lwa » (comme on disait là-bas !) ;  « arraché », dans des conditions un peu rocambolesques, à l’âge de six (ou sept) ans, à sa grand-mère qui l’élevait en compagnie de son frère et sa sœur, il se retrouve, un matin de novembre, à Guéret, « en short et en tongs ». Je suis également  étonné par le port de ces « tongs » qui, à cette époque, étaient bien rares à la Réunion et cela surtout dans « les Hauts » où tout le monde ou presque, et les enfants surtout, marchait pieds nus que par les conditions rocambolesques de cette « enlèvement » qui paraît s'inscrire, d'une façon un peu trop parfaite, dans la version moderne, anticolonialiste et antifrançaise, des faits en cause.
J.J. Martial semble vouloir, à travers la narration qu'il fait de sa venue en France, à la fois nourrir sa légende personnelle mais surtout fonder la plainte qu'il a déposée en 2002 contre l'État français pour « enlèvement, séquestration de mineur, rafles et déportation » et qui s'assortit de la demande d'un milliard d'euros de dommages-intérêts ! Le bougre n’y va pas de mainmorte.  D'autres plaintes ont suivi jusqu'à la Cour européenne des droits de l'homme, sans succès jusqu'à présent et Marie-Thérèse Gasp s'est, semble-t-il, à son tour victimisée et inscrite dans cette lignée procédurière . Elle intente elle aussi un procès à l'État français, sans préciser davantage toutefois les dommages-intérêts demandés.
Ces événements et ces procédures n'ont rien d'étonnant dans le mouvement de « repentance » qui s'est développé dans les DOM au cours des dernières années, depuis la loi Taubira, et dont la récente « résolution mémorielle » sur les « enfants de la Creuse » (à l’initiative d’une députée de gauche réunionnaise) n'est sans doute pas sans rapport avec les futures élections !


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